Oobopopop : un nouveau Valaire?

Valaire

Oobopopop

Indica

*** 1/2 

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Le groupe nous revient avec son premier album depuis sa décision très queer (ou pas, c’est selon) de délaisser son Misteur originel. Le résultat ne redéfinit pas entièrement l’identité du groupe puisqu’on reconnaît encore facilement le bon vieux son qui fait groover le Québec en entier depuis quelques années déjà malgré un virage nu-funk assumé.

Avec un nouveau nom, on aurait pu s’attendre à un virage à 180 degrés, mais les changements sont finalement subtils et c’est vraisemblablement bien comme ça. Valaire reste le groupe indie à grand public qu’il est depuis la sortie de Golden Bombay (2010), mais en adoptant pour Oobopopop un son plus actuel. Le virage rétro 80’s et funk a été adopté par pas mal tout le monde, mais le groupe réussit à éviter, jusqu’à un certain point, les clichés dans lesquels d’autres artistes sont facilement tombés. Si le Misteur existe encore dans les progressions tendues, les samples (surtout sur Whisky Dew), les trompettes libératrices et les sons de claviers élaborés, le reste de la musique fait place à un son abouti.

La pierre angulaire de cet album? Sans aucun doute By My Side avec la légende soul/funk locale Alan Prater, un gars qui a déjà chanté aux côtés d’Al Green ou de Michael Jackson, rien de moins. Sortie comme premier single, la chanson a déjà été remixée plusieurs fois et de façon assez concluante par Tork ou Dr Mad. Et si Prater reste une impressionnante pointure, notons également que Valaire a réussi à attirer le New-yorkais Kahli Abdu et notre Pierre Kwenders national (sur Apata Palace). Mais ça reste avec By My Side que l’on voit réellement à quel point cet album est conçu, avant tout, pour danser. Avec des rythmes syncopés carabinés sans relâche, l’ajout de percussions un peu afrobeat sur les bords et une ambiance plus qu’estivale, les concerts live du groupe doivent réellement atteindre des sommets sur la piste de danse, même s’ils le faisaient déjà assez bien auparavant.

Au final, on se retrouve avec un album bien ficelé, sans longueurs et très efficace dans sa mission. La seule chose qui me retient de lui accorder une note plus haute reste son contexte de sortie. S’il sera assurément efficace chez le grand public et probablement une belle initiation au retour en force du funk chez plusieurs, reste que dans le milieu musical plus clairement indépendant, cette tendance est en vogue et embrassée par presque trop d’artistes depuis deux ans. Comparé avec des projets comme ceux de Kaytranada ou de Fonkynson (qui a passé quelques semaines en tête des charts de Spotify avec Caresse), je ne pense malheureusement pas que Oobopopop réussira à avoir le même impact à long terme. Et si je me fais sévère, précisons que c’est parce que j’aime bien maintenir de l’ambition face à ce groupe qui a, à mon avis, un bon potentiel à l’extérieur du Québec s’il poursuit sur sa lancée!