Sendai

Sendai

Ground And Figure

(Editions Mego)

Il faut se le dire, Sendai n’aime pas faire les choses comme les autres, tordant le cou au dancefloor à l’image de leur nouvel album Ground And Figure, petit bijou de techno tordue.

Peter Van Hoesen et Yves De Mey, le duo qui forme Sendai, élaborent des univers aux rythmiques hachées, portant en elles une abstraction dansante qui ploie sous le poids des machines. On n’est pas sans faire le lien avec les travaux d’Alva Noto et de Roly Porter de par leur capacité à construire des univers lourds et sophistiqués, auréolés d’une certaine légèreté, jouant sur le contrastes des matières.

Sendai aime sortir des sentiers battus pour courir sur des chemins cabossés, atmosphères à l’étrangeté suspendue et aux climats inquiétants. Tout en tensions élastiques, Ground And Figure joue avec les distortions sonores, figeant leurs ectoplasmes électroniques sur des murs aux courbes granuleuses.

L’esprit d’Autechre n’est jamais très loin non plus sur certains titres, à l’image du très lourd et sombre Liveable Beams, aux basses frondeuses et sonorités aigües abrasives. Leur vision expérimentale trouve une issue de secours de par la rondeur de l’ensemble et son minimalisme tranchant.

L’autre force de l’album réside dans sa faculté à créer des ambiances diversifiées, où calme et explosions soniques se conjuguent au pluriel, tout en respectant une certaine ligne de conduite, où le sound design spatial a une importance primordiale, jouant avec la stéréo de manière subtile et raffinée. Un album de post-techno aux effluves sci-fi. Acéré.

Roland Torres

Sendai