Rendez-vous manqué avec Cornemuse à Québec

Publié le 18 juillet 2017 par Feuavolonte @Feuavolonte

Ce soir, c’est le spectacle hommage d’une génération qui a été sélectionnée par l’équipe du Festival de la saison en cours de Québec pour conclure sa 50e édition. Je leur lèverais mon chapeau, si j’avais l’habitude d’en porter, mais j’aime trop ma chevelure princière pour le faire. Le choix des programmateurs est audacieux et en aura surpris plusieurs: un hommage à Cornemuse pour fermer les Plaines, ça a de quoi surprendre. Retour sur une soirée d’incompréhension.

Je commence ma dernière soirée de onze à l’Anti pour le show des Montréalais Atsuko Chiba. Bien évidemment, vu qu’on est dans un bar, le show commence 15 minutes en retard: pourquoi arrêter de suivre les bonnes vieilles traditions même si on est en festival, hein? Le quintette monte finalement sur scène, s’avançant aventureusement parmi une quantité orgiaque de fils en tout genre, reliant une quantité impressionnante d’items d’équipement audio. Ayant réussi à atteindre son poste final, le groupe s’exécute, nous offrant sa musique unique.

En flirtant avec la lourdeur du sludge, le côté épique et plein de claviers du prog et un chant à la Zack de la Rocha, la formation réussit rapidement à créer une identité sonore qui lui est propre et qui ressort excessivement bien en spectacle. Sobres dans l’exécution, sans trop bouger inutilement, mettant l’accent sur leurs projections psychédéliques et expérimentales, les gars conservent une attitude bien professionnelle qui leur sied bien. On ne les entendra finalement parler qu’une seule fois, à la toute fin du spectacle pour remercier un public à 50 % en liesse et à 50 % circonspect. À mon avis, c’est bon signe.

Je vais ensuite souper rapidement avec des amis, eux aussi bien préparés mentalement pour le spectacle de Cornemuse comme en témoigne cet habile maquillage.

Un maquillage réussi./Photo: Divan Viril

À noter que le choix du hérisson n’est pas dû au hasard: les scénaristes de la défunte série de Télé-Québec avaient en effet initialement prévu inclure un personnage de cette espèce à l’émission pour y ajouter du piquant. L’érinacéidé avait finalement été coupé à la dernière minute lorsque Claude Legault, pressenti pour jouer le rôle, avait dû annuler brusquement pour se concentrer sur Bouledogue Bazar.

Vu l’aspect tape-à-l’oeil du déguisement, nous sommes rapidement repérés par le public du festival. Impossible d’avoir la paix, même en soupant, alors que des hordes de touristes accosteront le dénommé Divan Viril.

L’erreur est humaine, même si Divan n’est pas maquillé en Tibor.

Sans se presser, on se rend sur les Plaines. Passant laborieusement la fouille, on arrive sur le site pour les deux dernières chansons des Américains Mondo Cozmo. Le choix me semble étrange: pourquoi décider de placer une performance d’un groupe rock étranger et inconnu avant un si bel hommage à notre 7e art local? Pourquoi ne pas plutôt avoir choisi de programmer une réunion spéciale des Bannis, le célèbre groupe de Manolo Laporte-Carpentier, à la place? Qu’à cela ne tienne, je décide de porter attention au spectacle pour finalement me rendre compte qu’il s’agit potentiellement d’un hommage, puisque je n’entendrai que des covers, incluant Bitter Sweet Symphony ou The Last Chance des Rolling Stones; des fois c’est difficile à différencier. Dans tous les cas, la petite portion du spectacle à laquelle j’ai pu assister ne me convainc pas beaucoup: c’est à revoir éventuellement pour une meilleure opinion.

Et le moment que j’attendais avec le plus d’impatience arrive enfin: l’hommage à Cornemuse débute! Mais je ne comprends pas trop ce qui se passe: ce sont quatre hommes qui montent sur scène, alors que l’on sait très bien que Tibor, Kounga, Rafi et Bagou étaient tous interprétés par des actrices!?! On m’apprend finalement à ma plus grande déception qu’il s’agit d’un spectacle du groupe anglais Muse. Je décide d’y assister quand même, triste, mais n’ayant rien de mieux à faire.

Et le groupe n’aide pas vraiment son cas en commençant avec une nouvelle chanson de son passable dernier album Drones ainsi que le single Dig Down, lancé en mai dernier. Sans trop les connaître, alors que je peux chanter presque le reste de la discographie du band par cœur, je tente tout de même de me laisser entraîner, mais sans succès. Je vivrai d’ailleurs la même déception à chaque présentation de nouveau matériel durant le spectacle, et je ne suis pas le seul si je me fie à mes observations.

Toutefois, le vieux stock rentre à merveille, et ce, malgré le décor on ne peut plus simpliste du groupe, normalement habitué à du très grand déploiement. La bande de Matt Bellamy compensera plutôt en multipliant les gadgets électroniques musicaux et les lunettes en LED, filmés notamment par des caméras placées sur les micros des interprètes. Le groupe multiplie aussi les improvisations entre les chansons, y plaçant aussi de courts jam sur Eruption de Van Halen ou Voodoo Child de Jimi Hendrix.

Le plus grand moment de déploiement d’effets spéciaux sera finalement sur Mercy, alors que la chanson pop se verra accompagnée de jets de confettis, de guirlandes et de gros ballons. Petite pause ensuite le temps de préparer le rappel et de retrouver la guitare que Bellamy avait décalissée dans le public un peu plus tôt, et le groupe enchaîne avec Uprising et une finale allongée pour notre plus grand plaisir.

La conclusion est finalement traditionnelle: les notes de Man With a Harmonica d’Ennio Morricone résonnent sur les Plaines d’Abraham avant de laisser place à la très space rock Knights of Cydonia. Une finale à la mesure de ce que le groupe est capable de nous présenter, lorsqu’il ne consacre pas le tiers de son setlist à des chansons passables… Tout de même, le spectacle vient bien conclure cette 50e édition d’un festival mystère qui ne nous aura pas invités officiellement, bien que nous soyons l’un des médias à avoir vu le plus de groupes durant les onze jours de festivités. Toutefois, je crois bien qu’avec l’immense pertinence de mes textes, Feu à volonté obtiendra assurément son accréditation l’an prochain!