Fallait être ponctuel mardi si on voulait tout entendre d’Alejandra Ribera qui venait entre autres offrir une bonne partie de son plus récent album This Island. À huit heures pile, sans première partie, l’auteure-compositrice montréalo-torontoise aux origines argento-écossaises entrait sur la scène du Club Soda dans une lumière bleue et une atmosphère feutrée.
Alejandra Ribera/Photo: Élise Jetté
La voix envoûtante de la chanteuse me plaçant immédiatement dans un profond état de rêverie, je choisis dès le début du spectacle de rendre compte de mon expérience par une série de réflexions intérieures faites à moi-même durant cette soirée chaleureuse.
Voici mes 12 pensées les plus marquantes:
1 – Dès la deuxième chanson, un bruit intense met fin à toutes les possibles utilisations de la guitare d’Alejandra. Même si elle le voulait, on comprend à cet instant qu’elle ne pourra pas faire ce mythique cover de Jean Leloup:
2- Alejandra explique que, lors de son divorce, ne sachant plus où elle en était, elle a choisi de se retirer pour aller faire du bénévolat comme gardienne de moutons. C’est vraiment dommage qu’elle n’ait pas pensé à s’inscrire à L’amour est dans le pré. Ça aurait fait une pierre deux coups.
3- La chanteuse nous confit qu’elle n’aime pas beaucoup écrire des chansons à propos de la fin de l’amour. Elle amorce ensuite une chanson qu’elle dit ne pas avoir mise sur ses albums, car c’est trop difficile d’enregistrer en pleurant. Ça parle d’un amour qui manque de timing et d’une fille qui cogne à la porte d’un gars pour lui dire qu’il lui a brisé le coeur et que maintenant c’est à son tour à elle d’écraser son coeur à lui dans la bouette en crachant dessus (c’est dit de façon plus poétique). Le morceau est tellement triste que, même si t’as la vie sentimentale sans anicroche d’une princesse de Disney, tu te sens comme si tu te faisais crisser là sous la pluie en novembre.
4- Alejandra interprète Soft Place To Land. La fille derrière moi croit que c’est Sauf Place Tuna. Elle croit aussi qu’elle chante très bien.
5- À ma gauche, il y a une date pour laquelle je suis sûrement la third wheel, vue la proximité entre les chaises. Ça leur évite de se dire des trucs trop cochons dès le jour 1. Le gars vient juste d’apprendre que la fille porte des orthèses donc, clairement, ils se connaissent pas depuis plus longtemps qu’un swipe right.
Alejandra Ribera/Photo: Élise Jetté
7- L’entracte me permet d’apprendre le parcours universitaire complet des deux comparses à ma gauche. Je pense que ça clique leur affaire.
8- La voix d’Alejandra Ribera, c’est l’équivalent de porter un col roulé fait avec des bébés chats vivants.
9- Pendant The Undertow, je suis inquiète: sa voix est trop puissante. Si l’alarme d’incendie partait, pas mal sûre qu’on l’entendrait pas.
Alejandra Ribera/Photo: Élise Jetté
10- Est-ce que Pietro Amato possède le don d’ubiquité? Est-ce qu’il y a un artiste au Québec qui ne l’a jamais eu sur son stage?
11- Alors qu’on ne l’associait encore qu’à des bébés chats, Alejandra brise dramatiquement la magie en sacrant: «I’m about to fuck with your setlist», dit-elle à son éclairagiste.
12- C’est l’introspective Led Me To You qui met un terme au spectacle lors du rappel. Alors que la chanson contient davantage de silences calculés que de paroles, le barman intercepte ce bon timing pour échapper bruyamment l’équivalent en bruit d’une montagne de verres chez Ikea.