Ma quatrième soirée au «Festival de la saison en cours de Québec» débute sous le signe de la pluie. En effet, une averse assez violente se déclare de façon inopinée juste avant 17 h et coupe ma hâte de me rendre à Heat. Le reste de l’aventure sera toutefois bien agréable et au sec. Retour sur une soirée sous le signe de la pop!
Avec Élise Jetté
L’arrivée d’Élise à Québec avant la pluie/Photo: Stéphanie Perron
Notre soirée commence donc par un show de trip-hop, étiquette que l’équipe du festival aura décidé d’accoler à la musique de Geoffroy. Nous présentant un spectacle en formule trio, mais aussi accompagné d’un instrumentiste maniant à merveille la clarinette et le saxophone, le Montréalais revisite les pièces parfois lentes de son album Coastline de façon convaincante. Il alterne entre des eaux downtempo et plus dansantes pour garder le public intéressé et le résultat est particulièrement efficace, alors qu’une foule impressionnante se masse près de la fontaine de Tourny.
Geoffroy/Photo: Élise Jetté
Je suis assez impressionné au final, moi qui n’avais pas vraiment d’attentes face à cette prestation. Mais le plus étonnant restera tout de même le fan-club que Geoffroy réussira à conserver sur place, près de la table de merch, même 15 ou 20 minutes après le spectacle, alors qu’une bonne trentaine de jeunes filles faisaient la file pour le rencontrer.
Elles pensaient que c’était un Backstreet Boy/Photo: Élise Jetté
C’est ensuite au tour de Le Couleur de venir prendre la relève, et le défi s’annonce de taille alors que les très pertinents Nick Jonas et La Chicane performent respectivement sur les Plaines et au Parc de la Francophonie au même moment. Qu’à cela ne tienne, le band se présente avec aplomb sur la scène Fibe pour offrir du matériel tiré de son album P.O.P. Efficace et entraînante comme à son habitude, la bande de Laurence Giroux-Do réussit tout de même à attirer un beau public qui ne se fait pas prier pour danser. Si la nouvelle pièce du groupe, un cover de Veridis Quo de Daft Punk, ralentit légèrement les ardeurs de ceux qui sont trop sur le party, le reste du set les remettra sur le piton.
Le Couleur/Photo: Élise Jetté
Perso, je tripe sur l’ajout de cette pièce dans la liste de chansons qui vient créer un bel interlude en milieu du spectacle. Le groupe quitte finalement sur un Voyage amoureux survolté, juste après que Steeven Chouinard ait pris le temps de nous lâcher un petit «Backstreet’s back, alright» bien à propos.
Pendant ce temps, juste à côté de la scène, on fait un remake peu convaincant de l’extinction des dinosaures.
Tous morts/Photo: Élise Jetté
Je me déplace par la suite vers la Place d’Youville, où la formation jazz américaine Pink Martini se produit. Je dois vous avouer que j’ai un fort sentiment de nostalgie lié à ce groupe, alors que leur album Hang On Little Tomato jouait énormément dans la voiture de mon père lorsque j’étais plus jeune et que c’est aussi l’un des premiers spectacles que j’ai vus avec lui en 2009, durant l’actuel festival. Je suis donc assez heureux de pouvoir revoir le groupe, huit ans plus tard, sur une plus petite scène qui laisse mieux apprécier l’immense travail de sono que le groupe de douze membres exige.
Vu le vaste catalogue du groupe, la sélection effectuée ne comporte que des morceaux déjà bien connus du public et ça commence en force avec Amado Mio et Sympathique. Semblant heureuse de jouer à Québec, la chanteuse China Forbes en profite pour ne parler qu’en français, langue qu’elle maîtrise bien, au public cordé serré devant elle. Elle nous présente les chansons sélectionnées par le groupe avec quelques notions sur les langues et les genres musicaux concernés. Chaque instrumentiste aura aussi son petit moment sous le projecteur, à commencer par l’illustre Thomas Lauderdale, pianiste et fondateur de la formation. Sans être un spectacle qui révolutionnera l’histoire de la musique live, il n’en reste pas moins que nous avons droit à un sans faute bien apprécié de la part du groupe de Portland qui fête ses 23 ans de carrière.
Élise aux Backstreet Boys
En fin d’après-midi, une courte marche dans le secteur du festival nous permet de voir avant tout le monde (et sans payer 300 $) A.J. qui texte bonnement, appuyé sur une béquille.
