Expérimental popifié : la rentrée montréalaise de Sarah Neufeld

Étape conclusive de la tournée nord-américaine The Ridge: Montréal et la Sala Rossa accueillaient hier soir la violoniste expérimentale Sarah Neufeld à son retour au bercail. Retour sur une soirée étrangement peu méditative.

12278766_1193410914005970_6918722520155196255_n_co (1)

Ça faisait un petit bout que j’étais pas allé voir de show pour mon propre plaisir, outre les Francouvertes et le mini-festival CISM du mois passé. Je me retrouvais donc avec un petit feeling ben le fun de vacances en me rendant à la Sala Rossa et en oubliant momentanément ma trop imposante to-do list d’étudiant en fin de session.

Parti une demi-heure en retard sur mon planning, j’arrive, pour une rare fois, avec très peu d’avance et saute donc directement dans le bain avec Eartheater, projet solo de la Brooklynoise Alexandra Drewchin. Accompagnée seulement d’une guitare métal en acrylique transparent rouge, somme toute assez laide, et de ben des pédales, elle vient elle aussi conclure sa tournée à Montréal, où elle joue pour la première fois. L’accueil est au départ très modéré, mais la musique finit par convaincre le public déjà assez nombreux. Un genre d’électro vaguement dark wave très planant, mêlé avec ben du delay et une forte touche de dub, comme si The Knife avait fait un kid à Arto Lindsay, mettons. Le style assez particulier est difficile à décrire et ne ressemble pas entièrement aux enregistrements, donc on va y aller avec ça.

Le set est court, mais convaincant, et se termine sur un fort statement féministe. Drewchin y va d’une voix très descendue et androgyne pour créer un clash intense avec la danse lascive qu’elle exécute au même moment. Parfaite illustration d’accompagnement à un texte qui demande une révolution et une nouvelle constitution. Moment lucide, donc, pour bien conclure ce premier set de la soirée.

C’est entre les deux shows que je prends donc le temps de regarder le public, activité sociologique préférée de tout critique de FAV. Déjà, il fait chaud, mais vraiment chaud. M’habiller avec un veston et une chemise n’était finalement pas un flash de génie et je ne comprends pas comment les gens font pour garder leur manteau… Je pense à ça et à des chaises. Le genre de show où des chaises seraient bienvenues, mais sont enlevées parce que la salle est trop pleine.

C’est finalement Sarah Neufeld qui me sort de mes réflexions pour venir présenter un show, à mon avis, beaucoup trop pop. Elle manie son violon dès le départ avec des moves dignes d’un rappeur en déclin, jeu quelque peu décalé par rapport à mes attentes. Jumelé avec une bouche entrouverte et un regard un peu vide à cause de la concentration, ça donne un résultat weird sur un moyen temps. Mais c’est pas grave, la musique est bonne et les gens tripent, surtout le gars juste devant moi qui a décidé que, si les signes de devil était out des shows de métal depuis 2003, une performance post-rock était clairement le bon endroit pour les ressusciter.

Ayant pas mal fini de jouer son matériel solo, elle invite alors le génie Colin Stetson sur scène pour jouer du matériel de leur album commun qui nous avait convaincus l’an dernier. Belle idée en pratique, mais qui a fini par donner un drone mal ajusté et en manque de modulation sur le système de son de la salle, normalement très cool pourtant. Comme quoi un sax ténor, ça fesse pas mal. Je suis parti pas longtemps après, satisfait et désirant quitter avant le rappel, concept que je trouve vraiment too much dans ce type de concert. Au final, un show de très bonne musique, mais avec une forme vraiment trop pop pour bien répondre à mes attentes.