La St-Jean à Laval : soirée endiablée au royaume des chaises de camping

Publié le 25 juin 2016 par Feuavolonte @Feuavolonte

Il n’y avait plus de places disponibles dans le stationnement du Centre de la nature, vendredi, au moment de notre arrivée sur les lieux du party. C’est dans une forêt dense de spectateurs en marche vers Richard Séguin que nous nous sommes frayé un chemin pour nous stationner dans les rues de la banlieue: parking stratégique entre un VUS familial et une voiture de luxe, deux véhicules qui, pour des raisons évidentes feraient bien attention de ne pas rentrer dans les pare-chocs de notre Hyundai Accent.

En guise de boussole pour retrouver le nord et atteindre la scène: la marée humaine composée de gens munis de chaises de camping. «On ne restera pas debout certain», ont déclaré plusieurs.

C’est Journée d’Amérique qui ouvre la cérémonie devant un auditoire composée à 80 % de gens assis dans des chaises en toile. La chevelure argentée de Richard Séguin ne laisse personne indifférent. Semblerait-il que, pour certaines femmes dans la cinquantaine avancée, le beau musicien a le pouvoir d’arrêter net les symptômes multiples de la ménopause. Tel un rêve éveillé pour Carmen, ma voisine de gauche, Richard poursuit avec Protest Song.

Richard Séguin/Photo: Élise Jetté

C’est en chantant Félix Leclerc que Bernard Adamus s’élance ensuite avec Attends-moi ti-gars. Il enchaîne avec La question à 100 $ pour laquelle il invite son ami Mon Doux Saigneur. Artiste phare des dernières Francouvertes, ce dernier est présenté maladroitement par un Bernard probablement déshydraté vu la quantité de sueur sur son corps en camisole. On ne revoit plus du tout Mon Doux Saigneur durant le show. C’est une petite déception.

Bernard Adamus/Photo: Élise Jetté

Sèxe Illégal entre sur scène quand Adamus termine Hola les lolos. «On est pro lolos, nous», affirment-ils de manière édifiante.

Le gars en avant de moi qui porte ses lunettes de soleil dans la nuque et qui arbore un t-shirt Point Zero est d’accord avec l’affaire des lolos.

Photo: Élise Jetté

Sèxe Illégal explique que c’est plutôt Pâques qu’ils ont envie de fêter ce soir. Chacun son trip.

L’animatrice Claudine Prévost entre néanmoins en scène pour rétablir les faits: on célèbre bel et bien la St-Jean. Les visages inquiets reprennent peu à peu des couleurs.

Claudine Prévost/Photo: Élise Jetté

Annonçant la thématique Céline Dion, Prévost présente Safia Nolin, en beauté dans sa jupe blanche, qui se lance avec On ne change pas.

Safia Nolin/Photo: Élise Jetté

C’est Safia qui présente «un de ses groupes prèfs»: Les BB. C’est alors que Patrick Bourgeois interprète Tu ne sauras jamais que la majorité des femmes enceintes de plus de 8 mois dans l’assistance perdent leurs eaux. Patrick a ce pouvoir-là sur les hormones féminines.

Les BB/Photo: Élise Jetté

Il enchaîne avec Seul au combat, accompagné des Petits chanteurs de Laval. Il y en a parmi eux qui sont quand même grands, mais je n’ai pas trouvé de section commentaires sur leur site web.

Les petits (et grands) chanteurs de Laval poursuivent avec la toune Le grand cerf-volant de Gilles Vigneault.

Transition étonnamment très naturelle pour ensuite faire entrer Dead Obies qui interprète quelques récents succès pour conclure avec une nouvelle toune ébauchée autour de Le monde est stone en duo avec Charlotte Cardin

«On aurait voulu sampler la toune Je danse dans ma tête, mais Le monde est stone fitait plus avec notre démarche», a déclaré le band, visiblement très touché par les propos de Plamondon.

Dead Obies/Photo: Élise Jetté

Snail Kid/Photo: Élise Jetté

La petite Charlotte poursuit en solo avec sa chanson Les échardes avant de reprendre J’irai où tu iras en duo avec Alex Nevsky. Ce dernier rattrape la balle au bond et envoie ensuite sa nouvelle toune Polaroïd sur laquelle il témoigne de son désir immense de faire l’amour sur la plage en prenant des photos.

Alex présente ensuite son ami Alex McMahon, chef d’orchestre de la soirée que l’on peut ici apercevoir dans une illusion d’optique quasi-parfaite d’un matelot en train de perdre le contrôle de son bateau voguant sur une marée houleuse d’enfants.

