DOOMSQUAD : Peur et dégoût à Toronto

DOOMSQUAD

Total Time

Hand Drawn Dracula

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totaltime

C’est une formule éculée de dire d’un disque qu’il est comme le disque d’un autre artiste, «mais sur l’acide» (par exemple : «Le dernier disque de Jean Leloup, c’est comme du Sylvain Cossette… sur l’acide». Admettons. Mauvais exemple, mais tu comprends le principe…) Dans le cas du nouvel album de DOOMSQUAD, je dirais qu’on a l’impression d’écouter de l’acide tout court.

Très groovy, très psychédélique, sans tomber dans le rétro, l’album nous fait vivre un voyage assez weird et apocalyptique (duh…) sans devenir badtrippant. Les rythmes du trio sont travaillés à la perfection, un enchevêtrement de percussions noyées dans le Space Echo, de synthés distortionnés et de voix perdues dans le reverb qui menacent d’exploser à tout moment, le tout habilement mixé par Graham Walsh (Holy Fuck!, Alvvays).

C’est moins accessible que d’autres albums électroniques parus dans les dernières années (bref, c’est pas du Grimes, ni du Purity Ring), mais on sent quand même une familiarité dans la forme de leur musique, une appartenance.

DOOMSQUAD fait une musique expérimentale dans son enrobage, mais accessible dans son fond, que ce soit avec le dub funky de Who Owns Noon in Sandusky, le penchant acid house (justement) de Pyramids on Mars ou les accents two step de It’s the Nail that Counts, Not the Rope… Autrement dit, ça s’écoute bien dans son salon avec des écouteurs sur le coco, mais ça donne surtout le goût de danser. On ne peut pas nécessairement en dire autant de toute la musique dans le créneau.

C’est pas tout le monde qui sera convaincu par Total Time, mais ceux qui y mettront suffisamment du leur pour l’apprécier y trouveront un univers décapant, un message personnel, un hiéroglyphe weird et envoûtant qui est assez fort et bien construit pour se tenir debout tout seul, mais qui prendra probablement une 4e dimension sur un stage.