La dernière fois qu’on vous a parlé du duo hip-hop alternatif américain, c’était pour leur excellent album The Heist qui nous avait complètement transporté. Aujourd’hui on vous parle du deuxième opus, This Unruly Mess I’ve Made, qui, malgré les difficultés, est sorti du studio de Macklemore & Ryan Lewis fin février dernier. Et ce qui se cache derrière la pochette rouge nous séduit aussi.
On commence avec Light Tunnels, une critique des Grammys, son organisation et les faux semblants qu’on y trouve, avec une sorte de regret, une autocritique, d’en faire partie, pour la reconnaissance. Et puis vient Downtown… la chanson sur… les mobylettes. C’est dansant, pas sérieux, et ça fait vraiment du bien. Et c’est la force de Macklemore & Ryan Lewis: ils savent faire du politique et du fun, le tout avec style, en s’entourant d’excellents musiciens pour les featuring. Mike Slap pour Light Tunnels, ici nous retrouvons Eric Nelly, Melle Mel, Kool Moe Dee et Grandmaster Caz… Et ce n’est que le début de l’album, qui en est plein!
Brad Pitt’s Cousin (avec XP) est sans doute un des titres les plus bizarre mais toujours dans ce style qui accroche l’oreille et qui ne nous quitte plus de la journée… Puis vient Buckshot (avec KRS-One & DJ Premier) sur le street art. Des petits accents inquiétant musicalement.. alors qu’ils parlent d’art et non pas de guns, avec un flow à tomber par terre. Gros contraste pour le titre suivant, Growing Up, pure lettre d’amour dédiée à sa fille. Ici Macklemore invite Ed Sheeran sur le refrain. Magique.
Très prenant mais dans un genre différent, puisque plus politique, Kevin (avec le sublime Leon Bridges pour le refrain), lettre contre les prescriptions pour tout et n’importe quoi aux Etats-Unis, ce qui fait des antidouleurs et antidépresseurs une des premières cause de mortalité chez eux… St Ides et Need to Know (avec Chance The Rapper) sont assez calmes musicalement pour faire passer tout ce que Macklemore a à dire sur les addictions et les paradoxes américains.
Il vient nous remonter le moral sur Dance Off avec la voix rauque de Idris Elba (!) et Anderson .Paak. Comment ne pas vouloir danser sur ce titre absolument trippant? Vient ensuite une déclaration d’amour légère envers… la nourriture. Let’s Eat (avec XP) est fait pour ceux qui, comme beaucoup, comme lui, aime manger et ne font pas toujours le sport qu’ils se sont promis. Bolo Tie (avec YG) et The Train (avec Carla Morrisson), cette dernière assez mélancolique, sur les départs, passent et nous amènent au dernier titre, sans doute le plus politique aussi: White Privilege II.
Paradoxe et reflexion sur la place que peut avoir un rappeur blanc dans le paysage américain. Est-ce qu’il fait parti de ceux qui volent la culture noire? est-ce mal? est-ce rendre hommage à cette culture? On sent Macklemore tourmenté sur ce sujet très épineux suite aux trop nombreux meurtres commis par la police. Le titre est long et dénonce un peu tout ça, lui-même se sentant comme responsable de ce qui arrive. Jamila Woods qui participe, ajoute encore plus de force au titre déjà extrêmement puissant. Dans l’ensemble l’album est mi-engagé mi-fun aucun titre ne devrait être mit de coté tant les deux aspects sont important au duo.
Coup de cœur : White Privilege II, qui fait beaucoup réfléchir et dont la construction unique est musicalement géniale.
Tu n’as pas envie d’écouter tout l’album parce que tu es pressé ? D’accord, Challenge Accepted ! Voici les trois morceaux que tu devrais vraiment écouter :
- Kevin
- Let’s Eat
- White Privilege II
En bref : une excellente suite à The Heist!
En écoute : Kevin