Faudrait faire la vaisselle : dans le saloon du désespoir

Publié le 20 octobre 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Faudrait faire la vaisselle

Frenches et Dégout à Almos

Indépendant

**½

Je n’étais pas trop familier avec le groupe Faudrait Faire la Vaisselle lorsque j’ai entendu parler d’eux dernièrement. Celui-ci présente son tout premier album Frenches et Dégout à Almos ce mois-ci. Formé des membres Dave Chose, GabStuToé et Laurie Lafée, le groupe affirme faire du Gypsy-Folk-Punk-Grunge-AnarchoMagicien. C’est un album qui, vraisemblablement, ne fait pas dans la dentelle. Pas de niaisage ni de flafla. On ouvre les portes de l’album tel qu’on le ferait à travers des portes western d’un club vidéo louche.

À peine quelques secondes après le début de la première chanson (intitulée SDF), ça confirme ce que je pensais: du Faudrait Faire la Vaisselle ça ne se prend vraiment pas au sérieux. Je me retrouve les deux bottes de cowboy bien enfoncées dans des passes de banjo, du joual sans retenue et des propos désinvoltes. C’est également beaucoup plus country que ce à quoi je m’attendais. Le banjo est bien maîtrisé, c’est l’arme de prédilection du band. Ça bouge et ça galope au rythme du tempo. Quand on n’est pas en train de gratter le banjo, on fait des solos qui tirent plus vite que leur ombre et des passes musicales efficaces – notamment sur Vapeurs de vomi, Caniveau et Pu jamais. Quoiqu’à la longue, on commence à avoir de la misère à voir des différences entre les nombreuses chansons de l’album: tout est sensiblement sur le même rythme et à peu près joué de la même manière. On s’y perd un peu. Je suis un cowboy égaré. Shout out à Lucky Luke.

Ça parle de boisson, de clopes, d’amour qui foire, de paresse, de divorce, encore de boisson, de désengagement, etc. Parfois c’est traité avec un sourire en coin, d’autres fois c’est pas trop jojo. C’est généralement plutôt glauque, en fait. Les voix sonnent far west – on chante, on gueule, on trippe. Les tours de chant sont parfois intéressants, parfois un peu flat. Sur la pièce Alexandrine, on a l’impression d’entendre le barbu des Denis Drolet chanter avec Klô Pelgag. Sur Quand tu seras cool, j’ai l’impression d’entendre Beau Dommage qui a bu trop de quilles de Laurentide. Ça rajoute au fun en tout cas. Quand c’est punché, c’est punché.

En gros, écouter du FFLV, c’est comme se retrouver dans une vieille taverne qui sent le fond de tonne et qui est remplie de mononc bedonnants: c’est le fun et on rit, mais jusqu’à un certain point. Leurs chansons sont ludiques dans leur obscurité, par contre on dirait que le band n’a pas encore tout à fait trouvé son identité claire – j’ai l’impression d’entendre un croisement multigénérationnel entre Plume Latraverse, Bernard Adamus, Mononc’ Serge, Philippe Brach et les Cowboys Fringants. Le band sait toutefois mettre de l’ambiance et ça doit être solide en show. J’ai l’impression que leur prochain album sera celui à surveiller. La dernière pièce de l’album, Pourquoi c’est faire: Hollywood, avait plus de variété et c’est cette voie-là que nos trois amateurs de boisson devraient emprunter pour nous surprendre un peu plus musicalement. Un intéressant trip, mais il reste encore du boulot. Non seulement il faudrait faire la vaisselle, mais il faudrait aussi ramener les bouteilles vides. À la prochaine, cowboy!

Performance live de Vapeurs de vomi: