Migrer au chaud avec Poirier

Publié le 08 mars 2016 par Feuavolonte @Feuavolonte

Poirier

Migration

Nice Up!

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Pour son 8e album officiel, Ghislain Poirier nous revient avec un agréable mélange de reggae, de reggaeton et d’électro pour nous faire oublier l’hiver qui s’étire un peu trop en ce moment.

Retour attendu pour les fans d’électro world de Montréal, celui de Poirier en est toujours un particulier. Délaissant la complexité expérimentale et minimaliste de son projet parallèle Boundary, qui nous avait offert le très bon Still Life en 2014, le dj revient à ses racines. Migration plaira assurément aux fans de dub et de hip-hop en plus de plaire à son public déjà acquis.

Tout transpire ici le métissage culturel, du nom de l’album à la pochette qui mélange des symboles caractéristiques de Montréal (l’île, le logo des JO de 76, le Stade…) et caribéens (une carte, des palmiers, la mer…). Musicalement, Poirier nous avait déjà habitués à ce type de mélange d’influences et c’est donc sans surprise qu’on attaque Migration.

Dès les premières notes, on comprend bien l’univers: une revisite urbaine du reggae traditionnel jamaïcain et une musique qui redonnera foi au reggaeton, après ses écarts majeurs des dernières années. Parce que oui, ça se peut du bon reggaeton! Et on en a ici une belle preuve. Des chansons comme Jump avec Red Fox – déjà un méga-hit – ou Universal Peace et Keep It Rolling avec MC Zulu donnent une bonne idée du talent de Poirier non seulement pour élaborer de super rythmiques, mais aussi pour dénicher des collaborations impressionnantes autant localement qu’à l’international.

Les seuls hics sont le manque de renouvellement à l’intérieur de l’album et peut-être aussi son manque de nouveauté. Le reggae, si on en apprécie le chill assuré, reste néanmoins pris avec une banque d’options rythmiques un peu pauvrette. En 43 minutes, l’auditeur qui ne tripperait pas totalement sur le genre aura malheureusement le temps de trouver le tout quelque peu répétitif. Aussi, peu de grosses surprises au cours de l’album. Si on y trouve des bijoux comme Jump, des pièces instrumentales moins dansantes viennent ponctuer Migration et ralentir le rythme au lieu de nous étonner et de poursuivre la réinterprétation des influences. C’est un peu le cas de pièces comme Roadtrip avec Dubmatix ou Serena avec Riddim Wise.

Ceci dit, je ne doute du succès que l’album pourra avoir alors que des singles tournent déjà en Angleterre, mais peut-être aura-t-il justement du succès sous forme de compilation de singles plutôt que comme album à proprement parler. Je crois aussi que vous pourrez bientôt en entendre des remixes un peu partout de la part de djs montréalais, donc pas d’inquiétudes à avoir face au projet. Un bel album pour relaxer et oublier le mois d’hiver qu’il nous reste à affronter. Et pis c’est moins cher qu’une semaine de vacances à Punta Cana.