L’analogique et l’éphémère avec Le Bleu

La semaine dernière, le nouveau projet musical d’Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque, Le Bleu, rencontrait le public pour la première fois. Plus qu’un simple concert, Le Bleu a collaboré avec David Francke-Robitaille et Thierry Sirois pour créer un show audiovisuel éphémère. Retour sur les évènements et rencontre avec les créateurs!

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

La première partie, orientée sur l’installation visuelle, invitait le spectateur à s’approprier les lieux et découvrir une scénographie mystérieuse et mélancolique teintée de bleu. De vieilles télés posées sur le sol diffusaient du glitch Art à l’aide de VHS, une projection géante hypnotique d’une chaise enflammée illuminait la salle et des enregistrements live de la foule étaient rediffusés avec un traitement VHS pour que chacun devienne acteur de ce grand chaos analogique.

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Tout ça aurait pu sonner comme du snobisme ou une installation réservée à un public adepte d’art contemporain, mais David et Thierry ont réussi à créer quelque chose de beau et d’accessible. Bravo!

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Vers 20 h, Le Bleu monte en scène, ou plutôt descend, puisque le groupe s’est installé en contrebas, dans une fosse de déchargement du hangar. Aidé par la plus belle réverbération qu’il m’ait été donné d’entendre, créée par ce hangar gigantesque, Le Bleu nous plonge dans son univers. La guitare est puissante et la voix d’Adèle semble flotter dans les airs éternellement. Empreintes de nostalgie, les musiques se marient à merveille avec les éclairages et les projections que Thierry propose en VJing.

Après quelques chansons leur prestation se termine et on demeure un peu triste de ne pas pouvoir en écouter davantage, d’autant plus que leur musique n’est pour l’instant disponible nulle part. L’éphémère c’est bien beau, mais à quand un EP ?!

Entrevue avec David Francke-Robitaille

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

David Francke-Robitaille/Photo: Maxime Plantady

Raconte-nous ta rencontre avec Le Bleu et l’Arsenal.

Joséphine Rivard qui travaille pour l’Arsenal et qui est la soeur d’Adèle, leur a proposé, avec Nicolas, de performer dans le cadre des mardis culturels de l’Arsenal. Adèle connaissait bien Thierry et c’est comme ça que nous nous sommes réunis, puis liés d’amitié. Thierry et moi avons réfléchi à l’aspect visuel et Le Bleu s’est chargé, bien entendu, de la musique. Une musique que nous tenions à respecter, un style très mélancolique et mystérieux.

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

En quoi consistent Les Mardis culturels?

Le principe est de rentrer dans l’espace et de profiter de ce qui est déjà présent. Dans notre cas, nous avions deux toiles magistrales qui ornent la salle, et une grande estrade utilisée ici pour la projection. On a connu les détails il y a seulement trois mois. C’était rapide, et l’objectif a donc été d’occuper le plus d’espace possible et de transformer ce qui nous était offert.

Le visuel a donc été créé pour l’occasion, qu’en est-il de la musique?

Le Bleu avait déjà plusieurs compositions, mais le band n’existait pas. En fait, on déconstruit l’histoire de la musique québécoise. Au lieu de commencer par un EP, par les Francouvertes ou par des auditions à La Voix, on commence par le plus grand show épique qu’on puisse s’offrir, dans une galerie d’art, avec une trentaine de projections qui cohabitent avec la musique de Le Bleu. Quelque chose d’inédit qui n’existait pas avant ce soir. En gros, on a commencé par la fin!

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Visuellement, quelle est ta démarche?

Pour le visuel, la prédominance du bleu s’est imposée, étant donné que le band s’appelle Le Bleu. Mais on est allés chercher d’autres couleurs mélancoliques comme le rose pour former une sorte de bichromie. Quand on a découvert les lieux, on s’est rendu compte que c’était énorme, un grand terrain de jeu, ce qui était angoissant, mais aussi très enivrant, car on a pu se permettre de rentrer dans l’espace et installer nos images comme on le souhaitait. On s’inspire beaucoup du rendu des VHS. Il y a une dizaine de lecteurs VHS qui jouent des enregistrements analogiques que nous avons faits nous-mêmes, diffusés sur des écrans cathodiques et sur les écrans plats sur lesquels nous faisons en sorte de restituer ce même traitement analogique. Thierry a également ajouté une dimension live à ces images en faisant du VJ live, en jonglant avec des images préenregistrées et des loops enregistrés en temps réel.

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Qu’est-ce qui a pu rendre cette soirée si spéciale?

Il y avait plusieurs stations interactives pour donner quelque chose de théâtral à la soirée. Une station avec Ivan qui récitait des poèmes en espagnol, il y avait une station live qui diffusait une chambre avec une personne qui lisait, en l’occurrence moi! Une station avec un jeu d’échecs, quelqu’un qui jouait contre lui-même pendant les deux heures de la première partie (le tout était filmé et rediffusé sur une télévision avec un traitement VHS). Et enfin une station jeux vidéos. Le jeu en question était Super Smash Bross, qui avait été retravaillé graphiquement par un de mes amis, les textures et les couleurs étaient revues pour suivre notre esthétique. On baigne encore ici dans la nostalgie!

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Est-ce que votre collaboration avec Le Bleu va continuer?

Le band va continuer d’exister et Thierry et moi aimerions de notre côté continuer à leur fournir du contenu visuel. Nous nous sommes beaucoup liés d’amitié et on comprend énormément la vibe de chacun. Avec cette date butoir serrée, comme celle du spectacle de l’Arsenal, à la fin, on ne se consultait même plus pour prendre des décisions ou agir. On savait ce que les autres voulaient et on avait complètement confiance en leur travail respectif.

Quel a été l’accueil du public?

Le public s’est tout de suite approprié les lieux, c’est exactement ce qu’on souhaitait, et c’est exactement l’esthétique qu’on souhaitait. On est très heureux du nombre de personnes qui sont venues, on a vraiment été choyés. C’est la première fois que Les Mardis culturels recevaient autant de personnes.

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Après avoir mis autant d’énergie pour créer cet événement, comment te sens-tu maintenant que c’est fini?

Ça a pris trois jours d’installation, trois mois de travail et c’est déjà fini… Pas facile de tourner la page! Mais c’est aussi ce qui nous a permis d’aller au bout de notre folie et de faire ce que l’on souhaitait. Le projet n’était pas prétentieux. On a installé des choses, car on avait envie de le faire, par pur plaisir et impulsion et même s’il y avait parfois beaucoup de réflexions sur notre démarche visuelle et artistique, nous avons également laissé place à l’improvisation. Comme cette projection de la chaise. On a simplement testé de mettre une chaise en feu. Le résultat nous a plu, on a trouvé l’image belle et on a travaillé les bandes jusqu’à obtenir l’esthétique voulue.

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady

Le Bleu/Photo: Maxime Plantady