Basia Bulat au Club Soda : le triomphe de la gentillesse

C’est tellement rare les gens gentils. Purement et naturellement gentils. Basia Bulat, le sourire fendu jusqu’aux oreilles a lancé en sol montréalais hier, dans le cadre de Montréal en lumière, son quatrième album, Good Advice. Elle a passé la soirée à remercier les gens de Montréal d’être venus pour la voir, elle qui a choisi de s’établir dans notre ville il y a un an et demi.

Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

C’est pas un grand effort de t’accueillir ici, Basia. L’idéal, ça serait que tu convoques une bonne quantité de tes semblables ici. On va les échanger contre une poignée de politiciens qui ne sourient jamais et une poignée de joueurs du Canadiens qui ne nous servent pas à grand-chose ces temps-ci, anyways. It’s a deal?

Et si toi, cher lecteur, tu n’es pas convaincu par la transaction, tu le seras après la lecture de mon compte-rendu.

L’arrivée

Après avoir parcouru l’équivalent de la distance Montréal-Saguenay en tournant autour de la Place des Festivals en quête d’un stationnement, je trouve un parking à 20 minutes à pied du Club Soda. J’arrive donc à temps pour entendre la dernière toune de John Jacob Magistery, en première partie. Je n’en entends pas assez pour me prononcer.

Je vis dangereusement et je confis mon manteau au gars du nouveau vestiaire situé à même le bar. Repartirais-je avec un manteau aromatisé au gin? J’aime vivre au gré des imprévus!

Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Le suit en or

Vingt minutes plus tard, Basia Bulat et son band montent sur scène. Notre citoyenne montréalaise préférée est vêtue d’une cape en or. Pas mal sûre que la mairie serait gérée autrement si Denis s’habillait à la même place qu’elle.

En jouant à la chaise musicale entre tous ses claviers, la chanteuse interprète Fool et Let Me In qui figurent sur son nouvel album. «Je m’excuse pour mon français», déclare ensuite Basia Bulat dans un français parfait.

Elle explique ensuite la joie que lui procure le fait de vivre à Montréal et combien elle est heureuse de pouvoir considérer le Club Soda comme sa maison. On l’aime.

Elle poursuit avec Long Goodbye et In the Name Of et telle une boîte de suggestions dans un Saint-Hubert, elle demande «avez-vous des commentaires ou des suggestions?». QUI? Qui prend le temps de demander des suggestions durant un show? Personne!

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Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Faites-vous des câlins

Sur La la lie, Basia Bulat danse presque la claquette avec ses petits souliers à talons hauts. Et avant de commencer la pièce Time, elle annonce que c’est un slow: «collez-vous avec la personne à côté de vous, même si vous ne la connaissez pas. Vous avez juste besoin de l’aimer un peu, mais vous devez demander à l’autre avant de le prendre dans vos bras», explique-t-elle, illustrant que ELLE, elle a bien compris ça la notion de consentement.

Avec ses tounes d’amours détruits qui ne sont pas des morceaux insupportablement larmoyants, elle prouve qu’on peut guérir les maux du cœur autrement qu’en pleurant pendant quatre jours sur du Isabelle Boulay.

Elle enchaîne avec des pièces plus folk, issues de son ancien répertoire. Avec son autoharpe, elle joue Heart Of My Own et Run.

Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Basia ou Gregory

Laissée seule sur scène, elle interprète In The Night etinterroge la foule: «avez-vous des demandes spéciales?». Qui, hormis Gregory Charles, a la délicatesse aujourd’hui de sonder la foule en quête d’une demande spéciale? QUI?

Elle s’exécute avec Five, four et Paris or Amsterdam avant d’accueillir à nouveau les membres de son band qu’elle remercie personnellement à plusieurs reprises avec une main sur l’épaule, durant le show, entre deux couplets. Good Advice, Tall Tall Shadow et Infamous précèdent le rappel avec des problèmes de son dignes d’Adele aux Grammys. Bref… j’ai entendu juste la batterie.

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Basia Bulat/Photo: Élise Jetté

Revenant sous le tonnerre d’applaudissements, elle nous chante une chanson pour une amie de Montréal connue quand elle avait 18 ans. «Cette chanson m’a toujours fait sentir bien, parce qu’elle parle d’ici», dit-elle, encore smat, avant de jouer It Can’t Be You.

Faisant participer la foule dans un enchaînement de «ou ou ou ou ou» trop aigus pour la plèbe, elle écoute tout le monde fausser en concluant avec «vous êtes parfaits». Si ÇA, c’est pas gentil, je me demande ce qui l’est.

Someday Soon et Wires placent le point final à cette soirée marquée par l’enthousiasme palpable de Basia Bulat qui constatait la fidélité et l’amour des admirateurs locaux. C’était un triomphe de la gentillesse pure et un triomphe musical.

Alors, quand est-ce qu’on fait la transaction?