Roses: Coeur de pirate fait son cinéma

Publié le 28 août 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Coeur de pirate

Roses

Dare to Care/Grosse Boîte 

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Cœur de pirate nous présentait Béatrice Martin seule avec son piano ou presque; Blonde vibrait aux rythmes des années 1960. Cette fois-ci, avec Roses, la chanteuse de 25 ans emprunte avec aplomb les voies de la pop orchestrale. Pour ce faire, elle s’est entourée de producteurs qu’elle admire, notamment Björn Yttling de la formation suédoise Peter Bjorn and John, aux commandes de la plupart des 11 chansons.

Des synthétiseurs évanescents, embrassant des sonorités électros (Undone), se greffent désormais aux compositions de la belle, des mélodies pouvant atteindre des sphères cinématographiques tant les orchestrations leur confèrent de l’amplitude, de la somptuosité, de la profondeur (pensons à Carry On (Oublie-moi), Drapeau blanc, Cast Away, Oceans Brawl, The Way Back Home…). Crier tout bas est un exemple éloquent, un océan semblant se déchaîner sous un ciel marine — et sous nos yeux — à son écoute. Auparavant dépouillé, le piano est désormais enrobé d’un voile de textures, créant un résultat qui n’en est pas moins organique. Our Love présente une facette inusitée de Martin, avec ses clappements et ses percussions martelées, presque tribales, ponctuées de cuivres furtifs.

Béatrice Martin fait donc montre d’une pop mûre, émouvante, en complément à la sensibilité de ses paroles. La chanteuse continue à évoquer (à exorciser ?) ses écorchures passées. Elle n’a pas non plus perdu son doigté en matière de chansons déchirantes (Tu oublieras mon nom). À n’en point douter, ses compositions lui semblent salvatrices.

Avec cet album bilingue — Roses se prononçant d’ailleurs aussi bien en français qu’en anglais —, la chanteuse ne dissimule pas son désir de conquérir de nouveaux territoires à l’international, de faire voyager sa musique hors des frontières de la francophonie afin de la partager avec un public qui pourrait désormais en saisir les paroles. Désolée pour ceux qui souhaiteraient qu’un pot succède aux fleurs (des roses): il ne viendra pas.