Ça a été tout un choc pour plusieurs d’entre nous qui sommes entrés dans le nouvel Esco ce samedi pour sa réouverture officielle et pour le concert de Frigs et Duchess Says. Ça frappe au visage et ça te fait te demander à quoi ressemblera l’avenir pour l’ancien «Carrefour Rapido-Fameux».
Beaucoup de gens/Photo: Etienne Galarneau
Que l’on s’entende avant toute chose: le nouvel Esco est magnifique. Ouverte de justesse vendredi et, selon le mot qui circulait, pas encore tout à fait finie pour son lancement, la salle de spectacle a pris un gallon inégalable. On parle de deux ou trois fois plus d’espace, d’une cuisine, d’une couple de moniteurs de plus sur scène et de D.E.L. au plafond pour donner un show de lumières (ce qui permet aussi aux inaptes de la caméra de s’en tirer correctement; un luxe!)
Non, mais si c’est pas des beaux moniteurs/Photo et infographie: Etienne Galarneau
Mais tout ce beau monde – et c’est qu’il y en avait du beau et du nombreux, de monde – assiste-t-il à la fin d’une période pour la scène alternative? Pour le jeune musicien que j’étais jadis, dans les banlieues de Québec, l’Esco a toujours eu cette aura, comme le Quai et le Divan, de rite de passage. Les meilleurs y sont passés. Fouler ses planches est un privilège que tu vois, au loin. Une fois en ville, tu y découvres plutôt un autre rite de passage, celui du développement, du cassage de sets, de la découverte. On se plait à dire qu’à 12 personnes, on ne rembourse pas l’ingénieur de son, mais on a l’impression que la salle est pleine. Tripler l’espace, ça change l’énergie.
Le spectacle de Duchess Says est un sapré bon exemple. Le quatuor a la notoriété et le public pour remplir une grande salle. Jumeler l’énergie d’un sous-sol en pierres avec le volume pour faire entrer tous ces gens, ça donne un cocktail explosif et inoubliable. De fait, on salue la fougue et l’énergie de la troupe d’Annie-Claude Deschênes. Itou, pour Frigs, qui a donné une perfo audiblement intéressante (audiblement, parce que la scène, au niveau du sol, la foule nombreuse et l’éclairage bleu foncé ne nous laissaient pas place à voir grand-chose sans être dans le chemin vers les toilettes).
*Les toilettes, d’ailleurs, qui ne sont jamais facile d’accès dans les soirées de lancement de salle de spectacle, mais ça c’est probablement juste un signe que je deviens tranquillement agoraphobe.*
Frigs/Photo: Etienne Galarneau
Sauf que le show montre la formule que pourrait, et devrait peut-être, prendre l’Esco: le point médian entre le Ritz PDB et le Club Soda, une sorte de Sala Rossa avec le petit je-ne-sais-quoi du demi-sous-sol qui donne un côté secret et mystérieux. Il en faut. Le paysage en aura besoin. Mais 12 personnes ne créeront jamais l’illusion d’un espace plein. Si la programmation reste encore similaire, voire analogue (#addiction), à celle de l’Esco passé, j’ai hâte de voir ce qu’il en sera de l’avenir. Est-ce que la programmation sera similaire ou les promoteurs viseront plus gros? S’ils visent plus gros, y aura-t-il un nouveau coin à la forme géométrique qui relie la Rockette, le Quai et l’Esco? Le Bistro de Paris ou le Bily Kun? Est-ce que le rock sera décentralisé et la Brasserie Beaubien se présentera en incontournable des musiciens indépendants?
Duchess Says/Photo: Etienne Galarneau
Ce sont toutes ces questions qui m’ont tourmenté quand j’étais entassé près de Gourmet Délice devant le bar revampé de l’Esco, avec les classiques et rigoureusement efficaces playlists de DJ Mathieu Beauséjour dans les oreilles. Est-ce qu’on aime le nouvel Esco? Oui, bien sûr.
Qu’est-ce qu’on pense du nouvel Esco?
Pour cette question, laissons le temps nous montrer comment la game a changé. Mais une chose est sûre, le virage, s’il y en a un, sera imposant. L’Esco est mort, vive l’Esco. On souhaite le meilleur à toute son équipe qui a fait un excellent travail pour créer ce nouvel espace pourtant déjà familier.