Alex McMahon/Photo:Élise Jetté

Plus sérieusement, il a mené comme un capitaine de bateau (héhé) les interventions des nombreux collaborateurs. Une job de pro.

C’est avec Martine St-Clair que Nevsky poursuit le show en chantant Ce soir l’amour est dans tes yeux. Ça a l’air de ça de l’amour dans les yeux:

Alex Nevsky et Martine St-Clair/Photo: Élise Jetté

Pendant un medley de Martine St-Clair nous constatons la présence d’un regroupement de filles de 13-14 ans qui ont reçu une permission spéciale de leurs parents pour sortir toutes seules au show. Elles tentent un savant mélange de jujubes en abondance et de boissons alcoolisées au melon d’eau. Je me plais à imaginer la couleur du vomi qu’elles produiront dans une heure dans le confort des toilettes chimiques.

Demande spéciale de Sèxe Illégal: Martine St-Clair doit chanter Lavez lavez .

«Je vous la chante en Camerounais», annonce-t-elle. «Nonnnn, en français. On est au Québec, tabarnak», rétorque un fervent défenseur de la langue présent dans la foule. Sans doute Bernard Pivot.

Martine St-Clair/Photo: Élise Jetté

Sous les écrans géants qui projettent des animations vidéo dignes de Windows 95, Safia Nolin revient pour chanter Noël partout sous la neige en papier lancée avec professionnalisme par Sèxe Illégal.

Safia Nolin/Photo: Élise Jetté

«Elle chante tellement bien que c’est chien pour les autres», nous dit-on. Vrai.

Olivier Langevin, Fred Fortin et la bande de Galaxie s’amènent pour quelques morceaux.

Olivier Langevin/Photo: Élise Jetté

«Je ne suis pas toujours fier d’être Québécois, mais ce soir, je suis crissement fier», annonce Olivier Langevin, probablement un grand fan de chaises de camping.

Sèxe Illégal nous demande ensuite de faire un voeu pour le gâteau d’anniversaire du Québec.

Sèxe Illégal/Photo: Élise Jetté

Le duo call ensuite le Nevsky à l’aide des papapapapapapa de On leur a fait croire. Ça marche.

Alex Nevsky/Photo: Élise Jetté

Quand Richard Séguin remonte sur scène pour interpréter Dans nos silences, plusieurs voix s’élèvent dans la foule: Dead Obies, Les BB, Alex Nevsky… Tout le monde scande le nom de son artiste préféré sans unisson. C’est là que l’on comprend toute la diversité qu’on a ici au Québec. On comprend aussi pourquoi personne n’a jamais l’air content du résultat final de La Voix.

Christian Bégin est invité à lire son texte patriotique très émouvant. Celui que l’on surnomme affectueusement Curieux se permet de se namedropper: «Laisse moi être curieux de qui je suis», dit-il.

«Je n’attends que toi pour me nommer au complet», dit-il aussi. Très beau.

Christian Bégin/Photo: Élise Jetté

Pauvre Curieux semble avoir des relents de laryngite vers la fin du speech. Ça aurait pris un petit suppositoire.

Richard Séguin poursuit avec Les petits (et grands) chanteurs qui interprètent Qu’est-ce qu’on leur laisse.

La touche finale est laissée à Patrick Watson qui s’entoure aussi des enfants habillés en bleu pour chanter S’il suffisait d’aimer. Les poils de bras lèvent en crescendo.

Patrick Watson et Les petits chanteurs de Laval/Photo: Élise Jetté

Un feu d’artifice constelle ensuite le ciel noir de Laval quand un jeune homme utilise la pick-up line suivante sur la demoiselle à ses côtés: «Regarde, j’ai pogné un feu d’artifice avec ma langue».

Photo: Élise Jetté

Après avoir croisé le gars le plus chaud ayant existé depuis que les fervents du OUI qui ont perdu le referendum en 95, on poursuit notre périple vers la sortie où l’on aperçoit des gens qui, au lieu de dormir à la belle étoile, préfèrent dormir à la belle lueur d’un vif lampadaire.

Photo: Élise Jetté

Une bonne St-Jean ne se termine pas correctement sans une gastronomie appropriée. À l’intérieur, un homme commande une grande poutine à la viande fumée avec un extra fromage. Repas digne d’une indigestion à la hauteur de la fête nationale. Ce gars-là était probablement assis dans une chaise de camping.