Jean Leloup au Métropolis : Évidemment, Philippe Fehmiu était là

Publié le 23 octobre 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Du haut de son trône, Jean Leloup a galvanisé une foule conquise d’avance, à grands coups de hits pigés ici et là dans son incroyable tiroir à chansons. Il était rayonnant avec son chapeau de cowboy blanc. Compte-rendu interprétatif.

8h43 – À mémoire de lynx, ça fait un bout que le Métropolis a pas été rempli à plein rebord comme ça. On se fraie un chemin entre deux jeux de coudes bien précis pour voir de près le maître.

Quelques minutes plus tard, le rideau s’ouvre, et il apparaît. Accompagné par un claviériste multiplateforme, un cogneur de caisses et un quatuor à cordes bien cordé à droite, le Wolf se présente, bras dans les airs, tout en haut de sa passerelle.

Il est grand, le sphinx. Même une fois assis.

Crédit : Spectra

D’une beauté naïvement jolie, le décor évoque la fameuse Paradis City – avec ses fleurs, son soleil, ses nuages, ses flamants roses et ses lueurs colorées changeantes.

Alors qu’on se serait justement attendu à un début musical en lien avec ces horizons paradisiaques, Leloup nous surprend au détour et entame la soirée avec Barcelone, vieille chanson datant de l’époque où il avait le phrasé franchouillard bien développé.

Crédit : Spectra

Une surprise n’attend pas l’autre avec Leloup ce soir. Après coup s’enchaînent sans interruption Isabelle, Le dôme et Edgar, qui prend une toute autre couleur, moins rock, avec des ornements de cordes.

Au bout du parterre, le son est pas malade, mais anyway, la foule chante tellement fort toutes les paroles qu’on s’en rend pas vraiment compte si on est un tant soit peu sur la brosse.

Leloup, lui, trippe.

Crédit : Spectra

Il commence à prendre davantage ses aises en s’en donnant à cœur joie sur Petit Papillon, nouvelle pièce très appréciée par les personnes qui applaudissent. Puis, après Paradis Perdu, c’est l’énigmatique Fashion Victim qui embarque.

Le moment est parfaitement choisi pour un abreuvage judicieux au bar du fond. Accoté tranquillou sur la place où on sert les boissons, Stefie Shock porte un chapeau et parle à quelqu’un.

En revenant, c’est Willie et Le monde est à pleurer qui échauffent les esprits métropolitains. L’ambiance est électrisante, et un gars excité en profite pour verser sa bière au complet dans le dos d’une jeune fille aux cheveux de type Dobacaracol.

Conscient de son manque de bière, il retourne s’en chercher quatre. Pendant ce temps-là, son ami suit ses traces en versant, à son tour, un peu de bière sur la fille, cette fois sur son bras. Elle est en criss, mais elle change pas de place.

Faire des enfants s’amorce. Au peak de son envolée progressive très réussie, on peut apercevoir Philippe Fehmiu caler le reste de son verre, proche du bar à gauche.

Pas de photo à l’appui pour illustrer sa présence, mais si c’est dans le titre, ça doit bien être vrai.

Après autant d’émotions, autant pour nous que pour Leloup, un entracte s’impose.

«Désolé pour la bière, c’tait vraiment pas voulu», relate notre homme renverseur, recueillant à peu près pas de réactions de la part de la victime éclaboussée.

Pas trop loin des toilettes, Catherine Leduc se passe la main dans les cheveux, et un gars avec un chandail de Korn attend en ligne pour pisser. Le public de Jean Leloup est à ce point diversifié.

La deuxième partie débute après 30 minutes de ressourcement. Plus ou moins réussie, cette deuxième entrée met de l’avant une chanson quelque peu oubliée : L’innocence de l’âme (tirée du TRÈS sous-estimé Mexico).

Sur Voyageur, Leloup reprend du galon et s’adresse à la foule pour une (presque) toute première fois. «Enweille, donnez-en, donnez-en. Y’a de l’action!» lui envoie-t-elle pour la crinquer avec efficacité.

En cette deuxième partie, le parterre est plus aéré, ce qui permet d’entrevoir davantage une autre vedette musicale de l’année 2006 : Dumas.

On ne sait pas si ça a rapport avec ça, mais Leloup adopte cette posture à peu près au même moment.

Crédit : Spectra

Surexcitée, la foule chante à l’unisson l’un des classiques ultimes de Leloup, Les Fourmis. Durant le refrain, ça brasse. Les éclats de rock surpassent la finesse des cordes. L’amour est sans pitié suit et récolte un enthousiasme similaire, quoi que moins ardent.

Un halo blanc découpe notre prince durant Les flamants roses. Ça ressemble un peu à ça, sauf que le projecteur blanc serait en arrière de lui plutôt que sur le côté.

Crédit : Spectra

L’un des plus beaux moments du show se trame dès les premières notes de Voyager. L’ambiance est tellement foudroyante qu’une personne effectue une tentative de body-surfing dont elle se souviendra toute sa vie

Crédit : Spectra

Quelques minutes avant la fin du show, durant Je suis parti, quelques pressés/éviteurs de file se pitchent au sous-sol pour aller récupérer leurs manteaux.

«J’ai perdu mon ticket», déclare l’un d’entre eux, éméché. «Au pire, quand le show va finir, m’a aller me pogner une autre bière… ou ben m’a aller au 281.»

Un plan sans faille.

Pas aussi relevée que l’on aurait pu l’imaginer, la chanson Paradis City manque de mordant dans son interprétation. Fatigué, Leloup? Après deux heures de shows, ça se pourrait.

Heureusement, au même moment, Angelo Cadet se précipite vers le parterre avec un pas assuré et un manteau de cuir véritable.

C’en est assez pour que le spectacle se termine et que les confettis se mettent à tomber du ciel du Métropolis. Le rappel se fait attendre quelques minutes, puis Leloup revient.

Après des interprétations correctes de Pigeon et La Chambre, il se lance dans La vie est laide avec une énergie renouvelée, avant de repartir en coulisses.

Il est minuit 17, et la 55 passe dans pas long. Le temps presse, donc.

Comme plusieurs comparses musicaux, j’ai fait l’ultime erreur de quitter, pensant que la fin de ce rappel marquait la fin du show.

Erreur de débutant puisque c’est lors d’un deuxième rappel que Leloup a trôné au-dessus de la foule en montant sur sa passerelle mobile.

«Y’a fait genre une toune sur son escalier pis il a fini par juste se tourner au-dessus de la foule, pis là y’a fait Feuille au vent pis d’autres tounes au hasard», m’a confié à 2h04 AM un agréable ami (l’illustre sauveur Mathieu Massé). «Il a juste trippé avec la foule en demandant c’était quoi les accords de Je joue de la guitare pcq il s’en rappelait pas.»

En espérant que Philippe Fehmiu, lui, ait eu la décence de rester au spectacle AU MOINS jusqu’à la fin…

Crédit : Spectra

Texte en collaboration avec Julie Mathieu.