Minema // song to song de terrence malick

Publié le 14 mars 2017 par Unis Son @unissonmag

Song to Song, 2017, Terrence Malick – Rooney Mara, Michael Fassbender, Ryan Gosling.

Avec Minema, on fait la lumière sur ces films qui parlent de musique et qui nous touchent. Le premier épisode se devait d’être Song to Song de Terrence Malick. Vu le 12 mars au Luxembourg Film Festival, le film sortira en France le 12 juillet. – SPOILER ALERT LEVEL 3/5.

Le décor : le South By South West Festival. Autrement dit un des plus gros et des plus importants festivals des états unis, qui mêle musique, cinéma et médias interactifs. L’histoire : un triangle amoureux composé d’âmes perdues qui cherchent leur place dans ce monde. Une histoire assez classique mais racontée avec l’œil particulier de Malick. Alors, bien sûr, certains diront que ce qu’il a fait là, il l’a déjà fait avant. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est plutôt tout cet univers de festival capté par l’œil du réalisateur.

Alors bien sûr, les performances de Fassbender en producteur de musique fou et passionné, de Gosling en musicien romantique qui lâche prise, de Mara en jeune musicienne fragile et ambitieuse, de Portman en institutrice piégée par ses propres ambitions et de Blanchett en femme du monde malheureuse sont sublimes. Inégales dans le temps, mais sublimes.

Il y a une brutalité, accentuée par l’œil constant de Malick sur eux, qui les rend beaux, sincères et passionnants. Même si le film mérite encore quelques coupes, on se dit que deux heures c’est mieux que huit, durée du premier montage, et on apprécie la contemplation, le temps prit par le réalisateur pour capter chaque émotion. Tourné en 2012, sorti en 2017, on se demande quand même ce que vaut la version de huit heures…

Tout ce petit monde évolue au Texas, dans la ville d’Austin, où se déroule donc le South By South West Festival… Et c’est dans un pogo que tout commence. Rien de tel pour se mettre dans l’ambiance festival. On marche ensuite aux côtés de Gosling sur la terre battue par les festivaliers, avant de rejoindre Mara dans les coulisses.

Ce festival ne quittera jamais vraiment le film, tant on y revient. On voit ainsi Fassbender sauter sur le dos de John Lyndon, aussi connu sous le nom de Johnny Rotten, et se faire mettre au sol par les Red Hot Chili Peppers avant de discuter avec Iggy Pop, l’Iguane en personne qui passe toujours aussi bien à l’écran, malgré son grand âge. Et puis il y a Patti Smith, qui tient un rôle assez important dans l’histoire.

Telle une marraine protectrice, elle donnera au personnage de Rooney Mara quelques précieux conseils. On l’écoute, on la regarde. Son charisme fait écho dans ses chansons et Birdland résonne avec une grande intensité. On vibre dans notre fauteuil rouge. Son allure et sa voix unique sont magistrales et éclatent sur l’écran comme une évidence.

Musicalement, tous les styles y passent, se rencontrent, s’écrasent les uns contre les autres, se rencontrent et se révèlent, logiques et colorés, à l’écran. Un chaos harmonieux, brut, entre une solidité d’expérience et une fragilité que l’on voudrait cacher.

Malgré une fin attendue et en deçà d’autres moments, notamment ceux de perte, de questionnement et d’errance des personnages, on ne peut pas retirer au film sa force : capturer des univers musicaux forts et en faire la logique du film.