Sous hypnose à La Tulipe avec Leif Vollebekk

Publié le 04 mars 2017 par Feuavolonte @Feuavolonte

C’était soir de lancement à La Tulipe, jeudi, pour Leif Vollebekk et sa Twin Solitude. Si la thématique de cet album est cette aura de solitude qui continue souvent de planer même quand on est ensemble, c’est carrément ce que nous offrait le concert de l’artiste: une bulle pour réfléchir paisiblement au beau milieu d’une foule compacte.

Accompagné d’Adèle Trottier-Rivard, Ludovic Alarie propose une prestation assise, tout en sobriété, pour la première partie. Il enchaîne les chansons de son récent album L’appartement en donnant l’impression d’un concert classique: peu d’interactions et une concentration béton sur la musique livrée au public.

Le duo de voix est fluide lorsqu’elles se mêlent. Joli. Et on nous laisse malheureusement très ensommeillés pour accueillir Leif parce que c’est pas une première partie de GrimSkunk. La belle musique a parfois le défaut de ne pas être la plus entraînante.

Ludovic Alarie/Photo: Élise Jetté

C’est assis devant le clavier dans un silence complet que Leif Vollebekk s’installe vers 22h. On pourrait entendre une mouche voler ou un Montréalais renifler (c’est la saison du rhume). C’est comme son album que son show commence: avec Vancouver Time. Il interprète la pièce comme si elle était dans chaque fibre de son organisme. La pièce sort comme une maladie que l’on veut expulser, mais une maudite belle maladie.

Ses expressions faciales et ses mouvements d’épaules laissent imaginer de quoi il aurait l’air s’il tentait de se sortir d’une camisole de force. C’est ÇA, habiter sa musique. «Merci mon Dieu pour cette phrase», entends-je dans la foule alors que Leif dit «I’m only leaving cause I can’t stay». C’est vrai. Merci.

Les pièces de l’album défilent et, après Elegy, Leif s’adresse à nous: «C’est sold out, bravo, c’est un group effort, un effort de groupe, like voting! Ou pas vraiment. Je vais garder le show bilingue, si ça vous dérange pas. Comme un bon mauvais Franco-Ontarien.»

Leif Vollebekk/Photo: Élise Jetté

L’auteur-compositeur nous explique qu’il est allé faire un show à New York City cette semaine «just to try out shit, quiet.» Une destination de choix pour le calme!

«Je me demandais c’était quoi le câble qui était là par terre. Je pense que je vais brancher ma guitare», dit Leif avant de commencer Telluride.

On peut ensuite entendre Off The Main Drag tirée de son précédent album North Americana. Leif demande si quelqu’un avait vu son petit show à L’Inspecteur Épingle il y a quatre ans. Une fille crie que oui. Après lui avoir demandé son nom, Leif entraîne la foule à lui dire un beau «Merci Sarah.»

Leif Vollebekk/Photo: Élise Jetté

Leif avoue être ému et avoir besoin de demeurer concentré sur ses affaires. Toujours tirée de son album de 2013, Photographer Friend retentit, additionnée du nouveau groove de Leif, insufflé dans chaque chanson.

Confus, l’artiste admet avoir laissé un trou dans son set list pour faire une toune qui allait lui tenter à ce moment là. «Mais je sais pas ce que j’aime en ce moment», avoue-t-il.

Après avoir tenté de faire une joke ayant pour thème Un homme et son péché, (un gars qui vole l’argent de tout le monde et qui laisse mourir Karine Vanasse, c’est jamais le meilleur sujet pour faire une joke, Leif) il amorce Untitled 2 (Blue Faces) de Kendrick Lamar. Il enchaînera avec un magnifique cover de A Case Of You de Joni Mitchell. Faire ces deux covers l’un à la suite de l’autre relève du génie. Qu’on se le dise.

Leif Vollebekk/Photo: Élise Jetté

Leif nous demande si on est relax et que tout est chill: «J’essaie de garder ça relax pour vous laisser le temps de penser à vos own shit. On n’a jamais de temps pour penser. Ha! Comme là je me dis que j’ai laissé du linge dans la sécheuse. J’étais assez chill pour penser à ça.»

On est relax, Leif! Tellement que, durant East of Venus, le gars derrière nous s’effondre comme un château de cartes. Peut-être que Leif a les mêmes pouvoirs que Messmer.

Après Michigan, Vollebekk remercie son batteur Olivier Fairfield (Timber Timbre), un véritable génie et son bassiste (dont le nom m’échappe et dont je n’ai pas reconnu la face) avant de faire Into The Ether.

Pour le rappel, Leif appelle «ses amis, backstage invités pour faire quelque chose de fou, mais ils sont sûrement trop saouls pour venir sur scène finalement.»

Les amis n’étaient pas saouls, mais plutôt timides. C’était la raison pour laquelle ils se laissaient désirer. Le trio de saxophonistes finit par arriver pour interpréter l’introspective Rest qui conclut l’album. C’est une beauté rare, ce que nous vivons là.

Les amis de Leif Vollebekk/Photo: Élise Jetté