Robert Fusil au Divan Orange : irrévérence et grosses Tremblay

Publié le 04 septembre 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Nul n’est sans savoir que le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, ou FME pour les intimes, bat son plein à Rouyn-Noranda en ce moment. Cependant, malgré ce que les autres médias pourraient laisser miroiter par leur couverture mur à mur, il existe encore une vie musicale un peu partout.

Crédit : Facebook Robert Fusil

Dans une volonté de satisfaire une partie du public indisposé à traverser le Parc de la Vérendrye, le Divan Orange a programmé le 3 septembre une soirée de folk sale anarchiste avec Robert Fusil et les chiens fous et Faudrait Faire la Vaisselle.

Il serait d’ailleurs difficile de se tromper quant à la nature de la soirée lorsque l’on met les pieds dans la salle. La proportion de jeunes professionnels est significativement moins élevée qu’à l’habitude, compensé par un nombre grandissant de gens au profil-type « je-fréquente-quotidiennement-le-café-Aquin ». Lorsque l’un ne porte pas les dreadlocks ou des patchs aux logos anarcho-féministes, ça discute à voix haute de détruire la société occidentale, comme mes voisines de table. L’ambiance est festive, presque familiale. On s’y sent bien tant et aussi longtemps qu’on ne montre pas sa carte de membre du Parti Conservateur du Canada.

Sur une trame sonore du meilleur du folk sale et du « rock du Lac », le trio Faudrait Faire la Vaisselle prend place sur scène. Il faut encore patienter plusieurs minutes, le temps de régler un problème avec l’amplification du banjo, pour que commence la performance. Mélangeant musique festive, émotions brutes et harmonies vocales à trois voix, la formation mi-almatoise mi-amossoise donne une performance qui séduit le public conquis d’avance. L’utilisation de l’alternance banjoiste-guitariste comme chanteur principal a de quoi émouvoir les plus grands fans d’équité. On attend les pièces mettant en vedette la voix de la violoncelliste pour avoir le compte complet.

On regrette que les problèmes de son ne se soient pas tout à fait réglé après les laborieux tests; on perçoit mal les paroles chantées par le guitariste Dave Bilodeau. Son timbre de voix plutôt grave se perd dans la salle, ce qui rend difficile la compréhension des références à Chrono Trigger dans l’une de ses pièces. Cependant, Faudrait Faire la Vaisselle compense amplement par l’utilisation d’une formule simple : crier des « Esti d’câlice! » à profusion et démontrer un amour véritable envers le public, pour soulever la foule. Mention spéciale aux spectateurs qui font du bodysurfing durant la chanson Lâche ta job; c’est, pour ma part, une première au Divan Orange.

Après un rapide changement de mise en scène, c’est Robert Fusil en formule quatuor (guitare-accordéon-violon-basse) qui débarque sur les planches. Ce personnage, on le connait, c’est le nouvel alter-ego de François Dada, membre de l’irrévérencieux groupe Mise en Demeure, qui a fait les choux gras des journaux en 2012 en rapport avec sa fameuse affiche mettant en scène un montage photo d’Amir Khadir en combattant de la liberté et les lettres de Scrabble inscrivant « Tuer Martineau » sur leur site web.

Dans cette nouvelle formule, Fusil conserve ses propos baveux et dénonciateurs mais se situe moins dans une logique de confrontation. Les textes, bien que moins controversés, reflètent tout de même les idéaux anti-néo-libéralistes du chanteur.

Avec ses costumes et ses interventions entre les pièces, la formation démontre un grand je-m’en-foutisme qui pourrait en froidir certains mais qui, assurément, charme son public conquis d’avance par ses titres dansant et accrocheurs.

En somme, une très belle soirée où les quilles de Tremblay à 6,50$ coulent à flot et où la fête ne finit jamais. Il se passe encore des belles choses un peu partout, même si tout le monde préfère aller en Abitibi cette fin de semaine. Et puis, t’as le droit de préférer aller au FME plutôt que d’aller fêter avec les anars. Mais ils ont le droit de te trouver cave.