Osheaga 2017 – JOUR 3 : L’ivresse de Noé

Publié le 07 août 2017 par Feuavolonte @Feuavolonte

Pour cette troisième d’Osheaga, j’ai finalement repris le laissez-passer d’un ami employé du festival ayant décidé de prendre congé pour la soirée, réussissant ainsi mon défi de rentrer toute la fin de semaine sans payer. C’est donc rempli de fierté que j’amorce ma dernière soirée au seul festival non-officiellement commandité par Instagram au Québec.

Ma soirée commence d’ailleurs un peu sur le tard, alors que j’arrive sur le site, sans même être fouillé ou scanné (!?!) vers 18 h 45. Je m’en vais directement à la Scène des Arbres, question d’aller voir l’Anglais SOHN, qui présente le contenu de son deuxième album en carrière, intitulé Rennen.

Faisant dans la scénographie assez sobre (personne ne bouge), l’artiste, accompagné par trois musiciens, marque surtout par la qualité des compositions bien relaxes et la sono impeccable qui la souligne. Je profite donc de l’occasion pour chiller plus que pour faire de l’écoute active, tout comme la claviériste du band qui regarde son cellulaire à quelques occasions. Une fille au moins aussi peu stressée que bouddha.

Je me dirige ensuite vers le stage Vert, commandité par Sonnet, une compagnie d’assurance habitation. Je trouve important de le préciser vu qu’on est dans un festival s’adressant aux milléniaux, aka la génération qui sera le moins capable de s’acheter une maison ever. S/o à la personne qui n’a pas vu l’ironie.

Sinon, sur le stage, y’a Foxygen qui vient présenter pas mal de chansons de son dernier album. Le chanteur, très mickjaggeresque dans son attitude et sa voix, a un maquillage de Johnny Depp dans Charlie et la chocolaterie et son band a l’air de s’en sacrer. Visiblement bien inspirés par cette apparition, des dudes sur l’acide juste à côté de moi s’en donnent à cœur joie en faisant des chorégraphies que je pensais impossibles à réaliser pour toute personne équipée d’une colonne vertébrale. C’est impressionnant, mais pas assez pour me retenir là.

Et c’est pas non plus parce que le show est mauvais, mais c’est juste que je n’allais manquer Crystal Castles pour rien au monde. Je me pointe sur la scène flottante, remplie à pleine capacité, juste à temps pour le début du show. J’avais assez hâte de voir la nouvelle Alice, qui s’appelle Edith, et je ne suis pas déçu de son intensité. La fille fait des moves assez lascifs sans arrêt, tout en portant un onesie brun très laid et en se versant au moins 6 bouteilles d’eau sur la tête. Elle prend aussi le temps de se remaquiller tout en se pendant avec son micro, une scène étonnante. J’ai, dès lors, un nouveau kick.

Ethan est aussi en forme (lui qui se gâte aux claviers) et le duo est accompagné d’un drummer pour l’occasion. Il ne servira toutefois qu’à temps partiel, parce que plusieurs chansons d’Alice, et principalement celles du premier album, seront remixées en gros EDM sale plutôt qu’interprétées. Le résultat est super efficace, si bien qu’à force de bouncer non-stop, la crowd fait gicler de l’eau entre les dalles du plancher flottant. Le show est honnêtement super réussi et je pousse le fun jusqu’à aller aggraver ma tendinite dans le moshpit sur Concrete. Un move intelligent qui me fera encore mal pendant un bon bout de temps.

Je quitte malheureusement un peu avant la fin pour aller voir un autre band assez weird: Die Antwoord. Encore plus dancehall que dans le passé depuis la parution du très (trop) mal-aimé Mount Ninji and da Nice Time Kid, le band s’est permis pour mieux bouncer un réaménagement complet de la Scène de la Vallée. On peut donc voir Ninja et Yolandi se promener sur une structure à plusieurs paliers, au sommet de laquelle trône God. Accompagné de danseuses et de projections parfois très laides, le trio est solide dans ses interprétations et peut se permettre un setlist composé à 100 % de gros hits. C’est une performance que j’aurais aussi aimé voir sur la Scène de l’Île, juste pour me mouiller encore plus durant la soirée. Qu’est-ce que vous voulez, je commençais à peine à m’y habituer, à la pluie, moi!

Le temps de me revirer de bord après un beau rappel, et les gars de Death From Above 1979 sont déjà prêts à commencer la grande messe dance-punk qui conclura mon Osheaga. Oui, je n’irai en effet pas voir The Weeknd, un gars dont le seul show que j’ai aimé dans toute sa carrière est celui qu’il a présenté à Québec le 31 mai dernier. DFA est plus dans ma palette de goûts et sait bien aller chercher son public (bien qu’un peu maigre).

Enchaînant plein de grosses tracks, les gars semblent avoir du fun entre des interventions un peu weird sur le blanchiment annal… Si les chansons jouées à la basse (parce que pourquoi avoir une guit quand tu peux sonner encore plus bad-ass?) sont particulièrement frappantes, les moments de Jesee Keeler au clavier tombent toutefois un peu à plat. Reste que le duo est efficace et termine de belle façon le volet musical du festival.

Parce qu’il reste quand même le volet «aller dans le VIP même si t’as pas le droit» qui n’est jamais à sous-estimer. S/o à la fille de la sécurité que je connais pas qui dit m’avoir reconnu en me laissant entrer.

Pourquoi vouloir à tout prix aller dans le VIP d’ailleurs, me demanderez-vous? Et bien clairement pas pour la DJ, qui semble trouver qu’un quota d’une apparition de Drake aux quatre tounes est un ratio acceptable. Non, c’est plus que la bière est 4 $ au lieu de 9 $ et que la bouffe y est acceptable. Ma soirée se finira donc tardivement dans cette section, question de bien profiter de mes privilèges usurpés.

Qu’est-ce que je vais donc retenir de cette édition 2017 d’Osheaga? Que ce festival que je boycottais activement depuis déjà 6 ans m’a fait vivre 100 % des raisons pour lesquelles je le boycottais: la surmarchandisation de l’industrie musical, la pire crowd de l’histoire et des prix excessivement élevés juste par que les gens sont trop cons pour s’en offusquer plus qu’il le faut. Que le volet musical reste malheureusement très fort en contrepartie. Que si le simple port de sous-vêtements et le monokini sont proscrits en société, et surtout à Valcartier, ils semblent être ben chills près de la station Jean-Drapeau au moins une fois par année. C’est plein de beaux souvenirs tout ça!

Top 5 des meilleurs shows de la fin de semaine :

5. Broken Social Scene

4. Crystal Castles

3. Justice

2. Car Seat Headrest

1. Father John Misty