Skepta
Konnichiwa
(Boy Better Know)
Vétéran de la scène grime aux cotés d’artistes comme Dizzee Rascal ou Wiley, l’anglo-nigérien Joseph Junior Adenuga aka Skepta, fait résonner les basses et les kicks sur des murs à l’urbanité viciée.
Avec Konnichiwa (« Bonjour » en japonais), le rappeur retourne tous les codes du genre, en y injectant une violence sous jacente qui fait voler en éclat les tentatives de récupération du mouvement, pour le faire rentrer dans le mainstream ou les musées, à l’image de la récente exposition à la Tate Gallery, avec l’accrochage de peintures représentant certaines figures de la scène grime.
Skepta garde l’esprit des débuts, portant sur ses épaules un héritage dont il est l’un des fondateurs, garant d’un underground aux sonorités agressives, mélangeant dancehall, drum’n’bass, hip hop, avec un pied ancré dans des souterrains suintants aux soundsystems pour jeunesse révoltée et rugissante. Image d’une classe sociale à qui ne l’on fait pas courber l’échine auteur de punchlines puissantes et de rythmiques aux déhanchés addictifs.
Avec Konniwicha, Skepta relifte le grime, le faisant résonner à l’ancienne, intégrant trap fluctuant ou ralentissant la cadence, faisant intervenir quelques featurings bien sentis ou flirtant le marketing, mais qui lui en voudrait, à l’image de Pharrell Williams, Wiley, Young Lord, Novelist… envoyant au passage quelques grosses claques, à l’image du très electro, That’s Not Me, aux cotés de son pote JME avec son gimmick entre 8bit et PC Music ou le sensuel Ladies Hit Squad (feat. D Double E & ASAP Nast), tube en puissance pour cet été. Une petite bombe à savourer sans modération.
Roland Torres
Site : www.helloskepta.com