Le 28 juillet, la Casa del Popolo accueillait entre ses murs la formation punk texane Radioactivity, menée par Jeff Burke, ancien leader de The Marked Men. Leur premier album homonyme paru en 2013 a été chaudement accueilli par la presse spécialisée mais n’a, au grand dam de Feu à Volonté, fait aucun remous à l’extérieur de l’intelligentsia punk rock. Le groupe, en tournée de promotion pour son second album intitulé Silent Kill, devra convaincre le public montréalais qu’il n’est pas qu’un coup d’épée dans l’eau.
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Grâce à un éclair de lucidité sans précédent, l’équipe s’occupant du booking en a profité pour faire jouer avec les Texans deux autres groupes de punk-ROC montréalais dont on entend que très peu parler dans les médias francophones. Probablement à cause de Hugh MacLennan.
Le spectacle du 28 juillet a donc agi en point de convergence entre la tournée de Radioactivity, comptant en première partie les jeunes Dead Beat Poet Society et les désormais vétérans de la scène locale, Laureate, et le groupe Beat Awfuls, en provenance du Kentucky. Un contretemps nous a empêché de couvrir la performance de ces derniers, mais ça ne devrait pas vous contraindre à ne pas écouter ce qu’ils font.
Quand le quatuor Dead Beat Poet Society embarque sur scène, tout le monde lève le sourcil en regardant sa disposition scénique. L’un des chanteurs principaux est le batteur. L’un des musiciens est toujours dos au public. On comprend bien vite que ce dernier est un multi-instrumentiste qui utilise parfois la batterie en même temps que le batteur, ce qui ne lui laisse pas le choix de faire face à son amplificateur. Pour les visuels, voici un schéma tracé à main levée.
Toujours est-il qu’ils portent bien leur nom, les DBPS, puisque leur punk tire un peu de l’arrière au niveau de l’intensité et semble vouloir éveiller en nous un sentiment d’introspection. Cette idée serait cependant mieux véhiculée si le groupe avait plus d’expérience de scène. La nervosité était palpable, les parties pas toujours exactement au diapason (ce qui fait partie des enjeux de jouer avec deux batteurs) et la formation ne parlait que très peu au public. On ressentait très bien le plaisir de jouer et le désir de communiquer cette passion. Pour une prochaine fois, sans aucun doute.
Laureate suit pour nous présenter un projet absolument révolutionnaire pour la scène punk. Si l’on doit se fier à cette performance, le groupe propose à son public un concerto de caisse claire accompagné par une orchestration pop-punk. Il est toutefois dommage que la partie soliste soit inintéressante et répétitive; où est la virtuosité à frapper les deuxième et quatrième temps?
Derrière cette caisse claire qui prend l’ensemble de l’espace sonore, on peut découvrir dans l’accompagnement une musique qui peut faire penser à une version familiale de Chumped. Le groupe trouve sans aucun doute sa niche chez les amateurs du Vans Warped Tour, qui ont dû aider à créer la réputation de «trésor de la scène locale» que le quatuor montréalais possède. Seulement si, bien sûr, on considère l’orchestration comme étant la partie plus importante du groupe, car la caisse claire prend toujours le dessus sur tout. Ah, ces solistes; de vraies divas.
Radioactivity prend finalement la scène vers 23h50 pour livrer une performance incisive et précise. Dès les premières notes de Battered, le public semble conquis. Les pièces courtes et rapides s’enchaînent facilement et la troupe prend bien soin de mélanger les nouveaux titres avec les succès de leur album précédent. Encore une fois, la formation s’adresse peu au public, préférant conserver l’effet coup de poing de sa prestation. Les chansons sont abrasives et rapides tout en conservant des vers d’oreille accrocheurs. Pour l’une des rares fois où j’ai visité la Casa del Popolo, j’ai presque aperçu un moshpit émerger. C’est un grand art que de secouer une salle où le public est généralement posé et attentif.
Succès complet pour le spectacle qui a réussi à assez bien remplir la Casa pour un mardi soir. Avec l’enthousiasme clair de Dead Beat Poet Society, la recherche artistique de Laureate et l’efficacité redoutable de Radioactivity, on ne peut que souhaiter un rapprochement entre les cultures des deux solitudes pour continuer à apprécier ce qui se fait de mieux dans chacune de nos cultures.