Emilie Payeur

Publié le 09 juin 2016 par Silenceandsound

Emilie Payeur

Deadline

(Kohlenstoff)

Poussée par le besoin de sortir de l’électro-acoustique, la musicienne expérimentale Emilie Payeur dissèque la matière sonore sur son nouvel album Deadline.

Gorgé de saturations et de bruits en mouvements, de dissonances et de balancements noise, Deadline est noyé sous l’énergie de sa propre vitalité, comme auto-avalé par son centre et aspiré vers des profondeurs bruitistes aux fréquences astringentes.

Emilie Payeur compulse les granulations sur des grattoirs tranchants enrobés de sauvagerie et de rudesse agressives, entrainant l’abstraction vers des précipices aux contours grésillants. L’artiste multidisciplinaire brouille les fréquences et les malaxe sans ménagement, poussant l’auditeur à se cacher dans les recoins de ses propres limites. Mais la canadienne est aussi capable de faire preuve de clémence et de semer le trouble à coups de glissements subtiles, sur des tapis de sonorités aux rondeurs presque caressantes et d’ambiances hypnotiques.

On ne peut éviter de penser à certains artistes issus du GRM, à l’image de certaines oeuvres de Beatriz Ferreyra ou Guy Reibel entre autres, matiné d’inflexions soniques issues de la scène expérimentale électronique à rapprocher parfois de la radicalité d’une Puce Mary mixée à l’intellectualité d’une Félicia Atkinson.

Un album en forme de transition, qui laisse augurer d’un avenir prometteur. Très fortement recommandé.

Roland Torres

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