A.J. en béquilles/Photo: Élise Jetté
En nous déplaçant vers les Plaines, nous réalisons que les gens qui avaient amené leur kit de camping pour être les premiers à franchir les portes des Plaines n’ont pas hésité à abandonner leur attirail puant de nuit dans un amas de bouette près des toilettes chimiques. C’est propre.
Le kit de camping/Photo: Élise Jetté
D’ailleurs, côté toilettes chimiques, l’entretien est limité et on croise à plusieurs reprises des piscines pour Barbie remplies de pipi resté coincé.
Piscine de Ken et Barbie/Photo: Élise Jetté
Une fois sur le site des Plaines, c’est Nick Jonas qui chante. «À ne pas confondre avec Jonas», me précisera-t-on! J’ai pas vu grand-chose et j’ai entendu des chansons pop pendant une heure alors que je croisais aussi Pink qui s’était assez remise de ses galipettes de la veille pour pouvoir enfin joindre la plèbe et faire la file aux toilettes comme tout le monde.
Pink et ses proches aux toilettes/Photo: Élise Jetté
Il y aura un moment solennel où les lumières s’éteindront. Ce sera suivi par une hystérie complète de près de 100 000 personnes simultanément transportées dans les années 90 avec Larger Than Life, une chanson exprimant la gratitude du groupe envers les fans. En ce qui a trait au spectacle, plusieurs grands classiques ont été interprétés. Aucun faux pas majeur dans les oublis.
Seulement, des chansons inconnues (au moins deux) ont parsemé le set list, faisant ainsi diminuer la production ovarienne générale sur les Plaines: c’était pas des bonnes tounes. Un enchaînement de slows nous aidera également à nous rappeler qu’on est dimanche et que, à cette heure-là un dimanche, on est couchés.
Autrement, les frissons étaient au rendez-vous pour les chansons sur lesquelles toutes les filles nées entre 78 et 91 ont déjà fait des chorégraphies qui se trouvent encore actuellement sur des cassettes VHS. Gros bémol à la mise en scène qui permettait de voir des filles à moitié nues, vêtues de straps de cuir, jouer aux dominatrices sur scène. On sait que le public des BSB a vieilli, mais il n’est pas forcément devenu confortable avec l’idée de mêler la porno à des succès musicaux rappelant l’enfance.
Également, quelques remix surprendront négativement telle la nouvelle version de Get Down, agrémentée de sonorités cubaines. C’est pas original, c’est juste pas bon.
J’ai pleuré 2 fois, j’ai crié trop fort 9 fois et j’ai bu 3 verres de vin de plus que quand je les ai vus en show en 1996.
Essayer d’avoir une image de la chose/Photo: Élise Jetté
La fin de soirée de Mathieu
Pendant que la nostalgie bat son plein sur les Plaines, je me dirige plutôt vers le Cercle, où les Hôtesses d’Hilaire seront en performance aux petites heures du matin. Il y aura toutefois une première partie qui foulera la scène avant un spectacle, qui s’avérera grandiose selon ce qu’on m’aura rapporté: ce sont les Abitibiens de Lubik qui viennent réchauffer les planches. Confession en commençant: je n’avais jamais vraiment écouté la musique du quatuor. Et bien, je suis assez bien servi alors que leur rock gras et pas trop exigeant, teinté d’influences stoner, me rentre dedans avec force.
Après trois chansons, on a déjà commencé un moshpit intermittent et j’ai défait mon chignon pour le plus grand plaisir photographique de Jacques Boivin, collègue québécois de Écoutedonc.ca comme vous pouvez le voir ci-bas. Le show s’enchaîne bien et le groupe fait bientôt monter un invité surprise sur scène: Vincent Peak de Grimskunk qui vient nous crier bien fort au visage. Je passe honnêtement un beau moment devant un record de sacres en interventions. Comme quoi l’esprit de l’Abitibi est bien représenté par la bande. Vidé, je rentre finalement me coucher avant l’arrivée de Serge Brideau et ses rockeurs sur la scène du Cercle. Je suis un peu triste, mais je suis sûr que ma santé générale s’en portera un peu mieux.
Ma chevelure princière/Photo: Jacques Boivin
Citation du jour de Mathieu: «Je trouve ça cool pour lui! Plein de belles petites filles en santé comme ça qui vont le voir.» – Une amie impressionnée par les fans de Geoffroy
Citation du jour d’Élise: «Gardez le sourire, j’ai la diarrhée.» – Un gars avec une balloune-sourire qui essayait de se faufiler rapidement vers la sortie du show des BSB dans la cohue de la fin.
Programme de demain: un photo-reportage à Québec, Fred Fortin.