James Blake
The Colour In Anything
(Polydor)
Crooner anglais au spleen ancré jusqu’au plus profond de ses artères, l’anglais James Blake revient avec un nouvel album The Colour In Anything aux allures de caverne d’Ali Baba.
En 17 titres et 77 minutes de musique, on pouvait penser que James Blake était atteint de folie des grandeurs, avec ce concentré de musique léthargique et de mollesse caractéristique, qui scellent définitivement la marque de fabrique d’un auteur/compositeur/interprète, en totale connexion avec son époque, invitant pour l’occasion Bon Iver et Frank Black.
Passant tout par le filtre ralenti, James Blake est un artiste qui s’imprègne comme peu d’autres, des sonorités qui l’entourent, qu’elles soient urbaines, naturalistes, musicales… pour les disséquer et les régurgiter en un amas de tracks à la beauté lancinante, aux convulsions minimales rampantes survolées de lumière blafarde, capable de renverser le dancefloor avec son moléculaire et martial I Hope My Life.
Un nouvelle fois, la force de James Blake réside dans sa capacité à mélanger les genres de manière optimale en n’utilisant que leur colonne vertébrale, puisant dans le gospel sa soul, dans l’expérimental ses déviances, dans le jazz ses soubresauts, pour inventer un r’n’b défiant les lois de la gravité, disséminant dans l’espace son lot de subtiles et fragiles convulsions antinomiques, à coups de sonorités en clair/obscur et de pianos au pointillisme quasi pictural.
The Colour Is Anything est un disque exigeant, qui demande que l’on se débarrasse de certains préjugés pour ressentir les flots intérieurs d’un homme au romantisme tatoué jusqu’au plus profond de sa chair, dont la quête sans fin d’un amour fantasmé, sert de matière première à une oeuvre baignée dans la pénombre, à la cohérence exemplaire. Une pierre précieuse.
Roland Torres
Site : jamesblakemusic.com