I Don’t Care de Jérémy Gabriel : l’avis de quatre experts

Le jeune Jérémy Gabriel a présenté un nouveau single à ses fans. Vu son immense médiatisation, I Don’t Care, tube pop radiophonique, méritait qu’on y prête oreille. Quelque peu craintifs à l’idée de s’attirer des représailles juridiques, quatre journalistes experts de Feu à volonté se sont tout de même serré les coudes pour vous donner leur avis.

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L’analyse approfondie d’Olivier Boisvert-Magnen

Nombreux sont ceux qui ont perçu, dans les paroles d’I Don’t Care, une tirade contre Mike Ward. Loin d’être aussi opportuniste qu’on le croit, Jérémy Gabriel profite plutôt de ce tournant vers la pop internationale pour régler ses comptes avec un autre intimidateur: Benoît XVI.

Rappelons les faits: le 11 mai 2006, celui qu’on appelait affectueusement le petit Jérémy a, en partie, réalisé son rêve, celui de chanter devant le pape au Vatican. On dit bien ici «en partie» puisque Gabriel désirait également s’asseoir sur les genoux du pape. Peu intéressé à poursuivre sa rencontre avec le petit garçon atteint du syndrome de Treacher Collins, le 16e Benoit avait abrégé l’entretien et s’était contenté de flatter la tête de son fidèle.

Dix ans plus tard, Gabriel remet les pendules à l’heure et se fait plus humble que jamais. «I was just lying», dit-il en référence à tous les bons mots qu’il a tenus pour Benoit, à son retour au Québec. «I couldn’t face the truth», ajoute-t-il, signe qu’il a mis du temps avant de comprendre que son idole avait tout simplement détourné son regard papale pour rire de lui.

Évidemment, Benoît XVI sait qu’il sera le prochain à goûter à la médecine Gabriel, de là le mystérieux «You think about me!??», scandé au refrain. Et que dire de l’insidieuse réplique «Nothing’s gonna stop me now» qui annonce un procès à venir entre l’adolescent à la voix d’or et le pape déchu de 89 ans.

Le rapport de plagiat d’Élise Jetté

Le petit Jérémy est rendu grand et, comme tout adolescent traversant la puberté, Jérémy se cherche. Si la majorité des jeunes de son âge ont l’habitude de se chercher en enchaînant plusieurs programmes de science sociale au cégep du Vieux, lui a choisi la musique pour lancer son appel à l’aide.

Alors que les Backstreet Boys tentent en vain de faire un retour, Jérémy, lui, vit dans le passé en tentant de ramener au goût du jour les belles années du groupe. Une analyse textuelle minutieuse a permis de déceler que presque toutes les paroles de toutes les chansons des BSB se retrouvent textuellement dans le single de Jérémy Gabriel. Coïncidence? Je ne crois pas.

Jérémy commence sa toune par «There was a time when», les BSB commencent Love Is par «Once there was a time love was just a myth».

Jérémy dit «I couldn’t face the truth», les BSB disent «You showed me how to face the truth», dans Never Gone.

Jérémy dit «Nothing’s gonna stop me now», les BSB disent «Nothing’s gonna stop us», dans Movin’ On.

Jérémy dit «I don’t care», les BSB disent «I don’t care who you are, where you’re from, what you did», dans As Long As You Love Me.

Bien entendu, les similarités sont choquantes et provoquent inévitablement une série de flashbacks à ceux et celles qui ont été marqués par les BSB. En espérant que les conséquences psychologiques imputées aux fans du boys band ne soient pas trop dommageables.

L’appréciation mi-figue mi-raisin de Mathieu Aubre

Jérémy Gabriel se mesure à nos fragiles tympans habitués à la crème de l’émergence. Son nouveau single se décline comme un travail pop à l’extrême, dans la grande tradition de cette véritable jungle inquiétante qu’est le Top 40. On dirait, au final, une sorte d’ex-membre de One Direction, expulsé du groupe à cause du pitch trop instable de sa voix, mais tout de même soucieux de se trouver une nouvelle mission dans la vie.

En fait, il ne manque au petit Jérémy qu’un groupe d’amis pour devenir un véritable boys band à succès. Genre 5 Seconds of Summer, mais version intimidée et vengeresse. I Don’t Care se décline comme un véritable hymne à l’espoir, adressé à des madames de Saint-Constant et interprété par un mix de Terminator et de Fumseck, le phénix de Dumbledore. J’ai bien hâte de l’entendre tous les jours en tête du 6 à 6 à CKOI: la chanson ferait une très belle relève au Sound of Silence de Disturbed dans la catégorie no-hit wonder. À écouter bien fort sur un subwoofer près de chez vous. Note: 26/10

Le constat dubitatif d’Alexandre Demers

Le chanteur Jeremy Gabriel arrive avec un Casio, une pelletée d’Auto-Tune et sa langue de Shakespeare pour présenter à l’auditeur québécois moyen la pièce I Don’t Care, une œuvre pop réchauffée au refrain over-loopé qui se veut comme une version Dollorama de ce que Cher offrait dans les années 90.

Même si la force du texte évoque la poésie d’un Leonard Cohen dans la fleur de l’âge artistique, livré avec l’irrévérence d’un Johnny Rotten cherchant à ébranler une population confortablement assise dans ses convictions, la pièce n’offre tristement pas assez pour l’auditeur à la recherche de sensations fortes. On attend la prochaine!