M.I.A.
AIM
(Interscope / Polydor)
Chez Mathangi « Maya » Arulpragasam aka M.I.A. les provocations font partie intégrante de son personnage, avec un goût prononcé pour l’engagement politique et social, à l’image de son dernier album AIM, abordant de manière frontale le problème des réfugiés et de l’exil forcé de populations assaillies par le flot de guerres successives.
Appuyé par une horde de producteurs, Blaqstarr, Diplo, Skrillex, Fakear, Surkin, Richard X… M.I.A. semble s’être plus concentrée sur les textes que sur la musique, qui part un peu dans tous les sens, révélant un manque d’unité et de constance, alternant instants de flottements et tracks coups de poing, à l’image de son premier single Borders, paru l’année dernière, ou des titres comme Ali R U OK, A.M.P. (All My People), Fly Pirate, qui la voit mélanger habilement musiques du monde et approche résolument dancefloor, expérimentations virevoltantes et dérision, tout en préservant son identité, s’engouffrant malheureusement parfois, dans des titres boursouflés enrobés de crème chantilly à la limite de l’indigestion.
On espère juste que cet album, de loin son moins excitant, ne soit pas vraiment le dernier, comme l’a annoncé l’artiste un peu partout, car il nous laisserait entre les oreilles un goût d’inachevé et surtout un énorme vide, celui de voir disparaitre une des artistes les plus engagées et plus attachantes de sa génération, avec ses défauts et ses qualités, mais surtout un style définitivement unique qui donne la furieuse envie de bouger tout en connectant nos neurones au reste de l’humanité.
Roland Torres
Site : miauk.com