Pandaléon : franchir le mur de la surprise

Publié le 29 janvier 2016 par Feuavolonte @Feuavolonte

Pandaléon

Atone

Audiogram

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Après s’être fait remarquer grâce son rock alternatif ambiant franco-ontarien (c’est pas rien ça!), Pandaléon arrive avec son premier album sous la prestigieuse étiquette Audiogram. Se décrivant comme une bête à trois têtes de par la symbiose des trois membres, notre cerbère musical sort de sa tanière armé d’Atone, un opus imparfaitement intéressant.


Pandaléon ne fait pas les choses à moitié quand vient le temps de composer: lors de l’enregistrement du EP À chacun son gibier, paru en 2014, le trio avait expérimenté avec les sons de la campagne dans son studio installé dans une ancienne écurie. Cette fois-ci, les trois membres ont décidé de s’enfermer dans l’école primaire de Saint-Bernardin, endroit désormais désaffecté, qu’ils ont fréquenté à l’enfance. Après un mois passé à l’écart dans ce lieu délabré et hanté par des fantômes de concierges louches, Pandaléon en ressort avec une nouvelle galette. Est-ce qu’Atone est une œuvre à l’image de son lieu de création?

D’entrée de jeu, cette nouvelle offrande démontre clairement que notre bête à trois têtes est bien capable de créer des atmosphères réussies. Les guitares rampantes, parfois criantes réussissent efficacement à peindre des fresques inquiétantes, mais intrigantes. La variété des effets permet également d’ajuster d’intéressantes couches qui sont définitivement des valeurs ajoutées.

Dans toutes ses explorations musicales, Pandaléon exploite et développe le mieux ses idées dans ses morceaux les plus longs. Il suffit de prêter l’oreille à une pièce comme Bulk Tank pour le réaliser : le temps qu’ils prennent sur ce morceaux permet de bien installer une trame tantôt envoûtante, tantôt légèrement alarmante de par ses guitares un brin grinçantes par-dessus les effets ambiants qui se relaient.

La production n’est cependant pas parfaite: certains éléments mal ajustés la rendent occasionnellement un peu stiff. On pense notamment à une transition entre deux chansons en début d’album et à certaines fins de chansons silencieuses un peu trop longues. Pas de quoi réellement nuire à l’écoute, mais c’est présent.

Du côté de la voix, on remarquera que le tout peut parfois nous laisser sur notre faim. Les paroles sont généralement livrées de manière très posée, voire occasionnellement trop monocorde par Frédéric Levac. Sur certains morceaux, ça le fait, mais sur la durée totale de l’album, le ton donne parfois l’impression d’un Malajube sur les downers. On a aussi souvent l’impression de se faire lire un texte. Un peu plus de variété… On n’aurait pas dit non!

Au final, la formation franco-ontarienne débarque avec un intéressant premier long-jeu sur une étiquette de renom. On dénote clairement la capacité à créer un mur du son de manière efficacement atmosphérique et généralement bien réussie. L’aspect monocorde et un occasionnel (mais présent) stiffness font d’Atone un album globalement attrayant comportant son petit lot de failles.

Le groupe n’est toutefois jamais en panne de nouvelles idées pour exploiter ses projets et dispose de la créativité nécessaire pour nous surprendre davantage au prochain détour.