Monk.E x Gyver Hypman : la vieille école contre-attaque

Publié le 11 mars 2016 par Feuavolonte @Feuavolonte

Monk.E x Gyver Hypman

Le gris impérial 

Indépendant

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Connu pour ses implications dans le rap-jeu local (t’entends?!) et ses talents de graffiteur, le rappeur Monk.E n’a plus besoin d’introduction dans l’underground montréalais. Artiste à la créativité fertile, il dispose d’une signature propre, tant sur beat que sur canevas. Dans ce cas-ci, il troque la canette d’aérosol pour le microphone, l’instant de faire paraître son sixième album: Le gris impérial.

Pour ce nouveau projet, le chaman-rappeur fait équipe avec le producteur parisien Gyver Hypman, qui vient peindre les fresques musicales. Amant des concepts songés, Monk.E présente le gris impérial comme étant la symbolisation d’un monde sans couleurs qui cherche à régner sur nos vies.

Lorsqu’on tend l’oreille à un album de Monk.E, une chose est mise au clair: le principal intéressé est un fanatique du hip-hop à l’ancienne. Cette toute nouvelle proposition n’y fait certainement pas exception. Redonnant un souffle local au rap new-yorkais des années 90, Monk.E fait preuve de sérieux skills lorsque vient le temps de poser son flow technique sur les productions salées de Gyver Hypman. Ce dernier construit des beats old school efficaces, ayant bien sûr recours aux traditionnels loops et scratchs. On peut presque entendre des productions faire des clins d’œil à Wu Tang, Nas et Mobb Deep. Les initiés remarqueront toutefois une certaine utilisation parfois trop prévisible de codes établis (certains samples de jazz et quelques refrains anglophones). Ceci ne prend toutefois pas assez de place pour teinter négativement le résultat final. On a affaire à un produit globalement original et bien concocté.

Lyricalement parlant, le fin raton exploite généralement bien ses idées. Sur cette nouvelle offrande, il développe le thème du gris impérial via une trame narrative conceptuelle. Tout au long de l’album, la voix d’un jeune homme développe le concept. Ses interventions sont ponctuées ici et là sur l’album, introduisant plusieurs morceaux. Les thèmes des cuts oscillent entre la défense des opprimés et le développement personnel, en passant par la connexion entre les cultures. L’ensemble permet de mettre sur pied un tout cohérent bien orchestré.

Étant curieux de nature et un globe-trotteur aguerri, le emcee chaman a cumulé les expériences de vie. Son bagage personnel et ses connaissances variées amènent une intéressante signature qui est propre au style de Monk.E. Son militantisme contre les injustices internationales amène un aspect social qui donne une autre dimension à son art. Les amateurs de flow, de rimes et de knowledge y trouvent leur compte.

Au final, Monk.E propose un nouveau projet de ce qu’il fait de mieux. En assumant toujours son appréciation pour le old school, il propose un album d’une confortable et familière efficacité. Nageant à contre-courant du mouvement post-rap actuel (mené par Dead Obies, LLA, Alaclair), il s’avère un bon gardien des recettes d’antan. Les adeptes des codes de l’âge d’or du hip-hop pourront mordre à pleines dents dans Le gris Impérial. Gratitude!