Kvelertak, Torche, Wild Throne : La musique du diable dans la maison du jazz

La nouvelle s’est présentée dans l’ordre suivant: «Hey, un groupe qui s’appelle Kvelertak vient en spectacle à Montréal le 19 avril. Je ne connais malheureusement pas, mais ça sonne méchant et intéressant. Hey, ils jouent avec Torche? Ok, là on jase. Attend, c’est à l’Astral?»

Il est vrai que sur papier, la décision de l’équipe de Heavy MTL de programmer ce spectacle dans la Maison du Festival de Jazz peut paraître curieuse. Cependant, il n’y avait aucune chance que Feu à Volonté rate sa chance de voir les gens soupant au Balmoral avoir l’air incommodés par les gars avec des vestes de jeans sans manches qui entrent dans leur salle de concert.

À l’intérieur, on sent aussi le côté décalé de la proposition. Une fois le lobby quitté, on entend dans les haut-parleurs, en alternance, des morceaux vaguement progressifs avec de la flûte et du heavy metal. La liste d’écoute ne sait d’ailleurs pas comment garder la cadence, dans un type d’ambiance ou un autre. De quoi séduire la nombreuse foule présente à 19h15.

Solitude dans la foule

Photo: Etienne Galarneau

À 19h30 tapantes, comme écrit sur le billet, ponctuel comme une soirée métal, le groupe Wild Throne de Bellingham, WA, s’installe sur scène. Pour la durée complète de la première pièce, on se demande si c’est A) la balance de son qui est étrange ou si B) le chanteur Josh Holland met une énergie explosive dans ses chuchotements. Dès le deuxième titre, on comprend qu’il s’agit de l’option A. Une fois que le son est bien replacé, on découvre chez Wild Throne un heureux mélange de hardcore et de thrash métal dans un pandémonium de batterie et de syncopes structurelles impressionnantes. La demi-heure infernale qu’est leur performance a dû produire de nombreux amateurs partout dans leur tournée. Je suis assurément un de plus sur leur liste.

Wild Throne

Wild Throne/Photo: Etienne Galarneau

Départ de la scène, changement de groupe. Pendant le branle-bas de combat, on observe la foule. Il y a au spectacle des sommités comme un photographe qui ressemble à Nick Offerman, un gars qui ressemble au linguiste hollandais que j’ai rencontré en Finlande et, surtout, un autre qui porte ce fameux chandail controversé de Municipal Waste. Je rêvais d’en voir un en vrai. Merci beaucoup!

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Torche propose un habile mélange de lourd et de mélodies accrocheuses. Dès le début, la formation propose des titres qui seraient presque «pop» si ce n’était des énormes colonnes d’amplificateurs présentes sur scène. C’est peut-être même un peu gentil à mon goût. Cependant, on ne peut leur enlever que le tout est bien réussi; la foule en redemande. Mon voisin arrière dans la foule dit que le chanteur Steve Brooks ressemble à Jack Black. Ce n’est pas faux.

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Steve Brooks/Emprunt à Revolver Mag

Leur performance commence rapidement à tomber dans les pièces plus puissantes et bruyantes. Un changement de guitare s’impose et, soudainement, on touche les bas-fonds de l’enfer avec les guitares et la basse qui touchent les registres les plus inférieurs. Autant par leur côté mélodique que méchant, on comprend pourquoi Oktoplut les nomme comme influence en entrevues et dans la chanson Points punks.

Torche

Torche/Photo: Etienne Galarneau

La soirée se termine avec Kvelertak. Leur performance commence avec une trame audio où on entend quelqu’un prononcer leur nom; c’est gentil. Kuh-veu-leur-tak. Dans les langues du nord, toutes les lettres comptent, il paraît. Enfin, on croit comprendre ça, mais, très vite, les guitares et les applaudissements commencent.

Dès le début, les trois guitaristes, le bassiste et le batteur sont sur scène. Puis, le chanteur Erlend Hjelvik affublé d’un masque de hibou qui illumine finit par entrer. La première pièce est bien bruyante et les mimes du leader du groupe qui met ses doigts en l’air, fait un cercle au-dessus de ceux-ci et fait un genre de signe de déchirure semblent nous annoncer que ça parle d’histoires d’un soir un peu macabres. Deuxième titre, Hjelvik laisse découvrir son air de chanteur black métal, genre auquel il emprunte son style vocal. Cependant, ses musiciens jouent des riffs très hard rock mais avec une grande vigueur et, parfois, des blast beats. C’est un peu déconcertant et particulier, mais assurément réussi. C’est ce qu’ils appellent du « black n’ roll ». À explorer plus. Cependant, on peut garantir que la foule est déjà convaincue

Kvelertak

Kvelertak/Photo: Etienne Galarneau

En somme, ce triplé chapeauté par Heavy MTL a offert une soirée bruyante et extatique à l’Astral. Nous espérons fortement revoir l’une ou l’autre de ces formations bientôt à Montréal, plus particulièrement Wild Throne, qui pourrait se gâter avec une petite tournée en tête d’affiche. Pour le reste, espérons que l’équipe d’entretien ait eu le temps de replacer la peinture qui a décollé des murs avant que le pianiste Michael Kaeshammer vienne jouer à l’Astral ce vendredi.