La fête se poursuit avec Femminielli Noir

Publié le 21 juin 2017 par Feuavolonte @Feuavolonte

Femminielli Noir

Échec et mat

MIND Records

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Le duo montréalais Femminielli Noir frappe encore une fois un coup sûr avec son album Échec et mat, une compilation de pièces enregistrées entre 2013 et 2014, mais lancées 3 ans plus tard pour notre plus grand plaisir.

Femminielli Noir, c’est la rencontre qu’on ne savait pas qu’on avait besoin: Bernardino Femminielli et Noir, le projet du producer Jesse Osborne-Lanthier. Le duo né en 2013 à la suite de la parution de leur album L’éveil, a depuis lancé deux EPs, dont un mini-album live à Hull. La semaine dernière, ils nous offraient, via le label japonais MIND Records, leur 2e album complet, Échec et mat, en plus d’un court EP de trois pistes, Et que la fête continue, destiné à compléter et accompagner le disque.

L’album est en quelque sorte la trame sonore d’un club glauque et déjanté, image soulignée notamment sur Jeunesse dans la discothèque. S’attaquant à ses thèmes chéris, Femminielli nous y parle de dérive, de violence et de sexualité avec l’aplomb et l’absence de pudeur qu’on lui connaît. Répétitifs, les textes accompagnent une musique tapageuse et rapide, redondante à en perdre la tête. «Le cri du garçon m’apporte des beaux souvenirs», nous répète-t-il, inlassablement. La pièce donne le ton au reste, après une intro lente et dissonante, et on sait que l’on s’aventure dès lors dans des terrains sombres et inconnus.

Mixant des influences technos et dances, la violence de l’industriel, quelques touches plus expérimentales et électro-acoustiques par moment, la musique du duo a tout pour agresser les oreilles, mais de façon souvent bien agréable. Certains interludes instrumentaux sont particulièrement bien réalisés, reposant un peu l’auditeur entre les pièces rapides et les chansons souvent plus violentes qui ponctuent Échec et mat. Chantés autant en français qu’en espagnol, toujours avec des textes effacés derrières plusieurs couches de bruits, les textes semblent moins destinés à être compris et analysés qu’à d’être placés dans une logique impressionniste. Difficilement compréhensibles, ils deviennent un élément musical parmi les autres.

Côté structure, je vous dirais que la face A de l’album se révèle peut-être un peu plus intéressante que la B. C’est probablement tout simplement le fait de retrouver trois chansons d’un côté et une seule de l’autre qui donne cette impression, et je vous dirais que la version complétée par le EP s’avère particulièrement intéressante puisqu’elle vient justement ajouter un peu de moelle autour de la fin de l’os que l’on trouvait si plaisant à gruger au départ. Toutefois, il reste que la réelle conclusion de Échec et mat, Califato, est l’un des moments les plus frappants du lot, de par sa lenteur qui contraste au maximum avec les 35 minutes qui la précède. Un autre tour de force.