«Le festival de la saison en cours de Québec» – JOUR 1

Publié le 07 juillet 2017 par Feuavolonte @Feuavolonte

Cette semaine, j’avais le choix entre payer mes quatre mois d’Hydro en retard ou partir deux semaines pour un autre festival de musique. Ça fait que je suis présentement à Québec en train de voir des shows dans ce que je surnommerai «Le festival de la saison en cours de Québec». Nous n’avons pas obtenu d’accréditation pour y assister cette année donc nous nous réservons le droit d’être passif-agressif. Retour sur la soirée d’ouverture sous le signe du calme et de la sobriété.

Mon aventure au «Festival de la saison en cours de Québec» commence avec la Haligonienne Ria Mae. Elle offre une proposition pop particulièrement inintéressante et assez éloignée de l’idée qu’on se fait normalement du concept général d’innovation. C’est assis au Parc de la Francophonie avec beaucoup de têtes blanches que j’arrive à ce constat et je ne suis visiblement pas le seul. Après deux chansons, un homme bien installé sur une chaise de camping dira assez fort à sa femme qu’il déteste la musique qu’il entend.

Pour poursuivre dans l’appréciation: un autre gars pas loin passe pas mal tout le début du show à crier aux gens de s’asseoir et à huer l’artiste. Moi aussi j’aimerais ça avoir assez de cash dans la vie pour me permettre d’aller voir des shows que j’haïs. Ça doit être l’effet Melissa Etheridge, censée monter sur scène plus tard dans la soirée… Le public est visiblement au comble de l’excitation: quelques minutes plus tard, la chanteuse descend prendre un bain de foule et offre des poignées de main. La quantité de gens intéressés se révélera aussi élevée que le nombre de photos dans cet article. Un set, donc, que je ne classerai probablement pas dans mon top de vie, mais, avoir été un fan de Rouge ou de Virgin, j’aurais pu danser un peu.

Je reste installé sur le site, maintenant plus grand et habilement agrémenté d’un écran géant pour projeter le show, et, le temps d’aller tester les fontaines d’eau du festival, c’est déjà aux légendaires The Zombies de prendre la relève. Le groupe, qui aura su durer plus longtemps que ses compatriotes et collègues The Beatles et Led Zeppelin, vient présenter un spectacle dans le cadre de sa 50e année de tournée. Si le groupe en a perdu pas mal avec les années, surtout le chanteur Colin Blunstone, il reste quand même que Rod Argent est toujours un génie à voir en spectacle. Le claviériste, qui a su préserver son talent à travers les âges, nous offre à répétition des solos d’orgue enlevants. Je tripe justement un peu trop lors de la présentation d’une version allongée de Time of the Season.

Très calmes, les Anglais prennent le temps de parler pas mal au public entre leurs chansons, pour raconter des anecdotes de tournée ou de studio. La proposition est sympathique, surtout avec leur accent anglais à trancher au couteau. Un autre que moi semble apprécier: assis derrière moi, un homme s’en donne à cœur joie en fumant un joint avec ses filles mineures. C’est aussi ça, la vie de festivalier!

Je quitte légèrement avant la fin, question de me rendre à l’Impérial avant que la salle n’affiche complet. C’est DJ Shadow qui y performera à 21 h. Ma première constatation une fois sur place: la moyenne d’âge est étonnamment élevée pour un show à tendance hip-hop comme celui-ci. Je ne crois pas qu’on retrouvera la même chose demain sur les Plaines pour Dead Obies: ça doit être l’absence d’autotune qui dépayse trop les jeunes pour les attirer. Après quelques minutes de retard, Joshua Paul Davis fait son entrée sur scène, juste après une toune débutant sur des samples d’outils. Je me demande s’il s’agit d’un subtil hommage au travail de DJ Dadmagnet.

Très posé, Shadow commence son set sur un petit discours de 2-3 bonnes minutes pour remercier les gens de Québec de s’être déplacés. Personnellement, je vis déjà un assez bon trip en tant que dj, rien qu’en regardant son équipement très simplifié. Je serai encore plus servi durant la performance alors qu’une caméra sera installée pour filmer les mains de l’illustre sampler, afin de projeter son travail sur les nombreux écrans qui l’entourent lors des séances de scratch.

Pendant que je suis dans l’observation et la sobriété, fait rare pour ceux qui me connaissent, d’autres sont beaucoup plus sur le party. Un groupe dans la quarantaine se met à danser au balcon, nous offrant sensiblement une réplique de cette mythique vidéo, moins les costumes. Pour mieux imaginer le résultat, je vous invite fortement à la mettre sur mute et à passer votre track de Shadow préférée en même temps. Ça devrait faire la job.

L’effort est particulièrement notable lorsque l’on considère qu’on n’est pas vraiment dans un dj set à proprement parler. Shadow utilise une formule de show plus conventionnelle sur scène, avec des pauses entre ses pièces et quelques interventions à l’occasion. Bravo aux fêtards pour leur inventivité lorsque vient le temps de combler ces trous. Le set se poursuit et on n’arrête pas le progrès: un gars vient déplier une toile transparente et on peut bientôt assister à des projections holographiques en plus des jeux de lumière et des écrans déjà nombreux. C’est le genre de moment où je regrette de ne pas être sur l’acide. Le show se conclut finalement sur un enchaînement audacieux entre le nouveau classique Nobody Speaks et le vrai classique Building Steam with a Grain of Salt. Un bon résumé de la polyvalence du dj.

Je décide d’aller finir ma soirée au Cercle. Dans le cadre du mini-festival Signaux de nuit, présenté chaque soir après le «Festival de la saison en cours de Québec», la salle accueille chaque soir des bands indie qui n’ont pas été invités dans les grandes ligues: une belle initiative. Ce soir, c’est l’ami Radiant Baby qui y joue en première partie des nouvellement Montréalais Men I Trust.

Le spectacle commence avec une quinzaine de minutes de retard et c’est malheureusement le coup de grâce pour moi, surtout considérant les horaires de nuit faméliques de la RTC. Je reste tout de même pour les premières chansons, question de faire acte de présence. Ça me donne le temps de constater qu’on peut maintenant acheter des lighters dans la merch du premier artiste: une excellente idée! Sinon, pas grand-chose à signaler, à part que la soirée s’annonce déjà bien belle pour Félix Gauthier-Mongeon qui fait face à une salle assez remplie!

Citation de la soirée: «Je commence à être vraiment bon au piano. Je suis juste pas encore capable de jouer avec mes deux mains, mais sinon je peux tout faire le reste.» -Un dude qui n’a visiblement pas tout saisi des bases du piano durant le show de Ria Mae.

Programme de demain: Dead Obies, Anderson .Paak, Kendrick Lamar et Voyage Funktastique.

Oui, vous avez le droit d’être jaloux.