Pour ou contre: Philémon Cimon

Par Mathieu Mireault et Étienne Galarneau

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Contre Philémon

Par Étienne Galarneau

Le concert conjoint de Philémon Cimon et du Quatuor Molinari au Cinéma l’Amour en mai dernier a connu un succès retentissant, si bien que le projet sera réitéré le 30 octobre prochain. Le projet a pour but, d’après l’altiste Frédéric Lambert, de créer une sorte de requiem avec l’œuvre endisquée du chanteur. Ce projet en soi est très louable, mais la vision des affiches de ce concert me fait me questionner à savoir si Philémon a la prestance pour jouer dans les platebandes des grands compositeurs comme Brahms, Mozart et Verdi.

Affiche

La volonté derrière la création de cette image ne peut flouer personne. Philémon, regardant au loin avec le visage couvert d’ombre, juché au sommet d’une pile de personnes dénudées est bien évidemment un hommage à l’un des groupes les plus importants de la musique actuelle: Manowar. Plus précisément, à la pochette de l’album Gods of War, paru en 2007. Malheureusement, dans un spectre des ressemblances, Cimon se dresse à l’extrême opposé, tel un noir seigneur.

Gods-of-war-Cover

Cette fameuse affiche qui rend hommage aux grands chevaliers d’Auburn, NY, occulte les éléments les plus importants. On remplace les puissants dragons par des hommes nus torses, on change la couleur d’arrière-plan pour un noir profond et on oublie complètement les épées. Comment puis-je croire que Philémon me convaincra de braver l’hiver éternel du Ragnarok? En chantant L’été?

Un autre élément sur lequel le chanteur s’éloigne de son inspiration première est celui de la divinité. Sur l’album Gods of War, Manowar chante Sons of Odin, hymne rassembleur faisant l’éloge de la mythologie nordique. Dans sa pièce Je veux de la lumière, Philémon Cimon implore Athéna, déesse de la sagesse, pour lui venir en aide. On ne peut ignorer l’aspect guerrier de Pallas Athéna, mais la dernière fois que nous avons vu quelqu’un implorer l’Olympienne, les résultats ont été catastrophiques.

Pas étonnant que depuis, les gens ne l’aient implorée jamais plus.

En se situant si loin de ses influences, il ne nous apparait qu’une seule conclusion: Philémon Cimon est la pire chose qui soit arrivée au métal.

Pour Philémon

Par Mathieu Mireault

L’art fait voyager. Grâce à une chanson, une pièce de théâtre, un film, etc., l’auditeur attentif est plongé dans un univers qui n’est pas le sien. Il peut être brusqué, attendri ou sanctifié par cette découverte mais peut difficilement rester impassible devant ce monde parallèle qu’on lui présente. Impossible de revenir en étant la même personne après un long voyage.

Philémon Cimon réussit majestueusement son rôle de guide-voyageur. Sur son premier album, Les sessions cubaines, le chanteur peint une peine d’amour sur un paysage mélancolique cubain. Des rythmes aux teintes latines nous bercent jusqu’aux confins du coeur lésé de Philémon.

Son plus récent disque, L’été, annonce l’arrivée d’un temps nouveau où tout est possible. Sur ce disque léger comme un rosé qu’on boit en plein mois de juillet, Philémon présente à son auditoire un monde naïf, plein de bonne humeur et surtout, d’espoir enfantin.

Mais la raison pour laquelle je serai toujours #teamphilémon c’est parce que le chanteur m’a offert le plus beau des voyages en mai dernier. Le temps d’un spectacle, il m’a ouvert les portes du Cinéma l’Amour, un lieu que je cherchais à pénétrer depuis ma tendre adolescence.

J’ai toujours été fasciné de voir des hommes sortir de ce lieu mythique d’un pas coupable. Que se passa-t-il réellement derrière les vitres teintées du cinéma? Le cinéma s’était-il adapté à la réalité du cinéma 3D? Les billets d’entrée venaient-ils avec une boîte de mouchoirs? Combien de filles ai-je tenté de convaincre de venir avec moi aux projections gratuites les mardis soirs? J’aurais honte de l’admettre.
Finalement, Philémon m’a permis de découvrir de nouveaux paysages que j’avais toujours voulu explorer. Le chanteur a livré un spectacle mémorable dans un lieu qui l’est encore plus. Merci capitaine pour ce beau voyage.