Karim Ouellet: s’y prendre et s’y perdre

Publié le 04 juillet 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

C’est grâce à une alliance entre ARTV et Bonsound que j’ai pu occuper une des 120 places disponibles pour le concert gratuit de Karim Ouellet. La limite d’espace a contraint une bonne partie des fans à écouter la prestation de l’autre côté des murs vitrés du studio pendant que les autres se voyaient récompensés de leur ponctualité.

Tête d’affiche

Si le nom Karim rime avec Ouellet dans la tête de plusieurs Québécois, c’est que l’auteur-compositeur-interprète commence à se tailler une sérieuse place dans le paysage musical de la province depuis la sortie de son album Fox, en 2012. C’est sur cet élan que ce fin renard cherche à traverser l’Atlantique en direction de la France.

L’enthousiasme d’assister au concert couru d’un artiste encensé fait grimper mes attentes. Les caméras, discrètement, se préparent à capter le tout pendant qu’un public majoritairement cégépien fixe la scène décorée de cages sans oiseaux. Les musiciens débarquent au compte-gouttes et entament une pièce qui commence par une dissonante mélodie de basse sur laquelle se construit une très solide introduction. Je découvre qu’en plus d’être doté d’une voix singulièrement agréable, Karim Ouellet possède un vocabulaire guitaristique très étendu. Les pièces s’enchaînent avec un rodage précis et quasi-impeccable. On sent que les tournées de multiples concerts ont aiguisé tous les recoins de ce casse-tête reggae-pop-romantique, arrangé de manière à mettre en valeur la partie lumineuse de chaque morceau.

Coeur affiché

Malgré tout le talent et la technique, je reste perplexe et cherche réponse ailleurs. Si ce n’était que de ma tête, je pourrais finir cette critique simplement en saluant le talent et la rigueur, mais ma machine à chair de poule ne m’a envoyé aucun courant. Les paroles qui cartographient des histoires amoureuses très profondes me paraissent livrées avec la même froideur qui transparaissait à travers ses interventions qu’on sentait pré-enregistrées. Cette impression de jeu de masques calculé a été renforcée lorsque l’homme nous a lui-même livré en primeur une nouvelle pièce qui débutait plus ou moins comme ceci: «J’ai eu trente ans en décembre, je ne sais plus pour qui me prendre».

Le spectacle finit et l’appel du rappel est si timide que le bassiste monte sur scène pour demander à la foule de démontrer plus d’enthousiasme, car le chanteur n’y croit pas. Les fans en donnent plus pour faire sortir le renard de sa tanière et le tout se conclut comme ça s’est entamé: sur une bonne note dissonante.