Beat Market
Sun Machine
Lisbon Lux
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Le duo électro montréalais Beat Market a fait un petit bout de chemin depuis quelques années. Louis-Joseph Cliche et Maxime Bellavance ont fait connaître leur musique graduellement en faisant le circuit des petits évènements locaux, notamment devant la foule intoxiquée du Piknik Électronik. Après un premier album bien reçu en 2012, le groupe a gagné en notoriété et en fans.
Dans de nombreux cas, le deuxième album s’avère souvent critique dans la longévité d’un artiste. Ça passe ou ça casse. Sun Machine, la deuxième offrande du duo arrive finalement entre nos mains. Qu’en est-il? Feu à volonté s’est prêté à l’exercice pour toi buddy!
À peine 30 secondes après avoir franchi les portes de Sun Machine, on sait qu’on est entre bonnes mains. Dune ouvre le bal et donne le ton par son efficacité musicale et son professionnalisme. On se fait ramasser par le nombre d’effets éclectiques qui ajoutent tous leur couche de pertinence aux propositions de Beat Market. On a droit à des loops, des samples, de réels instruments, etc. Malgré les occasionnels build up clichés, l’efficacité est au rendez-vous. Nous sommes esclaves du tempo.
Ce qui rend Sun Machine aussi efficace est son côté bien varié. Sous un même toit, on trouve le funk des années 1970, la new wave et ses synthétiseurs des années 1980, et l’éclat électro des années 1990 et 2000, mais le tout est livré à la sauce 2015. C’est un peu comme si Stardust, Giorgio Moroder et Dam Funk avaient savouré la chair pour accoucher d’un seul et même produit – toutes proportions gardées, bien sûr.
On retrouve aussi beaucoup de variations dans les énergies musicales. On a droit à des gros beats festifs qui nous donne le goût de faire la chenille dans notre salon (Stars et Riders), aux productions plus moody qui nous font hocher la tête (Doors et Madonyx), au funk qui fait ressortir le Rick James en nous (sans la pipe à crack et la violence conjugale bien sûr – Oz). On a aussi droit aux beats plus soft et dreamy qui nous donne envie de fixer les étoiles et questionner nos choix de vie en implorant le Saint Esprit (Blue Ship). Certains morceaux, comme l’excellente Les Belles Années, offrent une richesse dans les textures et vont mêmes jusqu’à faire de subtiles, mais efficaces transitions de style au sein de la même pièce. Bien arrangé et percutant!
Dans l’ensemble, on tient entre les mains un produit local qui a un intéressant potentiel international par son électro créatif, bien étoffé et professionnel. C’est l’album qui leur permettra de repartir en tournée et conquérir le monde en tant qu’ambassadeurs de la Cité de Coderre. Clairement, ce n’est pas un album qui ira chercher des fans déjà froids à l’électro, mais les friands du style seront gâtés par cette offrande montréalaise très gouteuse. Un deuxième album réussi!