MUTEK Montréal prenait hier l’envol de son édition 2017. Le festival, à plusieurs volets internationaux, a tout de même l’habitude d’offrir des éditions canadiennes particulièrement impressionnantes et de réunir des publics variés devant des œuvres avant-gardistes. Justement, l’événement d’ouverture, surnommé Mechanical Mitosis, accueillait hier le génial Max Cooper et Emergence, son dernier bébé.
Ma soirée commence vers 21h, lorsqu’en récupérant ma passe presse, je me rends compte que c’est cette photo qui est utilisée pour me représenter. Merci Élise…
Un air respectable / Elliott Ktn’
C’est donc l’air particulièrement sérieux et professionnel que je me présente à la SAT. Étonnement dès le départ : pas de fouille avant l’entrée. Je suis soulagé parce que j’avais encore mes outils de la gig de La Voix dans mon sac et c’est rare que les dudes avec 2 exactos, des cutters et un marteau sont bien accueillis dans des shows normalement… J’entre donc directement dans l’antre de la basse, peu après le début du set de Timbre.
Markus Heckman de Timbre / Bruno Destombes
Preuve de la sensibilité des programmateurs : c’est à des Canadiens que revient la tâche d’ouvrir le volet montréalais du festival. Une belle attention. Pour ceux qui ne connaissent pas le projet (genre moi avant hier), Timbre est un trio audiovisuel de Toronto. Formé des deux frères Thibideau, qui ont plusieurs projets différents sous la cravate, et de l’Allemand d’origine Markus Heckman, qui gère les visuels, la formation fait dans la techno minimale avec un petit côté dub et des visuels de mapping abstraits. Assez calmes, les gars présentent leur projet sans embûches, devant une crowd à ce moment un peu éparse, mais participative.
Le public se mobilisera en effet pas mal plus à partir de 23h, à l’arrivée sur scène de l’Irlandais Max Cooper. DJ déjà internationalement reconnu, Cooper repousse néanmoins toujours les limites de l’art du djing encore aujourd’hui. Son dernier projet, Emergence, a pris trois ans à mettre sur pied. Il y parle de la création de l’univers et de la vie, tout en concluant sur des théories d’un futur dystopique et ultra-technologique. Pour l’assister, parce que la musique instrumentale c’est ben abstrait sur le narratif par bout (on s’entend), il fait appel à des visuels particulièrement impressionnants qui apportent énormément de vie et de mouvement à la performance, au point où l’on passe presque plus de temps à regarder la scène qu’à danser.
Max Cooper fait face à une bonne foule. / Bruno Destombes
Ce n’est pas la seule contradiction théorique avec laquelle Cooper jouera ce soir : il s’amusera aussi régulièrement à empiler des layers musicaux qui ne marchent pas trop ensemble à première vue, mais qui fonctionnent miraculeusement sous ses mains. Mêlant régulièrement des trames d’inspiration néoclassique au glitch qu’il maîtrise si bien, le DJ réussit à nous garder en haleine de façon bien convaincante. Je ressors de la salle avant la fin, vaincu par la chaleur et l’humidité excessive des lieux, mais convaincu d’avoir vu une œuvre réellement grandiose. Belle façon de commencer ce festival de cinq jours.