Montréal, in Love Suprême with Koriass

La dernière fois que j’ai assisté à un spectacle de rap au Club Soda, j’ai bloqué l’accès aux gens qui entraient parce que j’avais oublié mon canif dans mon sac à dos. Dans la même soirée, un ami m’a dit, impressionné par le gabarit de Killer Mike, qu’il était même «plus gros que [moi]». J’avais donc des attentes mitigées pour Koriass, qui lançait en fin de semaine, son album Love Suprême dans la même salle.

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Dès l’entrée au Club Soda, cette fois sans armes blanches, j’apprends, à l’aide d’écriteaux, que le lancement sera filmé et utilisé dans le cadre d’un documentaire sur le rappeur qui sera diffusé sur les ondes de TV5. La diffusion serait prévue entre deux rediffusions de Fort Boyard et de Questions pour un champion.

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La salle se remplit tranquillement et, en attendant la performance de Brown, en première partie, le public trouve diverses activités: scander le nom de Koriass, commander des Molson Canadian, me confondre avec Claude Bégin. Visiblement, certaines personnes ont commencé les festivités bien avant d’arriver au centre-ville.

Le trio familial Brown arrive sur scène accompagné par Toast Dawg aux platines. La formation, très énergique, présente quelques pièces de son album homonyme avec aplomb. Cependant, ce ne sont pas tous les Enfants de l’asphalte présents qui semblent allumés par le rap métis et le brown power. Notamment, ce quidam qui a collé un post-it «#17 Koriass fan» sur ma bière pendant que les rappeurs scandaient «Ton baby va être brown».

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Le Club Soda est une salle parfois traîtresse. La sonorisation et l’acoustique ne rendent pas complètement justice aux arrangements dansants du trio. Leur présence scénique, par contre, compense entièrement pour les lacunes de la salle. Mention spéciale à Robin Kerr pour ses mouvements de danse, son naturel et son plaisir contagieux. Plusieurs ont été conquis, mais ce spectacle est à revoir avec un public plus familier avec leur opus. C’est le fardeau des premières parties.

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L’enchaînement est rapide et Koriass arrive sur scène avec ses fidèles acolytes Bobby One et DJ Manifest, en plus d’une formation de trois musiciens. Chacun d’eux est accoutré d’une capuche et d’un masque de chat qui n’est pas sans rappeler le renard de Karim Ouellet. Korey se débarrasse vite du sien en martelant Leader.

Quand on prétend être le meilleur dans le jeu, il faut mettre toute la gomme. Koriass n’a pas ménagé la scénographie avec les grands jets de lumière et les projections d’idéogrammes coréens sur écran géant. Il profite aussi de l’occasion pour inviter une palette d’invités sur scène. En mélangeant les titres de Love Suprême et de son EP Petit Love, il partage la scène avec Eman (pour Emmanuels), Lary Kidd (Jolies Filles), Loudmouth (Pardon) et Rebecca Makonnen (c’était sa fête).

Parlant de fêtés, l’un des moments forts de la soirée sera pour plusieurs lorsqu’il a invité un certain Émile et ses ami-e-s sur scène pour tripper pendant Enfants de l’asphalte. Annonçant qu’il vient d’avoir vingt ans, le fan nous apprend que, même si elle est shout-outée dans le single Zombies, la génération Watatatow n’est pas le groupe démographique le plus nombreux dans la salle.

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Koriass enchaîne les succès et les nouveaux titres avec assurance et précision devant un public conquis d’avance. En conclusion du spectacle, il s’adresse à la foule en disant «Je m’appelle Korey Hart pis tu sais que je suis le meilleur». Avec un lancement rodé comme le sien, le rappeur est en mesure de présenter ce genre d’arrogance. Sans l’ombre d’un doute, Montréal était in Love Suprême avec Koko.

PS : Évidemment, Philippe Fehmiu y était.

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PHOTOS: ÉTIENNE GALARNEAU