De l'antifolk à la pop psyché
Originaires d'Annecy, les membres de Coming Soon ont fait du chemin depuis leur premier EP parut en 2007, The Escort. D'un trio, ils sont passés à sept, puis composent désormais à 5 - la formation originelle. Leur dernier album en date, Tiger Meets Lion, produit par Scott Colburn (Animal Collective, Arcade Fire, Prince Rama) était un exemple en matière de mélopées pop entêtantes et épurées, beaucoup moins rock que leurs précédents opus.
Cette année, ils reviennent avec l'EP Sun Gets In, qui annonce un arc-en-ciel de sonorités estivales. Histoire de remonter la chaleur délicate de ces prochains jours dans les chaumières.
Evoluer et se ré-inventer
C'est un peu la question qui terrifie chaque artiste, même si pour les garçons de Coming Soon, elle apparaît plutôt comme une promenade de santé. Audacieux, le groupe a réussi le difficile challenge de développer leur skills musicales, tout en gardant les fans de la première heure. C'est comme une bonne vieille recette, où chaque génération rajoute sa part de créativité: une tasse de folk, saupoudrée d'expérimentations électroniques, puis réchauffée sur fond de rock psyché, le rendu restant euphorisant et d'une douceur incroyable.
Cette fois-ci, le changement s'opère de manière plus intimiste et organique. " Sun Gets In " est un tube féroce, du genre de ceux qui vous feront dire en 2030 " putain la musique c'était mieux avant ". " Interstellar " décolle comme une ode spatiale, jalonnée de synthés arc-en-ciel, un chouia teintée de jazz (mon petit coup de coeur personnel en tant que rédacteur). On enchaine avec " Suzanna" , et ses sonorités électro, en harmonie totale avec la voix suspendue et nasillarde de Ben. Vient enfin " Waves " , sorte de comptine exotique à l'acoustique somptueuse. Le clip nous invite d'ailleurs à partager une journée auprès du groupe, entre enregistrements au studio, balades alpines, et chill intensif sur le lac.
Après ça, il nous lâche dans une forêt de guitares romanesques, transcendant " The Marshes Of Mount Liang" , qui s'achève sous une cascade orchestrale et cristalline bonifiante. En prime, les garçons nous gâtent d'une reprise d' Hank Williams, ancienne icône country des années 40, intitulée " Kaw Liga " . Et puis on réalise subitement qu'on sort de leur vaisseau cosmique à la fin de l'écoute, et qu'on repartirait volontiers faire un tour au milieu des étoiles eurythmiques de Coming Soon.
Howard Hughes, Leo Bear Creek, Ben Lupus, Alexander Van Pelt, Billy Jet Pilot sont au final la définition utopiste du véritable boys band: un grand fuck au mainstream, une élégance mélodique captivante, une créativité sans limite et surtout un diffuseur de bonnes ondes à chaque écoute. Attristé de la fin de l'été ? Allez, grand déprimé, fonce donc écouter un peu de Coming Soon pour t'illuminer et cracher le spleen à la gueule de Baudelaire.
Par @Drounix