Si vous êtes du type chasseur de tête d'affiche, j'ai la solution ultime pour connaitre les artistes "before they were cool". Allez voir les projections-expo-pièces de fin de BAC des étudiants en art.
C'est ce que j'ai fait le jeudi 4 juin dernier, lorsque j'ai été voir Happy Ending, la projection des projets finaux des étudiants en cinéma de l'UQAM. 10$, 4 fictions, 2 documentaires, 6 thématiques éclectiques (et uuuuuune souris verte).
J'ai constaté deux choses;
1) Xavier Dolan n'était pas là
2) la mode est aux plans larges et symétriques.
Scénario et réalisation - Emmanuelle Lacombe
Direction photo - Charlotte Lacoursière
Montage - Philippe Lefebvre
Lorsque sa meilleure amie quitte leur petite ville de Bellechasse pour aller s'installer dans'grand ville de Québec, Aglaé commence à remettre en question son avenir sans issue dans sa petite ville natale.
J'ai trouvé le sujet audacieux. Il y avait quelque chose de très poignant dans ce portrait d'une jeunesse en région, une sorte de beauté pathétique. L'une des phrases a longtemps résonné dans mes tympans : " icitte, le monde veulent qu'on s'éduque, mais pas trop. Ça prend quand même du monde à shop. Mais tu veux jamais que ce soit les tiens par exemple ".
Un film en forme de carte postale. une carte postale que tu trouverais à la station d'essence du coin et dont les couleurs seraient délavées depuis 1983 parce que personne part de ta petite ville fake personne à personne à qui envoyer des cartes postales.
Malheureusement, j'avais plutôt l'impression que c'était un début de film qu'un film complet. Avec pleins de portes qu'on ouvre sans les refermées. J'avais envie de savoir la suite, ça m'a laisser l'impression que le personnage principal est à la même place au début et à la fin du film.
Évidemment, c'est le point de vue d'une auteure. Ce qui m'attire de prime abord dans un film, c'est l'histoire. Ma coloc, par exemple, aurait trippé sur ce film aux images à couper le souffle et, lorsque je lui aurait dit mes réserves par rapport à la courbe dramatique, elle m'aurait répondu : "Who cares! T'as vu la scène du garage comment le dialogue est bien écrit?"
Scénario et réalisation : Colin Nixon
Direction photo : Marilee Goulet
Montage : Alexandre Pelletier
Sans aucun doute le film ayant le plus fait rire la salle.
Jeez, c'est une histoire classique de querelle familiale... mais qui tourne autour d'un gigantesque faux robot mauve.
(Tout devient hilarant si tu rajoutes un gigantesque faux robot mauve).
Comme c'est le genre de courbe dramatique dans laquelle on se reconnait; l'enfant renfermé et incompris, la mère attentionnée et généreuse et le père obtus, le lieu commun permet le brin de folie qu'est Jeez (le robot).
L'ajout d'un élément surréel intégré dans une histoire que l'on nous a déjà racontée crée un genre d'incongruité pour le public, qui se retrouve a patauger entre le surréaliste et le lieu commun.
VétéransScénario et réalisation : Jean Beaudin
Direction photo : Laurent Ulrich
Montage : Charles Boisseau
J'dois avouer que ce documentaire m'a tiré quelques larmes. (j'vous jure, j'suis pas une feluette, c'était vraiment touchant, okay?)
Un portrait des vétérans québécois. Une réalité que l'on ne connait pas du tout (avant ça, ma seule référence de vétérans était tirée d'un épisode de Henri pis sa gang).
Si nos voisins du sud ont une fascination pour la guerre, c'est un sujet plus tabou au Québec, ce qui fait qu'on a rarement l'occasion d'être confronté à cette réalité.
