Le premier gala de l’ADISQ : Ses majestés Leloup et Lapointe

Publié le 28 octobre 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Le Métropolis était en fête hier pour Le premier gala de l’ADISQ, à Montréal. Le chroniqueur culturel Olivier Robillard Laveaux, qui cumule une enviable expérience, a revêtu avec honneur les habits de maître de cérémonie, lui qui «est habitué d’être de l’autre côté».

Soulignons la dose journalistique qu’il a insufflée à son animation en prenant la peine de décrire brièvement les disques lauréats de chaque catégorie, quelques mots qui ont peut-être su interpeller des gens qui n’avaient jamais écouté lesdits albums. Des interventions toutes simples, mais qui nous ont semblé fort pertinentes.

Olivier a amorcé la soirée en relatant des souvenirs liés au Métropolis: les effluves de pot lors d’un show de Grimskunk, la fois où un type s’est jeté de la mezzanine pour atterrir face première sur le parterre… Il a également appelé à l’indulgence des journalistes à l’égard des incontournables discours de remerciement. «S’il vous plaît, ne tombez pas sur la tomate des artistes. La plupart du temps, ils ne s’attendent réellement pas à gagner… ce qui ne les empêche pas de se préparer un peu. Mais, de toute façon, ils révèlent ce qu’ils ont à dire avant tout à travers leur musique», a-t-il judicieusement relevé.

Parlant d’allocutions, en voici quelques fragments (ainsi que quelques propos émis en entrevue) :

Album rock de l’année et Album de l’année, choix de la critique:

À Paradis City, de Jean Leloup

Jean Leloup / Photo: Caroline Bertrand

Grâce à ses 30 spectacles effectués en carrière à la salle hôtesse du gala, et aux huit à venir, le vénérable auteur-compositeur-interprète Jean Leloup a été sacré roi du Métropolis, recevant même une imposante couronne rouge. Très heureux de ce titre, il s’est dit ravi de participer ainsi à l’économie, tout en s’amusant à prendre diverses poses pour les photographes.

D’abord captivé par la caméra «qui se déplace toute seule. Allez, monte ta tête!», et fidèle à ses habitudes, il a teinté ses allocutions de cette excentricité qui lui est propre — et que l’on adore! «Vous donnez votre cœur. Lâchez pas! Parce qu’on va gagner», a-t-il dit, en parlant des gens qui assistent à des shows.

Il a donc ravi le Choix de la critique à Louis-Jean Cormier (Les grandes artères), à Galaxie (Zulu), à Salomé Leclerc (27 fois l’aurore) et à Tire le coyote (Panorama). Des albums qui, comme l’indiquait Olivier Robillard Laveaux, recèlent tous de superbes mélodies, d’excellents grooves et de magnifiques compositions. Bref, du grand art.

Artiste québécois de l’année s’étant le plus illustré hors Québec et Album de l’année, réinterprétation:

Paris tristesse, de Pierre Lapointe

Pierre Lapointe / Photo: Caroline Bertrand

L’auteur-compositeur-interprète Pierre Lapointe, toujours éloquent, a raflé ses 9e et 10e prix en carrière. En revenant sur son long séjour en sol français cette année, il s’est exclamé avec probité: «J’ai travaillé en tabarnak en France. J’ai pleuré souvent, ç’a été éprouvant. L’exil, c’est difficile; j’ai vécu des trucs hors normes.» Il s’est en outre avoué fier d’avoir diffusé de la musique québécoise alors qu’il était à l’antenne de la radio de France Inter. «Un poste que tous les Français convoitaient, et c’est moi qui l’ai eu!» s’est-il esclaffé gentiment.

Ne faisant pas fi de son ironie caractéristique, il a conclu le discours de sa seconde récompense de la soirée en rappelant qu’il est le seul nommé à avoir réinterprété… sa propre œuvre. «Je suis donc un interprète merveilleux de mon propre répertoire», a-t-il facétieusement noté.

