Safia Nolin – Limoilou : Snorkeling en eaux profondes

Safia Nolin

Limoilou

Bonsound

***½

Limoiloupochette_580

Présente depuis un certain moment dans le sous-terrain musical québécois, l’auteure-compositrice-interprète Safia Nolin a rapidement attiré l’attention grâce au buzz autour de sa pièce Igloo et de ses multiples apparitions réussies sur scène.

La loner québécoise a pris son temps pour préparer ce qui allait devenir Limoilou, son tout premier album sur lequel elle prétend extérioriser les épreuves de sa vie. Déjà attendu avec une brique et un fanal, le produit est-il finalement à la hauteur des fameuses attentes ?

La force de Safia est clairement de créer des environnements musicaux. Simplement armée de sa guitare acoustique et de sa voix, elle est capable de créer beaucoup avec peu. On le constate d’entrée de jeu avec Les excuses, La laideur et Technicolor. Déjà, elle nous entraîne avec elle et crée une proximité avec l’auditeur.

Elle se livre sincèrement et ses trames musicales nous aspirent dans son univers. Plus rien n’existe autour. C’est un peu comme le feeling lorsqu’on se met la tête sous l’eau. Sa voix tellement sentie est tantôt saisissante, tantôt à fleur de peau. Les mélodies de guitare mariées aux occasionnelles trames de piano (et autres instruments) créent des effets envoûtants qui nous plongent directement dans sa vulnérabilité; surtout sur des chansons comme Valser à l’envers et Le goût du ciment. Non seulement on se laisse bercer par son univers, on a l’impression d’être tout juste à côté d’elle dans le processus. Comme si on était complice de sa détresse ou de sa peine.

Au-delà des environnements musicaux, les thèmes troublants sont les mains qui nous tirent encore plus profondément dans les eaux obscures parmi les épaulards. La lourdeur des sujets abordés ajoute une couche d’intimité qui hante occasionnellement. On dénote poétiquement la fuite, la solitude, l’ennui et même l’agonie. Il faut clairement être dans le mood pour se laisser emporter par le courant.

Au final, Safia Nolin est super efficace dans son approche minimaliste sur Limoilou. Sa capacité à nous transporter dans son monde avec sa musique troublante et sa voix déconcertante est la révélation de l’album. Même si la production aurait occasionnellement avantage à aller chercher plus de profondeur pour pousser l’affaire encore plus loin, il reste que pour un premier album attendu, c’est une mission accomplie. On est tout de même curieux de voir ce que ça donnerait un morceau de Safia un peu plus rose.