Thomas Brinkmann

Thomas Brinkmann

What You Hear (Is What You Hear)

(Editions Mego)

Expérimentateur invétéré, Thomas Brinkmann nous offre avec son nouvel opus What You Hear (Is What You Hear), un objet conceptuel qui cherche à démonter la perception que l’on peut se faire de la musique, dénuée de rythmiques et habillé de son plus simple et archaïque appareil. Un minimalisme radical et janséniste souffle dans nos tympans des boucles drones aux modulations légères, portant en elles des mélodies cachées que chacun de nous pourra entendre en fonction de sa culture et de ses aspirations. Thomas Brinkmann jette sur les sillons un pamphlet futuriste habité de brises déchirées et d’ambient cellulaire aux allures de transe hypnotique, mantras élogieux à la patience et à la concentration, à la déconnection des modes et des adjectifs pour qualifier une oeuvre étrange et singulière, qui n’est pas sans évoquer un croisement entre les travaux de Steve Reich, Iannis Xenakis ou de Zbigniew KarskowskiWhat You Hear (Is What You Hear) est un disque squelettique, qui demandera un certain effort pour tous ceux qui ne sont pas habitués à une telle réchitude, sans être abscons pour autant, porteur de questionnements face à l’écoute de la musique aujourd’hui et de ce que l’on recherche à travers elle. Thomas Brinkmann ne choisit pas la route de la facilité, sondant les fondements profonds des sens face à l’intellectualisation, à travers un jeu de miroirs construit autour de grésillements rapeux et saturations effervescentes, de mouvements subtiles et de varations tournantes. Très fortement recommandé.

Roland Torres

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