Lucrecia Dalt

Ou

(Care Of Editions)

Chez Lucrecia Dalt, l’économie d’arguments ne fait partie de l’attirail proposé par son nouvel album, tant les trajectoires qu’elle emprunte sont sujet à discussion et envolées littéraires. Pour son cinquième opus, sobrement intitulé Ou, l’experimental prend une fois encore des chemins parsemés de pièges et de détours dans des paysages d’Oz à la poésie lunaire et subtilement surréaliste. Les voix apparaissent et disparaissent comme par enchantement, laissant des empreintes sur des sillons de soie aux percussions caressées et aux mélodies injectées de soubresauts perpendiculaires. On nage littéralement, sur des tapis de matière onctueuse aux envolées cinématographiques sci-fi. Lucrecia Dalt construit sa musique sous des cloches de verre, pour escapades souterraines sur des parcelles de terre cachant les richesses insoupçonnées de rêves voyageurs. Les cordes prennent de l’altitude, les orgues et les synthés emplissent d’air leurs poumons organiques, pour s’échouer sur des plages de quiétude lacustre. Ou nous prend par les sentiments sans ménagement, secoue nos sens avec mansuétude, nous transporte dans des zones tumultueuses bousculées par des vagues de réconfort. Un album hypnotique auréolé d’un souffle sinueux aux allures d’aurore boréale. Magique.

Roland Torres

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