Ancient Future : au-delà des grosses pointures

Ancient Future est encore assez méconnu comme festival. L’happening électro montréalais n’en est qu’à sa deuxième édition, mais il est tout de même parvenu à attirer des noms aussi gros que XXYYXX, Kerri Chandler et Tokimonsta. Ceci dit, des efforts restent encore à faire côté organisation pour rendre le tout encore plus attirant.

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Van Did/Photo: Instagram @ancientfuture16

Je me présente au Hangar 16 du Vieux-Port de Montréal le vendredi, première soirée du festival de trois jours, vers 17h, heure qui devait normalement annoncer le début des festivités. En entrant sur le site, un peu plus bas sur le Quai de l’horloge, je me bute plutôt à des kiosques en train d’être montés, une absence de sécurité à la porte et visiblement aucun DJ sur la scène. Pas trop grave, je m’arrête au foodtruck des Soeurs volantes pour manger une assez succulente poutine aux patates grelots, boulettes de viande et kimchi #grosseviesale. J’en profite aussi pour faire le tour des autres stands, en évitant soigneusement l’atelier de préparation de couronnes de fleurs, préférant nettement le stand de simulation de djing de Vidéotron et celui de smoothies qui te propose de blender toi-même ton jus en pédalant sur un vélo.

Je commence à avoir soif et je me dirige donc vers un bar. On m’apprend là que je dois me munir de – attention à toi Pierre Karl –  »tokens » pour pouvoir consommer. Je vais au stand de  »tokens » et y apprend que l’on facture le faramineux montant de 4$ pour une petite bouteille d’eau. Après avoir échappé quelques sacres, je vais plutôt faire un tour aux abreuvoirs du Hangar 16 qui, eux, ne videront pas le peu de fonds qu’il me reste en banque. Le temps de revenir, le premier DJ s’aventure enfin sur scène.

Rue de Bois 

X

C’est au DJ montréalais à la présence assez discrète sur le web, mais tout de même signé chez SaintWoods, que revient la tâche d’ouvrir le bal devant une gargantuesque foule de 7 personnes, dont trois organisateurs. Question de rendre le tout encore plus awkward, je vais m’asseoir dans la zone VIP un peu plus loin. Visiblement, 17h30, c’est trop tôt pour les amateurs d’EDM.

Thomas White 

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On reste à Montréal avec le seul DJ que j’ai vu venir assister à tous les sets de la fin de semaine (effort que je ne peux que saluer). Il nous offre un set assez violent, se promenant entre le grime et des influences trap, teintées d’une bonne dose de sonorités rétros, quelque chose de très loin de ce qu’il fait en tant que producer. Il enchaîne les bonnes transitions et j’ai honnêtement pas mal de fun tout le long du set.

Ryan Playground

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Plusieurs l’auront découverte avec son album Elle, paru plus tôt cette année, mais elle se défend également très bien en dj set. Je trippe alors qu’elle offre au public, maintenant plus compact, des mashups aussi surprenants que Slim Shady vs Radiohead, Rihanna vs La Macarena et deux remix de Blink-182. Le plus cute reste au final qu’elle chante toutes les paroles de ses chansons et même certains bouts instrumentaux.

Tokimonsta

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J’apprécie moins Jennifer Lee, pourtant établie à l’international. C’est que l’énergie baisse un peu après le party offert par Ryan juste avant et que les interventions au micro entre quelques tracks me freinent un peu dans mon élan. Ceci dit, c’est loin d’être mauvais, mais c’est plus subtil et moins dansant.

J’ose ensuite m’aventurer dans le Hangar 16 et c’est là que les problèmes commencent. Déjà, le public m’énerve un peu. La crowd se compose presque exclusivement de jeunes filles vaguement majeures, de Français déjà beaucoup trop sur le party à 22h et de douchebags venus voir des culs. Pas trop mon genre, donc.

Project Pablo

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C’est avec un set du Montréalais Patrick Holland que j’amorce mon samedi. Je le tiens déjà en très haute estime, mais reste tout de même un peu froid face à son set. De grande qualité et exécuté sur des vrais de vrais vinyles avec des sonorités très house, son set nous plonge dans quelque chose d’un peu plus transe que ce que je recherchais durant la fin de semaine. Par contre, je vous conseille vivement de découvrir son travail, ce gars-là est un véritable génie!

Robert Robert

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Mon set préféré de la fin de semaine! Le Montréalais est clairement là pour se faire du fun et vient nous présenter un set rempli d’influences diverses, commençant avec des beats plus funkys – mon dada – pour finir dans une musique vraiment rapide et mélangeant trap et techno. Belle versatilité pour le DJ que je n’avais pas prévu voir au départ, lui préférant nettement, sur album, son susnommé compatriote.

CRi

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Après une méchante bonne gang de dj set, on a droit à un des très rares set live de la fin de semaine. Accompagné de sa fidèle acolyte Ouri, le Montréalais CRi vient présenter des pièces de son EP Else, paru plus tôt cette année, et de Oda, qui remonte déjà à 2014. On a aussi droit à quelques remix, entre autres du Caribou. Mon plus gros problème avec le set: un son beaucoup trop fort, et je vous rappelle que le gars qui vous écrit se tient normalement à 5-6 pieds des systèmes de son lorsqu’il va dans des shows de punk.

XXYYXX

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Ça faisait un bon bout de temps que j’avais envie de le voir en live. J’ai un kick incroyable sur son premier album homonyme lancé en 2012 et c’est un peu grâce à lui que j’ai été initié à l’électro. C’est donc rempli d’attentes que je patiente, vu que Marcel Everett est un peu en retard et que CRi a décidé de finir un peu tôt. Il nous présente finalement un set house très sexy, mais qui me semble déjà prélocké sur son ordinateur, en ne bougeant presque pas. Si le public trippe vraiment lorsqu’il passe enfin About You, son gros hit, je reste un peu froid et déçu et décide d’aller voir Kerri Chandler sur la scène à côté. Je vais tout de même attendre son prochain album, prévu pour l’automne, avec plaisir.

Kerri Chandler

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Je vais mettre mes impressions sur le compte de la fatigue parce que le public semble tripper sa vie et que j’ai reçu quelques bon commentaires sur le set. Par contre, en arrivant à la scène Ancient Future déjà bondée, je me bute à des remix de vieux hits disco et funk avec trop de basse et peu de modifications: réellement de la musique de danse et je suis malheureusement pas dans ce mood. Je reste une vingtaine de minutes pour quelques enchaînements un peu boiteux – ceci dit, le gars faisait clairement pas du B2B donc c’est moins grave – et décide ensuite de mettre fin à ma visite du festival.

Le festival a réussi à attirer un public assez intéressant pour une seconde édition en plus d’avoir eu un très gros line up, qui aurait été encore plus incroyable si Scuba avait réussi à passer la frontière. Mais il reste quelques problèmes de base à régler pour l’organisation. Un site internet qui redirige vers une page Facebook, des horaires simplement publiés sous forme de photos une semaine avant l’événement, des avis sur les règlements postés deux heures avant l’ouverture… C’est beau avoir un décor vraiment travaillé, des jongleurs de feu et des chariots de fruits offerts aux festivaliers en plein milieu d’un rave (???), mais si l’accès au site est complexe pour un gars à jeun, ça va être difficile pour Ancient Future de s’établir en tant que festival majeur. Mais tout n’est pas noir… Il reste qu’au final ce n’est pas ÎLESONIQ et que c’est pour moi un gage de succès absolu pour un festival de musique électronique que de pas être ÎLESONIQ.