Philippe Brach : sourire en pleine tempête

Philippe Brach

Portraits de famine

Spectra

***½

PortraitsFamine_580

Un an et demi après nous avoir offert La Foire et l’ordre, son tout premier album, Philippe Brach revient à la charge avec son deuxième opus tant attendu : Portraits de famine. Cette fois-ci, Brach arrive plus accompagné que jamais : Louis-Jean Cormier prend les commandes de la réalisation de l’album, Klô Pelgag l’accompagne sur une pièce, et un quatuor de cordes rôde constamment dans les parages. Qu’est-ce que ça donne tout ça ?

Tout d’abord, la réalisation est clairement plus poussée : il y a des cris d’enfants, des sons divers, des solos, plus de couches musicales, des transitions entre certaines chansons, etc. Ça donne un effet plus professionnel et plus mystérieux aux chansons du Saguenéen. Également, il y a plus de variantes dans le folk du chanteur : c’est plus complexe, dans le bon sens du terme.

Ceux qui aiment les morceaux plus dark pour âmes torturées averties se régalent avec cet album. Les thèmes y sont souvent très sombres, et la musique, généralement plus glauque. Il est question de couple qui s’effondre, de famille dysfonctionnelle, de rêves qui disparaissent… Pas rose, rose tout ça! La sincérité avec laquelle Brach livre le tout réussit tout de même à faire sourire dans le processus.

Heureusement, dans toute cette noirceur, on retrouve l’ingrédient Brach qui vient servir de veilleuse. C’est le phrasé poétique et la bonhomie qui fait la différence. Comment rester de glace en entendant de choses comme : « Il paraît qu’il y a quelqu’un à quelque part qui serait prêt à porter mon poil de cul dans son cou »? Ça, ou encore l’ironie enjouée de Bonne Journée dans laquelle il souligne avec entrain les misères du monde en disant qu’il ne faut pas s’en faire parce que les médias ont annoncé une « hostie de belle journée! ». C’est cette touche bien personnelle qui le démarque de ses pairs et qui le rend aussi intéressant et charismatique.

Dans l’ensemble, Portraits de famine est un projet sur lequel Brach pousse son  folk plus loin et se lance des défis. Quoique quelques morceaux paraissent un peu redondants, c’est un album plus professionnel où l’on retrouve un peu plus de variété musicale que sur le projet précédent. Portraits de famine est un pas en avant dans son évolution en tant qu’artiste.

On garde un œil sur son prochain move. Grouilleux comme il est, on ne devrait pas attendre trop longtemps avant la prochaine sortie!