Dans son ambiance vintage, ses murs parsemés de boiseries, ses luminaires dignes d’un autre siècle ainsi que sa lumière sombre et tamisée, le Lion d’Or était l’endroit parfait pour le lancement du dernier album d’Antoine Corriveau, auraient pu affirmer certains journalistes.
Excédé par les commentaires de ces derniers, jugeant son dernier album sombre et ténébreux, l’auteur-compositeur voulait montrer aux spectateurs présents dans la salle de spectacle de la rue Ontario que son album est à l’opposé que ce qu’ils affirment. «Je pensais que je faisais un album festif. C’est festif en criss, des congas», lance-t-il en pointant les percussions de son acolyte Stéphane Bergeron.
Bref, Antoine Corriveau nous conviait à son lancement, et la dernière chose que l’on voulait faire, c’était de pleurer tapis dans l’ombre du bar.
Vêtu de noir de la tête au pied, incluant les frous-frous de son couvre-chef, l’auteur-compositeur- interprétait sept des dix chansons de son album paru le 21 octobre, Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter. Onze musiciens l’accompagnaient sur la petite scène du Lion d’Or.
Antoine Corriveau/Photo: Mathieu Aubry
Dès la première pièce du spectacle, Rendez-vous, également la première de l’album, les paroles s’appuient sur la puissance mélodieuse de trois violons et d’un violoncelle. Les gens présents sont réellement sous le charme et le démontrent amplement à la fin de la pièce, ce qui déstabilise Antoine qui en perd son pic de guitare. Cherchant frénétiquement, il en trouve un: «Caliss de pic!», dit-il avant d’enchaîner avec le second titre de l’album, Les contours clairs.
À la fin de la chanson, il affirme que les journalistes rencontrés durant la promotion de son album lui demandent systématiquement s’il va bien, ces derniers trouvant les paroles sombres et noires. Voulant nous prouver que son album est «fucking festif», le percussionniste débute Croix blanche, à l’aide de ses congas.
L’appui soutenu des cuivres (saxophone baryton, trombone et cor) juxtaposé à la voix écorchée de Corriveau et à sa poésie mélancolique, nous offrent du folk orchestral pas piqué des vers. Juste un peu en est la meilleure représentation, surtout sur scène.
La foule semble particulièrement heureuse de l’arrivée de la pétillante Fanny Bloom, qui chante en duo sur Constellation. La dualité des voix est parfaite. Elle interprète avec sensualité et grâce en murmurant dans le micro sa concupiscence (Google-it si vous ne savez) envers, je l’espère, ma personne. Malheureusement, je suis envoûté… Tout comme l’auditoire.
Fanny Bloom et Antoine Corriveau/Photo: Mathieu Aubry
Évidemment, il doit y avoir des remerciements lors d’un lancement – élément essentiel qui semble déplaire aux artistes plus qu’aux spectateurs. Antoine réussit de façon ludique à présenter son orchestre, en racontant des anecdotes semi-croquantes sur chacun des membres, tout en se rappelant avec brio du nom des 11 musiciens et musiciennes sans aide-mémoire. Antoine nous raconte également qu’au début du processus créatif, il n’avait pas vraiment de matériel et qu’il ne se sentait pas prêt. Stéphane Bergeron, le percussionniste, l’a poussé dans le cul en lui disant que s’il ne le faisait pas, il allait «finir comme Michel Pagliaro». Sage paroles, M. Bergeron.
La pièce suivante, Les trous à rats, démontre toute la puissance de l’orchestre qui accompagne l’auteur-compositeur. Les musiciens atteignent un climax musical à nous donner la chair de poule, les paroles évoquant de vigoureuses images cinématographiques. La soirée se termine avec Musique pour la danse, une chanson récitée à l’instar de Parfaite, sixième titre de l’album, qui met en valeur la voix rauque et caverneuse d’Antoine Corriveau.
Des spectacles sont prévus le 27 octobre à Québec et le lendemain à Sherbrooke.
Quelques dates sont également à l’agenda pour l’hiver 2017.
Malheureusement, Antoine a affirmé durant le lancement «qu’on pourra pas toujours jouer avec fucking onze personnes sur un stage». Espérons qu’il trouvera des «fucking» manières de le faire!