Pour cette cinquième semaine des préliminaires à La Voix aux Francouvertes, c’est le très chaudement vêtu Mon Doux Saigneur qui a fait jaser. C’est habillé de bas couleur farfadet et d’un capuchon doublé d’une tuque de laine que le principal intéressé s’est présenté sur scène, au chaud. Au terme de la soirée, il a troqué sa tuque épaisse pour la couronne de vainqueur, alors que les deux autres candidats de la soirée, Cy et Marie-Claire, n’ont pas été en mesure de se faufiler dans le TOP 9.
Mon Doux Saigneur/Photo: Élise Jetté
C’est le duo turbo-cute-bébé-chaton, Saratoga qui inaugure cette soirée de préliminaires en ressassant les souvenirs de leurs participations au concours: «Quand Stéphanie, des Francouvertes, m’avait dit de m’inscrire, je m’étais dit Voyons là grande-ville qui me veut toé là», de se rappeler Chantal Archambault. «J’ai jamais été stressée de même de toute ma vie. J’ai pas vomi, mais ça se passait ailleurs», illustre-t-elle. En spécifiant «poche un jour, mais pas poche toujours», elle ajoute que ça s’était pas si bien passé.
Saratoga/Photo: Élise Jetté
Michel-Olivier Gasse se remémore pour sa part sa participation aux Francouvertes au sein de Caloon Saloon: «On a frappé très fort», avoue-t-il confiant «…mais la semaine d’après y’avait… Bernard Adamus!»
Chercher le mot Saratoga sur Google, c’est vraiment compliqué si on veut entendre Saratoga. Le duo a expliqué cette évidence «Beaucoup de choses autres que nous portent ce nom-là», affirme le couple. «Si vous nous cherchez pour vrai, on est sur Tinder pis on couche en ville à soir!»
Cy/Photo: Élise Jetté
Les Néo-Écossais basés à Moncton du groupe Cy démarrent le soir 5 du concours. Fort de textes à saveur identitaire, le quatuor multiplie les superpositions de guitares et les légendes néo-trad.
«Votre accent me rappelle les grands espaces verts», se sont-ils fait dire par une Française sur le Plateau-Mont-Royal. À part pour cruiser la communauté française du Plateau, cet accent distinct parfois difficile à suivre amène certainement une touche de diversité. Leur franglais qui n’est pas celui qu’on entend le plus souvent à Montréal inclut des expressions spéciales: «expect point une grande histoire avec des gros mots/moi chu rinque icette en frais de faire mon affaire». C’est pas clair, mais c’est pas désagréable.
Chantant comme un «p’tit mononc» en se tenant l’estomac avec la main gauche pour faire le beat de la toune dans les airs avec son autre main, le chanteur pousse une voix puissante sur des chansons qui parlent de contes et légendes et de déportation sur des solos de mandoline. Ça répond aux critères du genre.
Mon Doux Saigneur/Photo: Élise Jetté
«Plus c’est croche plus ça torche», lance Emerick, alias Mon Doux Saigneur, lors d’un petit pépin technique en début de prestation. On découvre peu à peu son folk-rock Leloup-Colocesque. C’est beau et confus à la fois.
Riche de textes pour lesquels on se dit souvent: «ça a sûrement un sens, je vais le relire», le Saigneur présente également une lignée de métaphores coup-de-poing: «J’ai fait un dégât/En échappant ton regard/Il est tombé du haut de moi/Sans crier gare».
«J’espère que» (rien), dit le chanteur entre deux tounes sans finir sa phrase. Tout est normal. «J’ai hâte que ça soit fini», exprime-t-il aussi alors qu’il avoue être stressé.
«Y’en a qui jugent, y’en a qui s’amusent», ose-t-il scander à plusieurs reprisent en ajoutant des paroles à ses tounes, telle une pointe pas fine envers le jury. Audacieux (ou casse-cou).
C’est la sentimentale Mes grandes mains qui fait définitivement l’unanimité en fin de parcours. Une balade bien imagée qui plaît: «Je sais ton ami de coeur se tient pas loin avec son gun/Et il miaule plus fort que moi dans ton téléphone».
Un bel OVNI le Saigneur.
Marie-Claire/Photo: Élise Jetté
C’est avec un choix vestimentaire judicieux que Marie-Claire monte sur scène, brillante. La Sudburoise décrit son propre style comme du yéyé-psychédélique. Avec sa voix souvent camouflée par l’instrumentation, elle présente un rock psyché aux accents 90s’ où la musique ne fait qu’un avec les mots.
Même si l’ensemble est unique, la poésie ne se démarque pas forcément: «Y’a du bleu dans tes yeux/Y’a des fleurs dans mes cheveux/As-tu peur d’être heureux?»
Tout comme la voix caractérielle de Marie-Claire, les projections visuelles et le toupet impressionnants du batteur sont des éléments qui marquent. Le tout ne sera toutefois pas suffisant pour faire grimper le groupe dans le TOP 9.
Cheveux/Photo: Élise Jetté