Spectacle de l’année, anglophone:

Sleeping Operator, de The Barr Brothers

Les variations mélodiques que s’offrent les frères Brad et Andrew Barr, respectivement guitariste-chanteur et batteur, sur scène sont fructueuses; ce prix l’atteste. «Il nous fait vraiment plaisir, car ça signifie que les spectateurs aiment que nous fassions place à l’exploration en spectacle», nous a fait remarquer Brad en entrevue. «On veille à rester fertiles, ouverts aux modulations, aux découvertes. Si le show se stabilise trop ou est trop sécurisant, ça devient ennuyeux. Mon frère et moi jouons ensemble depuis 25 ans; le seul moyen de rester captivés par notre démarche après aussi longtemps est de la garder rafraîchissante et excitante.»

«Les musiciens restent connectés les uns aux autres, et le spectacle, vivant, de renchérir Andrew. On se connecte de cette façon à l’auditoire, et je crois que c’est ce qu’il veut, être connecté au spectacle, faire partie du processus.» « S’octroyer ces libertés comporte des risques, mais je pense que les spectateurs sont à nos côtés, poursuit son frangin. Si l’on trébuche, ils sentent que l’on se redresse.»

Album de l’année, Alternatif:

Zulu, de Galaxie


Le guitariste et chanteur Olivier Langevin ainsi qu’une partie de sa bande de Galaxie, le batteur Pierre Fortin et la percussionniste Karine Pion, ont récolté le premier Félix (!) de la formation. «J’espère que vous passez une sulfureuse soirée!» a lancé l’impétueux guitar hero, aux yeux duquel la partie la plus plaisante de leur métier est de réunir à leurs shows des gens qui ont du plaisir et avec lesquels ils échangent.

À l’instar de Pierre Fortin, on se réjouit de l’ajout de Karine au band depuis Zulu. «Je suis tellement content pour elle. C’est moi qui l’ai suggérée. C’est le premier disque sur lequel elle joue, et on gagne. Il n’y a aucun hasard là-dedans. Si elle avait été là avant, on aurait gagné plein de prix!» a rigolé Fortin en entrevue. «C’était parfait comme c’était, chaque chose en son temps», a affirmé Karine en riant.

Quant à la suite des choses ? «Il reste quand même quelques shows, dont Coup de cœur francophone le 6 novembre, a-t-elle rappelé. Ce sont de petites choses qui nous rendent bien heureux.» « J’aimerais bien boire une bière bientôt, aussi, a soulevé Fortin. On essaiera aussi de s’améliorer. C’est ça, la suite.»

Album de l’année, Meilleur vendeur:

Plus tard qu’on pense, de Fred Pellerin

L’émérite poète de Saint-Élie-de-Caxton a judicieusement nommé les acheteurs de disques les «investisseurs». On acquiesce !

Vidéoclip de l’année:

Mardi gras, de Pierre Kwenders

Pierre Kwenders / Photo: Caroline Bertrand

L’auteur-compositeur-interprète d’origine congolaise, Révélation Radio-Canada en musique du monde 2015, a remercié le Québec qui l’a accueilli à 14 ans, avant d’humblement céder le micro au génie créateur de son clip, Epher Heilland.

Album de l’année, Hip-hop:

XXL, d’Eman X Vlooper

Eman X Vlooper / Photo: Caroline Bertrand


Les deux membres du groupe, qui figurent sur la scène musicale depuis belle lurette, ont dédié leur prix à leur autre formation, Alaclair Ensemble.

Quelques prestations ont ponctué la soirée, dont celles d’Alex Nevsky, qui a interprété Himalaya mon amour accompagné de jazzmen, et de Patrice Michaud, rejoint sur scène par Salomé Leclerc. Sans compter entre autres celles de The Seasons, de Yoan (qui a déjà 108 000 albums vendus au compteur) et de Tire le coyote.

Parmi les autres lauréats, notons:

Album de l’année, Anglophone: Where I Belong, de Bobby Bazini

Album de l’année, Classique/Orchestre et grand ensemble: Ludovico Einaudi: Portrait, d’Angèle Dubeau & La Pietà

Album de l’année, Country: 3e rue sud, de Maxime Landry

Album de l’année, Jazz: Quantum, d’Emie R Roussel Trio
Album de l’année, Musiques du monde: Navegar, de Bïa

Album de l’année, Traditionnel: Têtu, de Le Vent du Nord