Alaclair Ensemble peut-il vraiment «chanter Montréal»?

Des questionnements ont été soulevés, il y a quelque temps concernant la validité de la musique d’Alaclair Ensemble, plus précisément de la chanson Mon cou, afin de représenter Montréal lors de l’illumination du pont Jacques-Cartier, évènement de la décennie. L’animateur Dominic Maurais, à Québec, nous a trouvés ben nonos d’avoir mis en action ce plan lumineux à 30 millions au son de cette musique qu’il a durement qualifiée. En voyage à New York, le berceau de la culture hip-hop en Amérique, j’ai décidé d’aller prendre le pouls du rap, là où son coeur bat. J’ai fait, comme Guy Nantel, mais sans cibler les gens qui savent rien: j’ai fait un vox pop.

Alaclair Ensemble/Photo: Jerry Pigeon

Alaclair Ensemble/Photo: Jerry Pigeon

Étude sociologique réalisée avec Catherine Genest

Images capturées par Alicia Beauchemin

Revenons d’abord sur les évènements. Maurais s’exprime au sujet d’Alaclair en mentionnant que ça ressemble à Marie Eykel sur la drogue dure:

Selon la Bible Wikipédia, «le hip-hop, musique rap ou musique hip-hop est un genre musical caractérisé par un rythme accompagné de rap et de chants. Le genre se développe en tant que mouvement culturel et artistique apparu aux États-Unis à New York, dans le South Bronx au début des années 1970.»

Notre seul arrêt dans le coin du Bronx lors de notre voyage à New York s’est soldé en une rencontre avec plusieurs enfants d’âge préscolaire laissés seuls pour jouer dans la rue. On a décidé de régler une chicane entre deux d’entre eux parce qu’on est smatt. Leur mère nous a crié après à partir du huitième étage de son immeuble pour nous remercier de nous occuper de ses enfants. On a failli les ramener avec nous. Personne s’en serait rendu compte.

Troublées par cette expérience, nous avons décidé de faire notre vox pop dans un autre quartier, près du Musée de Brooklyn pour avoir accès à des gens qui vont au musée à l’occasion et éviter ce genre de résultat.

Par un beau dimanche après-midi, on se promène donc dans le but de démystifier l’indémystifiable: c’était tu legit de donner une tribune à Alaclair Ensemble pendant un évènement d’envergure soulignant l’anniversaire de Montréal? Voici les commentaires des gens à qui on a fait écouter Mon cou. Tous les propos rapportés sont des traductions libres.

1 Ce couple-là

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Un couple de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

La fille: Ça dit quoi ce refrain-là?

Nous: Ils énumèrent les parties du corps.

La fille: Ok, c’est pour danser? J’adore ça, la danse.

Le gars: Ça sonne bien! Je serais fier si c’était l’hymne de ma ville. Ça montrerait qu’on n’a pas peur d’innover et d’être à l’avant-garde.

2 Cette fille-là

Une fille de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Une fille de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

La fille: J’ai déjà aimé une fille qui faisait du rap en français, mais j’ai oublié c’était qui.

Nous: C’était une Québécoise?

La fille: Je ne crois pas. Je ne sais pas faire la différence entre votre accent et celui des Français.

Nous: Que penses-tu de la chanson?

La fille: C’est pas vraiment mon style, mais ça me met de bonne humeur. Si c’était l’hymne de ma ville, peut-être que je déménagerais, mais en même temps, j’ai aucune idée de ce que veulent dire les paroles donc je préfère ne pas me prononcer. On se prononce pas sur ce qu’on connaît pas, tsé.

3 Ce couple-là

Un couple de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Un couple de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Le gars: J’ai peut-être déjà entendu du rap en français, mais jamais une chanson au complet. Ça va être une première pour moi. Yes.

La fille: C’est très catchy. Ils pourraient être en train de dire n’importe quelle niaiserie et ça serait pas grave parce que le son est accrocheur. Ils peuvent vraiment dire de la marde si y veulent parce que le son est bon.

Le gars: C’est du rap ça? Vous êtes drôles, vous autres, les Québécois. Ça sonne comme de la pop, mais si c’était l’hymne de notre ville, ça serait moderne en esti. Donc je dis oui.

4 Ces filles-là

Deux filles de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Deux filles de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Fille #1: J’hais vraiment ça. J’ai pas de raison.

Fille #2: Je trouve que les gars ont beaucoup d’attitude. Je peux facilement imaginer les gens cheerer durant n’importe quel évènement ou match de sport à Montréal au son de cette musique-là. Regarde, je mets mes bras dans les airs et je suis sur le beat. J’ai-tu l’air de vivre à Montréal?

Nous: Ouin.

5 Cette fille-là

Une fille de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Une fille de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

La fille: Mon cou? Quand même audacieux comme titre de chanson! Heye, j’ai compris des mots! J’adore ça. Je pense que j’ai déjà entendu ça. J’ai des amis en Asie et ils écoutent du rap en français. Je trouve que ça sonne comme Montréal.

6 Ce gars-là

Un gars de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Un gars de Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Le gars: J’ai déjà entendu des gens parler en français une fois dans ma vie. C’est vraiment spécial pour moi.

Nous: Pis la chanson, mettons. C’est ton genre?

Le gars: J’aime beaucoup le beat. Mais je veux pas que tu me la traduises. S’il vous plaît, ne la traduis pas. Ça va briser la magie.

Nous: Ça te donne le goût de danser?

Le gars: Non.

Nous: Ça pourrait être une chanson emblématique?

Le gars: Je ne comprends pas le français et je ne veux pas le comprendre, mais si j’étais un francophone, je chanterais toujours cette chanson-là. Je voudrais que ça soit la chanson qu’on fait jouer dans tous les évènements.

DONC.

7 OUI.

1 NON.

1 PAS SÛRE.

L’affaire est réglée.

Catherine et moi, capturées sur le vif, durant une danse inspirée au son de Mon cou:

Nous à Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin

Nous à Brooklyn/Photo: Alicia Beauchemin