Pour sa première participation à Coup de cœur francophone, l’auteure-compositrice-interprète Maude Audet nous présente — et lance par le fait même — son second effort, Nous sommes le feu, du folk alternatif à la touche vintage.
Armée de sa guitare, elle foulera la scène du Divan orange ce soir à 17 h en compagnie de son fidèle réalisateur Navet Confit, à la basse et à la guitare, de Mathieu Vézio (qui joue notamment aux côtés de Dany Placard), à la batterie, et de Joëlle Saint-Pierre, au vibraphone et aux claviers.
Maude Audet/Photo: Caroline Bertrand
Ce deuxième album, plus mûri, a été concocté dans un contexte bien différent du premier, Le temps inventé, paru en 2013. Une brève analepse s’impose. À cette période, Maude avait commencé à travailler avec Navet Confit, sans même avoir un album en tête.
À la vue du superbe travail de réalisation de son collaborateur, l’idée d’un EP a germé; au bout d’un an, elle avait plus d’une dizaine de chansons en banque, qu’ils ont endisquées. «Ce premier disque était vraiment plus exploratoire, se rappelle la chanteuse à la délicate voix aérienne. C’était le fun, j’ai essayé plein de choses mais, même s’il se tient, il n’avait pas de réelle direction artistique. Je n’ai pas pensé le deuxième de la même façon.»
Cette fois-ci, elle a redoublé d’efforts «pour que ça s’entende», avouant avoir été plus assidue et mieux organisée, aiguillée par une direction artistique plus claire. Cette dernière, qui est arrivée d’elle-même, nous dit-elle, l’a poussée vers ses influences musicales, qui comprennent notamment les grandes dames de la chanson française, les paroliers québécois contemporains, comme Avec pas d’casque — «son écriture est vraiment belle» —, le folk à la Bob Dylan, Leonard Cohen, PJ Harvey et autres Cat Power…
Sans compter le grunge, héritage de l’école secondaire. «Ça fait aussi partie de mes racines. Je désirais un son un peu old school, je ne voulais pas de synthétique, que de vrais instruments. Je trouvais que mes maquettes inspiraient ça: un son naturel, imparfait, un peu brut.»
Celle qui gratte la guitare depuis l’adolescence, sans être passée par le solfège, s’est toujours dit que, si elle faisait de musique, elle souhaitait écrire ses chansons. Le temps revisité étant ses débuts de parolière, elle a longtemps été critique de ce qu’elle écrivait, se questionnant quant aux sujets à aborder.
«Au début, j’ai même demandé à mon chum [l’auteur, comédien, chroniqueur et humoriste Fabien Cloutier] s’il voulait m’écrire des chansons, mais il m’a répondu que j’étais la meilleure personne pour le faire. J’ai écrit quelques tounes d’amour, mais je voulais aussi profiter de la tribune publique qu’est la chanson pour me prononcer sur certaines affaires à ma façon. »
Heureusement, elle considère avoir trouvé sa plume. Inspirée entre autres par ce qui se passe dans le monde et dans l’actualité, ainsi que par l’amour, elle reste alerte à ce qu’elle éprouve afin qu’en découlent des paroles. «Parfois, des trucs me bouleversent sans que je ne le dise mot pour mot dans une chanson, mais ils m’inspirent quelque chose. Je prends une idée lorsqu’elle passe et j’essaie de développer ce filon.»
La poésie et les mélodies de Nous sommes le feu ont d’ailleurs séduit l’étiquette numérique Sainte-Cécile, la petite sœur de Dare to Care Records, dont Maude a récemment joint les rangs. Une équipe qui lui permet de continuer à créer avec sincérité, ce qui lui est essentiel, tout comme l’est la synergie qui opère entre ses collaborateurs et elle. «On doit sentir l’énergie passer, croit foncièrement la maman de deux enfants. C’est tellement important de se sentir bien auprès de ceux avec qui l’on collabore, et ce, réciproquement, et de s’entendre artistiquement, de ne pas devoir tout expliquer.»
Finalement, à l’aune de ses accomplissements artistiques, s’est-elle débarrassée du syndrome de l’imposteur qui l’a déjà habitée? «Je ne l’ai plus!» affirme Maude. Après tout, elle œuvre dans le milieu de la scène depuis plusieurs années — car, oui, elle est également scénographe, costumière et artiste visuelle! Elle sort désormais de l’ombre pour prendre place sous les projecteurs, avec assurance, son propre matériel à l’avant-plan. «Au début, présenter mes créations m’intimidait, car j’avais toujours travaillé dans l’ombre, explique-t-elle. Mais j’ai réalisé que je n’avais pas à être gênée.»
Une créatrice, c’est ce qu’elle est. Reste à ajouter le piano à son arc; ça fait partie de ses aspirations. Il lui suffit de trouver le temps.