C’est le moment de revenir sur 2016 pour souligner les bons coups. On reviendra pas sur les moins bons coups parce que ça nous obligerait à avouer que, cette année, le Caboose Band a fait le Club Soda avant Dead Obies. Voici, nos albums francophones locaux préférés de l’année!
10 Brown – Brown
Qui a dit que le brun n’était pas à la mode? Ben t’étais dans l’champ, mon chum… L’année 2016 a commencé en force avec un des albums de rap kèb les plus complets des dernières années, offrant une écoute intégrale envoûtante du début à la fin. Le duo de frères émérites Jam et Snail Kid a eu l’éclair de génie de recruter le jeune prodige Robert Kerr (leur père). Ce qui est bien avec trio, c’est que ça rime avec brio. Mais une équipe n’est jamais complète sans un vétéran portant fièrement la barbe des séries à longueur d’année.«MreCi» Toast Dawg. Longue vie au Brown power! Et que j’voie un pur laine dire «Sa sufi»… (FRANÇOIS LARIVIÈRE)9 Chocolat – Rencontrer Looloo
Avec sa réalisation audacieuse et ses compos franchement bien foutues, on n’a pas grand-chose à reprocher à Rencontrer Looloo. Passant des ambiances planantes aux tracks décapantes, Chocolat s’y montre plus assumé que jamais; une belle confiance qui trouve définitivement ses échos sur scène. Je sais pas si le band à Jimmy Hunt est vraiment meilleur que R.E.M. (comme ils aiment le prétendre), mais dans mon cœur en tout cas, c’est pas mal ex æquo.(MATHIAS BP)
8 CRABE – Le temps f33l
4PR3S 4V01R R3MP0RT3 L3S PR1X D3 L’4LBUM PUNK D3 L’4NN33 3T D3 L4 P0CH3TT3 D3 L’4NN33 4U D3RN13R G4M1Q, 1L S3R41T D1FF1C1L3 D3 QU4L1F13R Le temps f33l, DU DU0 N0RMC0R3 CBRAE, D3 QU01 QU3 C3 S01T QU1 S3R41T M01NS F0RT 3N 1MP4CT QU3 L3S T3RM3S «CH0U3TT3» 3T «FUCK1NG 3XC3LL3NT». V1V3 L3S G3NT1LS P1S FUCK L3S R4C1ST3S! (MATHIEU AUBRE)
7 KNLO– Long jeu
Premier long jeu hip-hop en solo du beatfaiseur et rappeur des bas-canadiens d’Alaclair Ensemble, le sobrement intitulé Long jeu aura su en surprendre plusieurs. Ingénieux mélange de sonorités old school, boom-bap, jazz, funk ou même trap, le rap de KNLO fait aussi appel aux compatriotes Eman et Robert Nelson ainsi qu’à Caro Dupont, Jam et Lou Phelps. Un nouvel incontournable du rap kèb qui vous donnera envie de répéter la première lettre de l’alphabet non-stop pendant une couple d’heures à chaque écoute. (MATHIEU AUBRE)
6 Klô Pelgag – L’étoile thoracique
Y’avait du monde à messe pour l’enregistrement de cet album des plus singuliers. Avec Sylvain Deschamps (qui a coréalisé L’étoile thoracique avec Klô Pelgag), Klô a su amener son esprit qui implose en constellations de créativité encore plus loin que sur L’alchimie des monstres. Réinventant la manière d’aborder le quotidien, elle porte en elle une bible d’images poétiques toutes plus vivantes les unes que les autres. Chapeau à son frère Mathieu qui a su arranger avec génie l’orchestre à cordes, le trio de cordes et le sextuor de cuivres. Si la douce folie de Klô Pelgag pouvait se consommer sous forme de vitamines Adrien Gagnon, j’en achèterais une caisse pour tout le monde pis on règlerait ben des affaires! (ÉLISE JETTÉ)
5 Rednext Level – Argent légal
En plein équinoxe printanier, Maybe Watson et Ogden ont fait paraître Argent Légal via leur side-project euro-dance-rap-bas-canadien Rednext Level. Faisant l’éloge de la classe moyenne, les fameux minces nous ont pitché un album lumineux, dansant, concis, rythmé et absolument charmant. C’est fait avec du goût, du punch et une touche d’humour dosé pour en faire un produit remarquable qui goûte un peu les fruits de la passion. Comment rester de glace devant l’hymne de Maybe célébrant sa shape de bébé? Comment?!? (ALEXANDRE DEMERS)
4 Avec pas d’casque – Effets spéciaux
«Je suis venu te dire que je ne changerai pas, mais si tu veux t’étendre dans mes travers, il reste un peu de vieille lumière autour», peut-on entendre sur Autour, qui amorce Effets spéciaux avec la grâce d’une rédemption attendue. Le quatuor nous envoûte et désamorce toutes nos crises intérieures avec une poésie qui dépeint le quotidien avec sincérité. Avec pas d’casque signe une œuvre nécessaire qui réussit à marier les arrangements étoffés et la pureté des chansons dénuées d’artifices. Les yeux fermés, une tisane à la main et cet album qui crépite sur la table tournante: une recette gagnante pour panser toutes les plaies laissées par 2016. (ÉLISE JETTÉ)
3 Dead Obies – Gesamtkunstwerk
L’enregistrement fait live au Centre Phi a su capter mon attention lors de ma première écoute avec mes écouteurs over-ear de qualité moyenne au printemps dernier, quand je sortais mon BBQ DIY pis que je nettoyais ma galerie (posh life). J’attendais à la fin de chaque longue track afin de découvrir ce que le public attentif avait à dire, par exemple, «j’m’attends à ce qu’ils me décalissent la face» ou «je t’entends pas, le weed ici est trop loud». Pas mal juste des vers d’oreille qui vont définitivement lancer ma carrière de lipsync rap montréalais. À surveiller! (MARIELLE NORMANDIN PAGEAU)
2 Les Goules – Coma
Huit ans après la Messe des Morts, l’adieu officiel des Goules, et quelques spectacles ponctuels, la troupe de Keith Kouna a fait paraître en mars (en surprise) l’album Coma, avec des dates de tournée et un vidéoclip pour la chanson-titre de l’album. La voix criarde de Kouna qui s’époumone en disant «Gangbang chez’es fascistes» est une mise en bouche, une mise en garde, qui annonce que Les Goules n’ont rien perdu de leur pertinence et de leur efficacité. Un nouveau classique qui ne fait pas mauvaise mine face aux autres opus de la discographie du groupe. (ETIENNE GALARNEAU)
1 Alaclair Ensemble – Les Frères Cueilleurs
Coucou les coucous! Avec son dernier opus Les Frères Cueilleurs, les infameux d’Alaclair High offre un album d’une qualité hors du commun. Un mash de rimes riches et de beats fouettés; la sauce prend et notre ouïe nous en remercie. Tout en gardant l’irrévérence caractérisant les précédents TOUTE EST IMPOSSIBLE et Les maigres blancs d’Amérique du Noir, la bande d’Humble French Canadiens shootent des textes ardents et frénétiques, à l’instar d’un bazooka dans une chicane. Ce rêve lucide est tout sauf un sous-sol po fini. Tu pensais que c’tait ça que c’tait, mais c’tait Les Frères Cueilleurs. DWUWWYL ou Do what you want with yo life, comme qu’on dit. (MATHIEU AUBRY)