[ITW] Aron Ottignon, aux frontières du jazz, de la pop et de la world music

Publié le 08 décembre 2015 par Betcmusic @betcmusic

Le mardi 08 décembre 2015 dans Interview, Music

À l’occasion de la troisième édition du WorldStock Festival, on a rencontré Aron Ottignon. Après de nombreuses collaborations avec Stromae et Woodkid, le néo-zélandais se lance avec ce nouveau projet solo dans l’exploration des possibilités du jazz en le mariant aux musiques africaines, caribéennes et océaniennes ainsi qu’à l’électronique. Sur scène, il est rejoint par Rodi Kirk et  par le percussionniste anglais Samuel Dubois, virtuose du steel pan.

Comment en es tu arrivé à vouloir explorer les frontières du jazz en mêlant des éléments de pop, jazz, rock et musique du monde?

Quand j’étais petit, mes parents allaient tous les week-ends jouer du piano dans une sorte de marché multiculturel  » Chinese Oriental Market » à Auckland. L’audience était principalement composée de Chinois, Japonais, touristes américains, et la musique qu’ils jouaient était de la musique du monde. Ce qui a eu une grand influence sur moi en tant qu’enfant.

Quel est l’élément le plus stimulant dans le fait de mixer de la musique électronique avec des percussions et le piano?

J’ai toujours été fasciné par l’ambiance des clubs. Le fait de toucher une audience faisant la fête, entrant dans des états de transe euphorique, presque tribale. Je n’affectionne pas les audiences qui restent assise, ni le fait de regarder tranquillement un solo. J’aime avant tout que le public soit impliqué, qu’il soit présent sur la scène, avec les musiciens.

Pour ce qui est du jazz, ce que j’aime c’est la partie improvisation, le fait que si le public est fatigué ou s’ennuie, que l’on puisse s’adapter et changer afin d’attirer son attention.

La technologie évolue si vite, par exemple si tu prends la réalité virtuelle, tu te rends compte que ça apparaît partout. Imagines que tu puisses voir les notes durant le concert.  Ce que la technologie permet me fascine, la réalité en 3D par le son par exemple ou encore le fait que le public puisse manipuler le son sur scène. C’est cela qui me stimule.

De quelle manière tes collaborations passées avec Stromae et Woodkid ont influencé le Aron Ottignon d’aujourd’hui?

Ce sont deux collaboration très différentes, la seule similarité c’est qu’ils parlent tous les deux français. Woodkid a eu un grand impact sur ma vie car j’ai été  en tournée avec lui pendant trois ans. J’ai encore son odeur dans la peau ! (rires) Ce fut très enrichissant de suivre son évolution, depuis son commencement jusqu’à aujourd’hui. Sa musique est très cinématique, l’aspect visuel de sa musique m’a influencé, j’intègre un peu plus cet aspect là dans mes propres projets.

Stromae a été un vrai coup de coeur. En général en tant que pianiste, on t’appelle; tu arrives, joues, on te remercie, te donne un chèque et basta. Avec Stroame ça a été très différent. C’est quelqu’un de très cool et fun. Il avait cette idée de Papaoutai, et moi je me suis chargé de l’arrangement au piano et de l’introduction. Il savait exactement ce qu’il voulait et avait besoin de quelqu’un pour jouer. Six mois plus tard c’était le hit number one!

Comment décrirais-tu Starfish, ton dernier EP?

Je dirais que c’est de la musique inspirante, le type de musique que j’aimerais écouter si j’étais un DJ. Starfish est influencé par des Broken Beats. C’est une combinaison d’underground londonien, de beats polynésiens et caribéens, avec une touche de jazz.

Quel est le son de demain?

Je pense que l’audience sera plus impliquée. L’aspect virtuel et le streaming  se seront banalisés, et les différentes techniques au microphone évolueront. Si l’on prend l’exemple du Monterey Jazz Festival, lorsque tu vois un concert, tu peux aller dans une pièce spéciale remplie de speakers et d’écrans de télé. Au plus tu t’approches des écrans, plus le son augmentera, et tu seras plongé dans l’ambiance d’un vrai concert. La retranscription est donc très proche du réel, au point qu’ils reproduisent même les bruits des spectateurs, tel la toux.

Par Hélène Bourgois