Des entrevues poignantes sans tomber dans le mélodramatique, surplombées de plans de rides à moto assez impressionnants, le film méritait les 25 minutes de notre attention
La seule chose que j'aurais à lui reprocher, c'est peut-être le manque de propos. Comme le film aborde moult thématiques (le choc post-traumatique, la façon inhumaine que l'armée canadienne traite ses vétérans, les rencontres hebdomadaires que ces derniers organisent... le 11 novembre, etc), mais n'approfondit aucun vrai problème et ne fait appel à aucun expert extérieur.
Pour moi, un documentaire se doit de cibler et dénuder une problématique sociale. " Vétérans " retenait plus du portrait que de la recherche.
Lady ByngScénario et réalisation : Alec Pronovost
Direction photo : Christophe Fortin
Montage : Francis Dumais
Un gars qui travaille dans un aréna, une ex-mignonne et un chien. Tout était là pour nous faire un vrai bon film de boys.
Pourtant, non.
Malgré les paramètres, Lady Byng parle à tout le monde. (Ben ça dépend, tout le monde qui a déjà été en proie face à un dilemme... donc ouais à peu près tout le monde).
La preuve qu'on ne sait jamais exactement qui on est (ou ce que l'on veut vraiment) avant d'être confrontéà une situation de crise.
La scène surréaliste symbolisant le dilemme mental du personnage est à couper le souffle! entre la lumière bleutée sur la glace, les têtes géantes et le chien-gardien de but, le hockey n'a jamais semblé aussi le fun depuis The Mighty Ducks (vous aurez deviné que je suis fuck all le hockey).
Avec une fin ouverte, libre à l'interprétation, Lady Byng réussit à faire réfléchir tout en humour et en finesse.
Scénario et réalisation : Guillaume Harvey
Direction photo : Natan B. Foisy
Montage : Valérie Tremblay
Peut-être ma fiction préférée de la soirée. Dans une esthétique 2002 trop assumée pour la ligue, le film est pratiquement sans défaut.
Mixée entre de fausses images d'archives filmées par des ados et les faits entourant la vieille cassette, l'histoire est tissée avec une habileté aberrante.
Je sais, je sais, les thématiques adolescentes ont été pressées un milliard de fois (on se souvient de Ramdam..). Alors de quoi on nous parle, cette fois? De drogue? De sexe? Du party chez Steph ou de comment l'école c'est full pouiche?
Non, aucun cliché du genre. Une bombe est un film sur les possibilités. Les portes ouvertes. Des portes qui se refermeront peut-être, mais du sentiment que l'on éprouve lorsqu'on est hip et jeune et que le monde s'ouvre à nous.
Habile hibou, la gang de Une bombe.
Scénario et réalisation : Loic Darses
Direction photo : Hubert Auger
Montage : Amélie Hardy
La projection n'aurait pu finir sur aucune autre note. Parce que c'est impossible de passer après ça.
Dès le synopsis, "31 décembre 2003. Poussée par un puissant instinct de survie et de liberté, Lucie décide d'écrire une lettre à l'homme qui a abusé d'elle de l'âge de 8 ans à 12 ans. Après quoi elle prend sa caméra, son char et se résout à lui porter cette lettre en main propre, où qu'il soit. But : redonner à son agresseur la honte et la douleur subies à tort pendant toutes ces années", l'audience frissonnait.
Mais lorsqu'est apparu sur l'écran la mention " À toi maman, de Loic ", même les mouches se sont immobilisées dans la salle.
Des images d'archives revues par une DA intelligente et hors du commun, Elle pis son char a résonné longtemps dans mon crâne.
Surtout, lorsqu'à la dernière scène, mini-Loic demande à sa mère de prendre la caméra. Elle lui promet de lui montrer comment ça fonctionne et le dernier plan du film est filmé par le futur-réalisateur... Comme quoi tout se boucle.
Même si la projection s'appelait " Happy Ending ", moi, c'est un happy beginning que je souhaite à ces jeunes créateurs de talent.
Le cinéma québécois est entre de bonnes mains.